En décembre 2019, un fait a retenu l’attention des Togolais, tant dans la localité où il s’est produit que dans la capitale. En pays Bassar, plus précisément à Bangeli, la disparition d’un bébé a occasionné un conflit entre les autochtones et la communauté Adja installée dans le milieu depuis plusieurs décennies. D’après les autochtones, la disparition du nourrisson serait l’œuvre du sieur Akla, un riche homme d’affaires et leader de la communauté Adja. Les informations font état d’une résurgence de ces violences à caractère communautaire.
Selon les informations, une centaine de personnes, en majorité des jeunes soupçonnés d’avoir participé aux actes de violences et de destruction de biens privés, sont l’objet d’une « traque » de la part des forces de sécurité. En début de semaine dernière, sept jeunes ont été arrêtés et déposés à la prison civile de Bassar. « Ils sont environ soixante dix (70) sur la liste et la semaine dernière une partie a été arrêtée. Quand le CB les a entendus, ils ont été déférés à la prison. Les autres aussi vont être convoqués parce qu’on les appelle par vague de 10 ou 12. Ils n’ont même pas eu la chance d’être assistés par un avocat. Sur les personnes envoyées en détention, il y en a qui n’étaient même pas dans la localité lors des événements », explique une source proche du dossier.
Ces arrestations, si nous en parlons, c’est parce qu’elles semblent vouloir susciter de nouvelles vagues de violences à Bangeli, Kabou et les autres localités de la préfecture de Bassar ainsi que dans le Dankpen, comme ce fut le cas en décembre 2019. Et pour cause, les populations s’indignent du fait que depuis le 28 novembre 2019, jour de la disparition du nourrisson, aucune information n’a filtré sur les auteurs. Au contraire, les jeunes soupçonnés d’avoir pris part aux actes de destruction sont poursuivis. « Depuis cette disparition, les autorités sécuritaires n’ont rien fait pour rassurer les populations. Elles ne posent pas des actes qui rassurent que les enfants ne seront plus victimes d’un pareil drame. Nous ne savons même pas si une enquête a été ouverte. La seule chose dont nous sommes sûrs, c’est que nos petits frères sont poursuivis parce qu’on veut satisfaire quelqu’un. Nous avons l’impression que les efforts sont plus déployés à arrêter ceux qui ont détruit les biens privés que pour apporter la lumière à la population sur la disparition du nourrisson », se désole un fils de la localité.
Ce qui dérange encore ceux qui sont peinés de voir leurs frères en prison alors que l’événement à l’origine de leur réaction n’est pas élucidé, c’est le mutisme des cadres des préfectures de Bassar et de Dankpen. Ils estiment que les cadres ressortissants du milieu devraient s’organiser pour faire jaillir la vérité dans ce dossier. Ceci pour rassurer les parents du bébé disparu ainsi que toute la population, et dans le même temps, assurer la sécurité de la communauté Adja. « Depuis cette affaire, le clivage entre les deux communautés est manifeste. Nous en appelons à la justice parce que si les auteurs de l’enlèvement de l’enfant sont identifiés et jugés, la communauté Adja sera protégée du fait que les populations vont avoir l’assurance d’être en sécurité. Quand la justice va bien, les gens se sentent en sécurité. Nous ne disons pas que tous les Adja sont impliqués dans les crimes rituels, mais ceux d’entre eux qui le font doivent être tenus responsables de leurs actes. Ce n’est que de cette façon que les populations autochtones vont se sentir à l’abri et ne seront pas méfiantes envers les Adja», explique notre source.
Selon les informations, le silence des cadres dans cette affaire est considéré comme un acte de complicité avec la communauté Adja. Ce qui renforce malheureusement la conviction de ceux qui estiment que les populations doivent se défendre. Des comités de défense ont même été formés dans ce sens. Et avec les arrestations, il faut craindre le pire.
Pour rappel, en décembre 2019, Bassar et Dankpen ont connu des violences des populations autochtones envers les Adja. Les dégâts occasionnés par la destruction des boutiques et des domiciles peuvent s’évaluer à plusieurs centaines de millions francs CFA. De nombreux Adja avaient fui les localités, abandonnant leurs biens.
G.A.
Source : Liberté
Source : 27Avril.com