Togo : Comme Boko, Kounté, Pédro…Zeus Aziadouvo, le courage républicain

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Nombreux sont ces Togolais qui, une fois aux affaires, se dépêchent de se débarrasser de leurs principes moraux qu’ils ont toujours prônés en se confondant aux conditions peu honorables qui prévalent dans leur nouvelle atmosphère et qu’ils ont toujours pourtant dénoncées eux-mêmes. En réalité, ils se laissent totalement absorber par la recherche du gain, des privilèges, de l’honneur et sont souvent hantés par la perte de leurs nouvelles conditions. Zeus Aziadouvo, autrefois Directeur de Publication du journal Liberté et qui a rejoint la HAAC depuis six mois, fait autrement.

Jamais un membre de la Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication n’a eu son réflexe : saisir les institutions de la République et prendre le peuple à témoin d’une situation d’injustice. Ce réflexe, il l’a eu lundi dernier en écrivant à la Cour Suprême sur la fermeture des médias LCF et City Fm, par une décision attribuée à la HAAC mais dans laquelle plusieurs membres ne se reconnaissent visiblement pas.

« Quand on refuse, on dit non », recommande Ahmadou Kourouma, dans le titre d’un de ses ouvrages. Et la semaine dernière, le président du Comité Presse écrite de la HAAC a su dire un retentissant NON, alors que dans les mêmes conditions, bien d’autres auraient pu se taire, de peur de fâcher un tel.

Autant la fermeture de LCF et City Fm dans les conditions qu’on sait repose la question de la nécessité de réformer les institutions de la République, autant la réaction de Zeus Aziadouvo rassure que tout n’est pas perdu dans ce pays où finalement, beaucoup ne jurent désormais que par leur ventre. On peut être à la HAAC, mais ne pas se soumettre à tous les diktats, c’est la leçon qu’il faut tirer de sa réaction. On peut être membre de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) et tenir tête aux fraudeurs, refuser d’être complices des manipulations tendancieuses, nous avait démontré Pedro Amuzun en avril 2015.

En 2012, le juge Koffi Kounté, président de la Commission nationale des Droits de l’Homme (CNDH), nous faisait la même leçon qu’on n’est pas obligé de se taire face à une injustice sous prétexte qu’on a peur ou qu’on est à un poste sensible. En mai 2005, un officier de l’armée togolaise, ministre de l’Intérieur de l’époque, François Boko voyant venir les massacres, ne s’est pas contenté de se taire afin de garder ses privilèges. Malgré la tension et les risques pour sa vie, il a pris le monde entier à témoin et suggéré une voie qui devrait garantir une alternance paisible au Togo.

Après tous ces exemples, ceux qui évoquent le peur ou d’autres facteurs pour justifier leur inaction face à l’injustice alors même qu’ils sont en position de réagir ne sont plus excusables. Il est vrai que beaucoup, par pure lâcheté ou complicité, ferment les yeux sur des abus que commettent leurs collègues de la même institution, en leur nom. Au tribunal de l’histoire, il ne suffira plus d’évoquer le contexte difficile ou sensible pour justifier leur complicité sur des décisions iniques. Puisque plusieurs autres Togolais ont démontré qu’il est toujours possible de se démarquer de combines obscures contre les intérêts du peuple ou de la majorité des Togolais.

Dans ce Togo où les repères sont totalement ébranlés, les modèles pratiquement inexistants, les quelques rares qui tiennent encore méritent la reconnaissance et le soutien du peuple. Ils ne font pas forcément ce qu’ils font parce que c’est facile, ou pour en tirer une quelconque gloire, puisqu’ils prennent des risques énormes, mais ils défendent le bien par pur patriotisme. Face aux bourreaux du peuple, ils doivent pouvoir compter sur la mobilisation populaire derrière eux. Zeus Aziadouvo fait partie de ces dignes citoyens. Salut Combo !

Source : L’Alternative No.589 via 27Avril

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