La saisie de 4,4 tonnes de cocaïne à destination du port de Lomé (Togo) par les autorités uruguayennes à Montevidéo remet au goût du jour que le Togo reste encore actif comme la plaque tournante du trafic de drogue en Afrique de l’Ouest.
Plusieurs tonnes de cocaïne dissimulées dans des conteneurs ont été saisies dans le port de Montevideo (Uruguay), ont annoncé vendredi les autorités uruguayennes, qui tout en continuant de compter la drogue évoquent d’ores et déjà «le coup le plus important porté au narcotrafic dans l’histoire du pays».
C’est en passant des conteneurs transportant de la farine de soja au scanner, que des «anomalies» ont été constatées sur quatre d’entre eux, a annoncé la marine uruguayenne.
Les deux premiers caissons métalliques contenaient «un total de 4418 kilos (de cocaïne) correspondant à 4003 briques» de 1,1 kg chacune, a indiqué la police uruguayenne.
D’autres source locales uruguayennes indique la saisie supplémentaire de 1,5 tonnes dans une ferme, portant le total de la saisie record à 6 tonnes de cocaïne valant plus de 1 milliard de dollar US
Tandis que le décompte de la drogue se poursuivait dans les quatre conteneurs, une enquête a été ouverte concernant ce chargement destiné au port de Lomé, au Togo.
L’affaire intervient alors que le Togo va entrer de plain-pied dans une campagne présidentielle où le chef de l’Etat sortant, Faure Gnassingbe rempile pour un 4ème mandat. Or la famille présidentielle qui règne sur le pays depuis 52 ans serait impliquée dans le trafic de drogue. Dans une note au renseignement américain en 2005, l’ancien ministre de l’intérieur François Akila-Esso Boko a dressé le tableau du trafic de drogue au Togo. Des officiers supérieurs de l’armée, institution maitresse du jeu politique au Togo, sont au cœur de ce trafic.
On pensait que l’implication de hautes personnalités de l’Etat dans le trafic avait pris fin avec l’arrivée au pouvoir de Faure Gnassingbe et l’arrestation suivie de la condamnation à 20 ans de réclusion de son demi-frère Kpatcha Gnassingbe. Cependant tout porte à croire que le Togo reste une plaque tournante de ce trafic.
Une telle situation pose des questions de sécurité et de démocratie. L’exemple bissau-guinéen est là pour rappeler que la drogue et la démocratie ne font pas bon ménage. Le Togo serait-il devenu un narco-Etat ?
Le Temps Togo vous livre ici le contenu du briefing de l’ancien ministre François-Akila Boko à l’ambassade américaine à Paris en 2005. L’information a été révélée par les câbles Wikileaks. Le texte a été traduit de l’anglais américain par Le Temps Togo.
Câble de l’ambassadeur des États-Unis à Paris sur sa rencontre avec le ministre François Boko.
Début du câble. Boko a décrit en détail des preuves qui montrent l’implication de la famille Eyadema dans le trafic de drogue. Il rapporte qu’en tant que ministre de l’intérieur, il a développé un programme de lutte contre le trafic de drogue qui a bien marché avec les services secrets français et américains. Il rapporte qu’avec la coopération de la Sécurité française, ils tous les deux intercepté en 2004, près des îles du Cape-Vert, un bateau en provenance de la Colombie à destination du Togo. Le navire contenait une grande quantité de cocaïne. Quand Boko avait informé Eyadema de cette opération, la réaction initiale d’Eyadema était de prendre des mesures pour que le navire ne soit pas saisi au Togo. Boko affirme que des investigations ultérieures ont établi dans son esprit un lien direct entre la famille Eyadema (Faure y compris) et un trafic de cocaïne de longue date. Boko dit qu’à l’arrivée du cargo, une unité de l’armée a été chargée de décharger la cargaison et de l’entreposer à la base d’une unité de l’armée, après quoi la cargaison a été délivrée pour une ultérieure contre bande quelque part à « M. Ishay » (au téléphone), que Boko décrit comme une personne originaire du Moyen-Orient qui était proche de la famille d’Eyadema et résidente au Togo. Boko dit que l’officier à la base militaire responsable du déchargement et de l’entreposage de la cocaïne n’a pas apparu pour arraisonner le cargo— On lui a dit que le cargo transportait des produits chimiques et qu’il n’avait aucune raison de ne penser autrement. Cet officier a dit plus tard qu’il y avait eu « une douzaine voire plus » de ces cargaisons les années passées. Fin du câble
K. Dovlovi
Source : Le Temps ( Togo ) + The Independent ( UK )
Source : 27Avril.com