Togo / Commune Golfe 7 et compte administratif 2020 : Des dépenses de fonctionnement ont dépassé les recettes de 369%

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Aimé Koffi Djikounou maire du Golfe 7

Que se passerait-il si toutes les communes devraient présenter des comptes administratifs dont les dépenses crèvent le plafond pour des recettes réalisées presqu’au quart des dépenses ? Cette anomalie est le résultat de l’état de la gestion de la commune Golfe 7. Une mairie qui fonctionne au-dessus de ses moyens propres.

L’information a été relayée dans les médias, et la riposte n’a point tardé. Lundi, des conseillers municipaux ont jugé décent de se présenter devant la presse pour éclairer la religion des uns et des autres. « Le maire devrait être félicité. Au moins il a eu le courage d’aller puiser dans la caisse de l’Etat qu’est le trésor public ; il a justifié toutes les dépenses qui ont été faites au cours de l’exercice 2020. Le maire n’a détourné aucun franc…Un déficit budgétaire n’est pas synonyme de détournement de fonds », a déclaré Gérard Adja, un des conseillers.

Cet argumentaire tient lorsque le maire est accusé de détournement. Mais quid pour ceux qui axent les accusations sur une mauvaise gestion des fonds publics par le maire et une déni de l’orthodoxie financière et budgétaire? On parle d’un dépassement de 732.225.346 FCFA.

Nous avons joint le maire lundi 14 juin 2021 pour obtenir copie du rapport du compte administratif et comprendre les raison qui ont concouru à ce déficit. En guise de réponse, il a laissé entendre que « rien que des affabulations ; il y a une cellule de contrôle qui a assisté à la séance lors du compte administratif ». Il n’a pas jugé utile de mettre à notre disposition le rapport. Mais nous avons quand même réussi à mettre la main dessus. Et ce que nous y avons découvert n’est pas digne d’une simple commune. Si toutes les 117 communes devraient agir comme ça s’est fait au Golfe 7, on se demande ce qu’adviendrait des finances du pays.

Dans le compte administratif, il y a la rubrique « Fonctionnement » et celle dite d’« Investissements ». En début d’exercice 2020, il y avait eu des prévisions. C’est ainsi qu’on a découvert que les prévisions pour les recettes de fonctionnement étaient de 1.596.503.163 FCFA ; pour les investissements, elles étaient prévues pour atteindre 746.906.820 FCFA. Du côté des dépenses à ces postes respectifs, on trouvait les mêmes chiffres, ce qui équilibrait le budget de la commune du Golfe 7.

Mais c’est après exécution que les incongruités sont apparues. Ainsi, contre des recettes prévisionnelles de fonctionnement de 1,596 milliard, la commune n’a récolté que 374.426.789 FCFA. Pour les recettes d’investissements, elles ont atteint 735.555.810 FCFA. Presque ce qui était prévu.

Par contre, ce sont les dépenses de fonctionnement qui font hérisser les cheveux sur la tête. Comment une commune peut-elle s’autoriser des dépenses de 1.383.285.847 FCFA alors qu’elle n’a réalisé que 374.426.789 FCFA de recettes ? Soit 27% des dépenses. Pris dans l’autre sens, les dépenses de fonctionnement de la commune ont dépassé les recettes de 369%.

Curieusement, les dépenses d’investissement qui sont les plus visibles n’ont été engagées qu’à hauteur de 458.922.098 FCFA, soit à hauteur de 62% des recettes effectives.

Comment un budget de fonctionnement peut-il être dépassé à ce point ? Les 18 autres membres du conseil municipal étaient-ils informés d’une pareille gestion ? Les informations qui nous sont parvenues font état de ce que, hormis le maire, 8 des 18 conseillers auraient voté contre ce rapport budgétaire et qu’un autre se serait abstenu. Mais 9 membres ont adoubé le rapport.

Comment les dépenses ont-ils été effectuées pour qu’on en arrive là ? Il nous revient que le 1er et le 2ème adjoint au maire seraient montés au créneau pour parler de gestion opaque et unilatérale, sans concertation avec les autres membres plus regardants dans les comptes de la commune.

Dans une commune, ce sont les œuvres qui parlent et attestent des voies que prennent les fonds du contribuable. Si mêmes les investissements n’ont été réalisés qu’à hauteur de 62%, il est loisible de constater de visu ce qui a été fait. Mais dans le cas des dépenses de fonctionnement, l’abstrait risque de prendre le pas sur le concret. Au grand dam des administrés. On aurait été confronté à des dépenses d’investissements ayant crevé le plafond qu’on pourrait encore comprendre.

Lors de la conférence de presse de lundi, Gérard Adja a dénoncé le fait que des langues accusent le maire de rouler sur les fonds de la commune. On aurait aimé qu’il démontre comment un maire peut se permettre de fouler aux pieds le budget voté et se permettre pareil dépassement. Si ce n’est pas un déni des avis des autres membres, ça y ressemble fortement. Et c’est dangereux pour la suite de la trésorerie de la commune.

Godson K.

Source : Liberté

Source : 27Avril.com