Togo: comprendre en quelques points la situation socio-politique [Reportage]

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Au Togo, après la mobilisation de ces dernières semaines contre le gouvernement, l’opposition avait appelé à de nouvelles manifestations dans les prochains jours.

Mais la coalition prévoit désormais plutôt un mouvement ville morte pour continuer d’exiger des réformes politiques et la fin du régime Gnassingbé.

Par ailleurs, des détails sur les tactiques de répression du gouvernement émergent.

C’est un inventaire sordide, fait de plaies, de bosses et de points de sutures.

Sur le bras gauche, Leonard a une plaie si large que le bandage qui l’entoure court presque de l’épaule jusqu’ au coude.

Sur la table devant lui, sont alignées des photographies du jour de l’attaque.

On y voit un homme en sang.

J’ai eu très peur, j’ai eu très peur. J’ai cru que j’allais mourir ce jour-là, que c’était fini. Mais grâce à Dieu, je suis toujours vivant

Lucien, Manifestant

Ce manifestant des 6 et 7 septembre ne s’appelle pas Leonard.

« J’ai eu très peur, j’ai eu très peur. J’ai cru que j’allais mourir ce jour-là, que c’était fini. Mais grâce à Dieu, je suis toujours vivant »

Mais il vit dans la peur depuis la nuit du 7.

Ce jour-là il a participé à une marche de l’opposition. Il affirme que des membres des forces de sécurité l’ont agresse alors qu’il rentrait chez lui.
« De retour dans mon quartier, j’ai remarqué des membres des forces de sécurité dans ma rue, une dizaine à peu près. J’avais encore du talc sur le visage pour me protéger des gaz lacrymogènes, et ils sont compris que je revenais de la manifestation. Ils se sont rues sur moi, et ont commencé à me rouer de coups. J’ai eu beau crier, personne n’est venu m’aider. »

Leonard se défend d’avoir provoqué les forces de l’ordre.

Il dit avoir simplement manifeste comme des milliers d’autres contre le régime de la famille Gnassingbé, au pouvoir depuis 50 ans.

Un de ses cousins, celui qui l’a emmené à l’hôpital le jour suivant, avance que ce quartier de Lomé, acquis a l’opposition, est ciblé par les forces de l’ordre pour des expéditions punitives.

Faure Gnassingbé est président depuis 12 ans.

Avant lui, son père avait règne pendant 38 ans.

Selon les défenseurs des droits humains, le régime doit sa longévité à la répression et à l’intimidation.

« On rentre dans les maisons, on casse les devantures des maisons on rentre dans les maisons et on frappe tout le monde. Il n’y a pas la liberté. On vous dit parlez. Vous parlez, on vous frappe, donc ce n’est pas la liberté », Hihédéva Clumson-Eklu, Président de l’Association Togolaise des Droits humains

« On rentre dans les maisons, on casse les devantures des maisons on rentre dans les maisons et on frappe tout le monde. Il n’y a pas la liberté. On vous dit parlez. Vous parlez, on vous frappe, donc ce n’est pas la liberté », explique-t-il.

Des manifestations de masse ont été lancées, il y a un peu plus d’un mois.

Des dizaines de personnes ont été blessées ou arrêtées.

Au moins cinq sont mortes.

Mais le régime tient bon, et nie toute forme de répression.

Gilbert Bawara, ministre de la fonction publique, estime qu’il n’y a pas de répression au Togo.

« Le Togo a choisi d’être une démocratie et un état de droit. Les populations doivent pouvoir s’exprimer y compris en se rassemblant, y compris en manifestant. Il n’y a pas de restriction des libertés encore moins de répression sanglante. Au contraire », Gilbert Bawara, Ministre de la fonction publique

Tout cela, Leonard n’y croit pas. Il dit qu’il a déjà vu trop de choses.

« J’en ai vu trop, trop. Des gens sur qui on tire dessus, ou qu’on jette dans la lagune. Lors de la dernière manifestation j’ai vu des gens se faire frapper, et à l’hôpital j’ai rencontré une femme qu’on avait passé à tabac et un manifestant qui avait perdu un œil. »

Encore convalescent, ce manifestant ne se joindra pas aux prochains rassemblements.

Mais il promet que dès qu’il sera sur pied, il manifestera encore et encore, jusqu’à obtenir un vrai changement au Togo.

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