Depuis le vendredi 23 février 2018, le peuple togolais qui avait repris espoir depuis l’ouverture du dialogue inter-togolais le 19 février dernier, a replongé dans un marasme total après le compte-rendu et le communiqué laconique de l’ambassadeur Daniel Oseï a fourni à la presse. Selon le communiqué le dialogue est suspendu et reprendra à une date ultérieure. Ce n’est que dans le courant du week-end que des indiscrétions précisaient que la reprise était fixée pour dans deux (02) semaines le temps que le président ghanéen Nana Akufo Addo facilitateur, débute et finisse une tournée en Amérique et en Europe.
Les manœuvres du pouvoir pour saboter le dialogue
Faure Gnassingbé, depuis le déclenchement de la crise dans sa version actuelle par les marches synchronisées du PNP (Parti National Panafricain) de Tikpi Atchadam, et tout l’appareil du RPT/UNIR ont mis en branle un plan machiavélique pour faire échouer les négociations. Comme les observateurs le décrivent toujours, le pouvoir plus que cinquantenaire qui nous dirige ne veut en aucun cas partir et donner ainsi une chance à l’alternance au Togo. Pressé de toute part par la communauté internationale et sous les coups de boutoir des manifestants dans les rues de Lomé, de l’intérieur et de la diaspora, Faure Gnassingbé a lâché du lest en appelant la coalition des 14 partis politiques au dialogue. Mais au même moment que le président togolais appelait au dialogue, des décisions sont prises pour le torpillage systématique du dialogue.
C’est ainsi que sans même connaître l’ordre du jour, la date ou le cadre du dialogue, le conseiller aux Relations Extérieures du président Christian Trimua annonçait avec véhémence et fortes menaces que le dialogue ne pourrait discuter de la participation ou non du Chef de l’État actuel aux prochaines élections présidentielles de 2020. Avant cela, ce sont les ténors et les militants du parti Union pour la République qui ne cessent de crier sur tous les toits que le président n’a qu’à faire appel au peuple pour l’organisation du référendum devant aboutir à l’adoption des maigres réformes concédées par le pouvoir dans la loi modifiant la constitution.
Non contents d’organiser toutes ces manœuvres pour empêcher la tenue du dialogue, le pouvoir se lance dans la préparation des prochaines échéances électorales sans la participation des membres de l’opposition au sein de la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI), ce qu’il faut admettre contredit fortement la nature consensuelle de l’organisation des élections prônée par le code électoral. Après toutes ces manœuvres qui n’ont pour seul but que d’amener l’opposition à refuser à participer aux travaux du dialogue, le président Faure et ses sbires ont, depuis un certain temps, commencé à agiter l’épouvantail que constitue l’armée devant les yeux ébahis des togolais. Ainsi, certains hommes politiques, certains journalistes et certains responsables de certaines organisations de la société civile (OSC) ont commencé par demander de façon intempestive la participation de l’armée au dialogue. Pour eux, toutes les décisions prises par les délégués au dialogue sans l’assentiment des officiers supérieures de l’armée ne pourront pas être mis en œuvre.
Comme si l’armée aurait vocation à se mêler des affaires politiques. Mais comme l’armée togolaise est une armée politique, non-républicaine et affairiste, il ne surprend personne que ces demandes fallacieuses seraient mises dans les bouches de certaines pour préparer d’ores et déjà le peuple à l’échec du dialogue parce que l’armée n’ayant pas pris part aux discussions. C’est cette même armée que le président Faure évoque au cours des sommets avec ses pairs de la sous-région pour exiger sa présence obligatoire lors des élections présidentielles de 2020. C’est ainsi que de sources concordantes, il nous revient que Faure Gnassingbé martèle que l’armée n’acceptera jamais qu’il ne soit pas parmi les candidats aux élections présidentielles prochaines. Cela démontre, s’il en était encore besoin, que le président Faure Gnassingbé n’est qu’une « marionnette » dont les fils sont actionnés par des généraux tapis dans l’ombre au niveau de l’État-major général des FAT.
Les déclarations belliqueuses militaro-ethnico-religieuses
Depuis le début du dialogue inter-togolais, un refrain a commencé par sortir de la bouche des tenants de l’ordre ancien à savoir que si Faure Gnassingbé n’est pas présent aux élections présidentielles de 2020, le pays peut faire l’objet d’un embrasement général et que la guerre civile ne sera pas loin de la nation togolaise. Il faut ne pas se tromper car, depuis « la nuit des temps » c’est-à-dire depuis que feu Gnassingbé Eyadema a pris le pouvoir, cet épouvantail de guerre civile a toujours été agité devant le peuple pour lui faire peur.
En plus de cela, depuis un certain temps, les problèmes politiques sont ramenés à une affaire ethnico-religieuse. Ce qui est une erreur fondamentale. Depuis longtemps, les ethnies ont toujours vécues en harmonie, en parfaite entente. Au Togo, les religions ont toujours cohabitées sans heurt et dans une parfaite symbiose. Point n’est besoin de déclencher des guerres qui au final ne serviront qu’à détruire un peu plus le tissu social.
Depuis également le gouvernement ne cesse d’assimiler le PNP a un parti politique de Djihadistes. Ce qui en réalité est faux. Faure Gnassingbé doit plutôt écouter le peuple et prendre des décisions pleines de bons sens et de raisons politiques.
Frédéric Djeguema
Source : Le Perroquet
27Avril.com