Dans notre parution N°3202 du 04 août 2020, nous avons alerté sur la nouvelle flambée des cas confirmés de contaminations à la Covid-19. De juin à juillet 2020, le nombre de contaminations est passé de 216 à 291. Et pour les 15 premiers jours d’août, le compteur marque 189 nouvelles contaminations. Les décès augmentent aussi. Mais ce qui fait craindre le pire, c’est la multiplication des cas au sein des professionnels de la santé au Togo.
Une situation préoccupante
Dans une note aux Directeurs régionaux de la Santé, le Secrétaire Général du ministère de la Santé et de l’Hygiène publique alerte sur la propagation galopante de l’épidémie de Covid-19, avec plus d’une dizaine de cas en moyenne tous les jours. « Afin d’inciter la population à prendre plus conscience de cette épidémie, je voudrais demander à tous ceux qui interviennent sur les médias d’adopter une communication plus offensive axée sur la régularité des décès liés à la COVID-19 constatés ces derniers jours. Ceci va permettre d’aider à plus d’éveil de la conscience pour susciter davantage le respect des mesures barrières contre cette épidémie de COVID-19. A défaut de ces dispositions pratiques, nous risquons d’assister à court-terme à une flambée foudroyante des cas de décès liés à la Covid-19 dans le pays », prévient la note.
Le ministère de la Santé n’est pas le seul à s’alarmer de la situation. Dans une rencontre organisée vendredi dernier, le Syndicat national des praticiens hospitaliers du Togo (Synphot) a exprimé ses préoccupations devant la contamination croissante des personnels de santé et a appelé à agir contre la recrudescence de cette pandémie, notamment une meilleure protection des agents de santé sur les lieux de travail. Un appel a été lancé au gouvernement dans ce sens, pour une fourniture effective et régulière des centres de santé en matériels de protection. « Nous demandons à l’Etat de faire plus d’efforts pour que les matériels de protection arrivent à temps dans les hôpitaux. Nous pensons aussi qu’à ce stade de l’épidémie, on puisse renforcer le personnel de santé parce que si l’épidémie venait à exploser, on aura beaucoup plus de sollicitations », a déclaré Soulima Niwa, Secrétaire général adjoint du Synphot.
On est donc loin du temps de « gloire » où Prof. Majesté Ihou-Watéba, personne responsable de la prise en charge des patients atteints de Covid-19 affirmait que les médecins togolais étaient mieux lotis que leurs confrères français en terme de protection contre la Covid-19. «Nous, médecins et infirmiers togolais, nous sommes mieux protégés que les Français. Nous avons les meilleures combinaisons pour se protéger. C’est maintenant qu’ils sont en train d’acheter les combinaisons que nous avons depuis le début. Quand vous voyez leurs combinaisons, ils n’ont que des maques et des sur blouses. C’est pour ça que plein de gens s’infectent en France. Ça fait un mois et demi que nous sommes dans cette histoire et personne ne s’est infectée parmi nous», s’est-il félicité. C’était en avril 2020.
Le Togo aurait-il épuisé son stock de matériels de protection tant vanté pour que l’on en arrive à une soixantaine de contaminations au sein des soignants ? Si le matériel est si abondant au Togo, pourquoi le Synphot en réclame-t-il encore ? Tout compte fait, le danger est bien réel.
Le danger d’une crise sanitaire plus profonde
59 médecins et infirmiers contaminés, cela représente 5% des cas de contaminations au Togo. C’est un chiffre a priori infime, mais qui, dans un pays où 5 soignants s’occupent de 10 mille habitants, dénote une situation alarmante. Avec la soixantaine de soignants contaminés, c’est plus de 500 mille Togolais qui sont privés d’assistance en cas de maladie.
Il est donc impératif que le gouvernement réponde à l’appel du Synphot pour assurer une meilleure protection de ceux-là qui sont en contact permanent avec les malades. La nécessité est d’autant plus urgente que si cette tendance se poursuit, certains services risquent de se retrouver avec des effectifs réduits. Ce qui va obligatoirement influencer leurs performances alors que la demande sera en hausse. Aussi bien ceux qui souffrent de la Covid-19 que les personnes atteintes d’autres pathologies pourraient avoir des difficultés à se faire prendre en charge. Des hôpitaux vides de leurs personnels, cela donnerait une autre ampleur, difficile à maîtriser, à la crise sanitaire liée au coronavirus.
G.A.
Source : Liberté
Source : 27Avril.com