Peu importe la coloration politique des maires à la tête des communes, mais du moment que la gestion est à décrier, on ne doit plus faire économie des mots. Le ministre Payadowa Boukpessi doit se départir de sa position partiale, partisane et partielle pour s’attaquer véritablement aux maires qui plongent leurs communes dans l’incertitude, tout en bémolisant ses ardeurs lorsque d’autres mettent le respect de l’histoire au-devant de certaines de leurs actions. Cas des communes Golfe 4 et 5.
Bien que ces deux communes se suivent, leurs gestions sont aux antipodes. Comment aurait réagi le ministre de l’Administration territoriale, de la décentralisation et du développement des territoires si l’adressage de certaines rues avait été l’œuvre d’un maire issu du parti au pouvoir ?
Bien que la mairie du Golfe 4 ne soit pas une abonnée aux bourdes de gestion, il a suffi d’une initiative du conseil municipal de cette commune pour qu’on voie le ministre abandonner ses prérogatives essentielles et débouter le représentant communal à travers des courriers.
Or, l’initiative d’un nouvel adressage de certaines rues relève des prérogatives de la commune. Et c’est sur cette base que Jean-Pierre Fabre et son conseil ont trouvé plus « historique » de renommer des rues avec des noms qui ont une relation avec l’histoire et la culture du Togo. Sauf que cette initiative émane d’un maire qui n’est pas du même bord politique que le pouvoir.
Le ministre Boukpessi a vite fait d’envoyer un courrier humiliant en apparence, en réponse à l’adressage initié. Et le préfet du Golfe a suivi le chemin tracé par son supérieur hiérarchique. Une fin de non-recevoir est envoyée, non pas au seul maire, mais à toute la population de la commune du Golfe 4. Or, il se trouve que les textes consacrent, contrairement à ce qu’a écrit le ministre, la commune dans l’adressage des rues. On peut à la rigueur reprocher au maire de n’avoir pas informé à l’avance le ministre. Mais aucun texte n’indique de prévenir le ministre.
Payadowa Boukpessi a fait montre d’une célérité qu’il a rarement affichée. Puisque depuis des mois, il y a une autre commune dans laquelle les incongruités et les gaffes se succèdent sans que le ministre de tutelle veuille lever le petit doigt. C’est à croire qu’il serait atteint de surdité lorsqu’il s’agit de la commune du Golfe 5. Il est vrai que nous avons été menacés avec des mots à peine voilés du maire de ladite commune, mais le patriotisme nous commande de braver cette menace. Car il y va de la gestion saine des finances communales.
Succession de violations
Une première gaffe peut être qualifiée d’erreur. Mais une seconde doit être appelée faute et sévèrement réprimée. Le 29 décembre 2021, Kossi Aboka a adressé un courrier au ministre Boukpessi contestant la régularité de l’élection du 23 décembre 2021 et demandé son annulation. «Considérant les dispositions de l’article 108 de la loi sur la décentralisation, il n’est nulle part mentionné que le Secrétaire Général, sur la demande de quelques conseillers, peut destituer un président d’une commission permanente ou présider à son élection et placer un autre. A l’analyse du contexte de l’élection présidée par le Secrétaire Général, il est sans doute clair que le maire, en complicité avec le SG, voulait faire tomber certains esprits avertis cherchant à voir dans leurs gestions opaques… », écrit le maire du Golfe 5.
Dans une note d’interpellation adressée au maire le 11 octobre 2021, des conseillers municipaux ont dénoncé la gestion des affaires de ladite commune qui occasionne un dysfonctionnement total du conseil comme « des contrats et marchés gré à gré attribués à des sociétés sans respecter les étapes de passation de marché, conformément aux dispositions de l’ARMP ; les décisions prises sans l’aval du conseil ; le mépris des avis des commissions permanentes et des recommandations du conseil ; l’attribution de la gestion des places et marchés à la société « Lampe et lumière » et ses conséquences ; autant de choses pour lesquelles les populations locales s’interrogent et dont vous seul avez les réponses ». Curieusement, le ministre n’a pas réagi.
Et pourtant, c’est le même ministre qui, dans le Bas-Mono, écrivait le 15 décembre 2021 au maire de cette commune : « Je vous rappelle que l’affermage de vos marchés doit répondre aux deux conditions préalables liées à l’étude desdits marchés conformément à l’article 19 de la loi n°2008-007 du 11 juin 2008 relative aux modes de gestion des services publics locaux en vue d’évaluer sa rentabilité d’une part, et à la procédure d’appel à concurrence pour choisir le meilleur prestataire conformément aux textes en vigueur d’autre part ». Dans le Bas-Mono1, le ministre a instruit de choisir un seul marché à titre d’expérience. Combien de marché a-t-il recommandé à « son ami Aboka du Golfe 5 » ? Le maire du Golfe 5 lui a-t-il dressé un rapport avant de multiplier l’affermage qui n’a d’autre but que d’enrichir la directrice de Lampe et lumière ?
Qui de Fabre et d’Aboka est plus à blâmer ?
Cette question fait sens ; on compare deux choses comparables. Aboka et Fabre sont maires, ils gèrent les affaires communales. Pendant que l’un prend des initiatives allant dans le sens de la reconnaissance envers le passé du Togo, l’autre cherche à enrichir une personne, sinon une société aux dépens de la commune et en violant les textes.
C’est le lieu de faire un clin d’œil à Faure Gnassingbé qui demeure, malgré tout, chef de tout le Togo afin qu’il regarde de plus près les actes que posent certains maires de son parti contre les populations, et certains de ses ministres qui laissent la proie pour l’ombre.
Un maire, ça rassure les citoyens ; ça ne terrorise pas ; ça ne détruit pas les étals des commerçantes qui contribuent aux taxes des communes.
Une réunion houleuse en membres du parti Unir
Le Secrétaire Exécutif du parti UNIR, Atchole Aklesso et la députée Ibrahima Méimounatou seraient-ils les protecteurs du maire de Golfe 5 ? Il nous revient que suite aux scandales à répétition auxquels le maire soumet le parti, une réunion aurait été convoquée. Les critiques furent acerbes et il aurait été demandé au maire de s’expliquer sur les remous qui secouent la commune. Mais en guise de réponse, celui-ci aurait exigé la présence des deux membres cités plus haut avant de se prononcer. Une situation qui aurait courroucé plus d’un. C’est dire qu’au sein même des membres, il y en a qui n’épousent pas les pratiques d’une autre époque du maire. De là à déduire que le Secrétaire général du parti et la députée seraient les soutiens fervents du maire, il n’y a qu’un pas qu’on a vite fait de franchir. Pour combien de temps encore la situation de violations des textes perdurera-t-elle dans cette commune qui, malgré les marchés gré à gré, se retrouve aujourd’hui en situation de défaut de paiement du fait des caisses vides ?
Godson K.
Source: Liberté / libertetogo.info
Source : 27Avril.com