Togo / CNAP, CPC: Ces instruments fantoches du pouvoir pour flouer l’opposition

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«…Cette première participation de la DMP au CPC a permis d’apercevoir des signes encourageants, de l’avis des premiers responsables de ce regroupement de partis politiques de l’opposition. Le fait que les propositions de la DMP aient été acceptées pour une programmation future est perçu comme un progrès significatif. La DMP s’engage à poursuivre ses efforts au sein de ce cadre, afin que ces questions essentielles pour la paix et le bien-être du peuple togolais soient traitées dans les meilleurs délais »

Faut-il en rire ou en pleurer? La situation politique togolaise est devenue tellement catastrophique, à cause de la méchanceté, jamais égalée sur le continent africain, d’un soi-disant régime politique contre son propre peuple, qu’on en vient quelquefois à douter de son intelligence et à se demander si on n’a pas perdu la raison. Et c’est exactement ce qui se passe depuis plusieurs décennies avec l’opposition togolaise. Et quand nous écrivons «opposition togolaise» nous voulons parler de la vraie opposition; car notre pays regorge de dangereux plaisantins qui se disent aussi opposants, la pandémie politique togolaise étant devenue telle qu’il est aujourd’hui difficile de vraiment savoir qui est qui. L’extrait du début de notre texte qui fait allusion à la reprise des travaux du fameux CPC (Cadre Permanent de Concertation) nous sert d’entrée en matière pour parler de la méchanceté et surtout de la mauvaise foi légendaires du régime Gnassingbé qui, depuis plusieurs décennies, à commencer par le père Éyadema, ne fait que tourner le peuple et l’opposition en bourrique.

Devrait-il y avoir encore des femmes et des hommes politiques togolais, surtout de la vraie opposition, qui ne savent pas qu’on ne peut plus jamais faire confiance au régime Gnassingbé, après toutes les douloureuses expériences vécues, chaque fois où l’opposition avait commis la faute de vouloir négocier avec ce pouvoir de fait qu’on ne présente plus, et ce depuis aujourd’hui plus de trois décennies? Normalement la réponse à cette question devrait être naturellement «non». Personne, parmi tous ceux qui se disent de l’opposition vraie, qui souhaitent et cherchent à tout prix le départ de ce régime anti-peuple togolais, ne devrait plus accepter s’asseoir à la même table avec ces hommes et femmes d’UNIR pour des pourparlers quels qu’ils soient. Non pas parce que l’opposition serait radicale, mais accepter de faire un tel pas vers un pouvoir aussi autiste et réfractaire à toute idée d’alternance au sommet de l’état, serait perdre son temps et leur permettre d’en gagner. Malheureusement nous sommes au Togo où l’agenda des uns et des autres au sein de l’opposition n’est pas forcément le même. Toutes les fois où le régime Gnassingbé, depuis 1990, était près de tomber, il y avait toujours eu un parti politique ou une personnalité venant de cette opposition pour faire en sorte que le régime vomi par les Togolais reprenne du poil de la bête. L’unité de l’opposition qui semble toujours bien commencer se fissure petit à petit, au fur et à mesure que les choses avancent, jusqu’à la désillusion totale.

C’est au vu de tout ce qui précède que nous sommes étonnés par l’enthousiasme affiché par la première responsable de la DMP (Dynamique pour la Majorité du Peuple), Madame Brigitte Adjamago Johnson, par rapport à leur première participation aux travaux du CPC (Cadre Permanent de Concertation).«…Cette première participation de la DMP au CPC a permis d’apercevoir des signes encourageants, de l’avis des premiers responsables de ce regroupement de partis politiques de l’opposition. Le fait que les propositions de la DMP aient été acceptées pour une programmation future est perçu comme un progrès significatif.» Le fait que la DMP soit emballée à ce point est d’autant plus surprenant que c’est connu que le régime RPT-UNIR d’en face fait chaque fois appel à l’opposition, quand il se trouve dos au mur. En fouillant les archives, il ne nous a pas été difficile de découvrir qu’avant le CPC (Cadre Permanent de Concertation), il y avait eu la CNAP (Concertation Nationale des Acteurs Politiques), des sigles ronflants qui n’ont toujours fait qu’accoucher d’une souris. La CNAP avait surtout été animée par des partis-trouble-fête qui avaient participé aux élections législatives de 2018 boycottées par l’opposition. Au cours de ces assises c’était des petites formations comme le NET de Gerry Taama ou le MRC d’Abass Kaboua, que nous qualifions de plaisantins et qui se disent eux aussi de l’opposition, qui avaient fait la loi.

En fait la CNAP (Concertation Nationale des Acteurs Politique) fut convoquée par le pouvoir, au lendemain des élections présidentielles de 2020, pour régler des comptes à certains partis politiques que Faure Gnassingbé et son entourage jugeaient dangereux pour leur rêve d’un règne à vie. Des décisions adoptées concernant la charte des partis politiques, par exemple, prévoyaient que désormais tout chef de parti devrait résider au Togo. Et une telle disposition était prise pour isoler Tikpi Atchadam du PNP, Agbéyomé Kodjo et Monseigneur Kpodzro de la DMK; pour cela il fallait utiliser des groupuscules de partis qui n’ont aucune assise sur le plan national et financés par le régime. Parmi les décisions prises figurait en bonne place la libération des prisonniers politiques, mais ce dernier point n’a jamais été appliqué. Le CPC (Cadre Permanent de Concertation) qui était venu remplacer la CNAP n’avait pas non plus, comme l’on s’y attendait, fait aucun miracle. Ce cadre, théoriquement de concertation, n’a pas empêché que Faure Gnassingbé fasse ce qu’il veut en faisant changer de façon unilatérale la constitution togolaise à son avantage. Aujourd’hui, le pouvoir de Lomé, malgré l’apparente sérénité qu’il affiche, a peur des lendemains incertains qui pourraient lui coûter cher, avec, par exemple, la mise sur pied des regroupements de l’opposition, surtout dans la diaspora, comme Freedom-Togo; c’est pourquoi ils ressortent de leur chapeau le machin CPC (Cadre Permanent de Concertation) et cherchent des opposants qui pourraient leur servir de crédit pour une ènieme arnaque qu’ils pourraient brandir à l’extérieur comme la preuve de leur volonté de dialoguer avec l’opposition. Alors que tout le monde sait que parallèlement le régime de dictature du Togo fait ce qu’il veut pour ne jamais quitter le pouvoir.

La libération des prisonniers politiques que la DMP souhaite voir figurer à l’ordre du jour des discussions du CPC est un sujet tabou pour le régime de Faure Gnassingbé. Ce problème concernant les détenus politiques était au menu des pourparlers de la CNAP (Concertation Nationale des Acteurs Politiques) au lendemain des élections présidentielles de 2020, comme nous l’avons déjà évoqué plus haut. Aujourd’hui, plus de quatre ans après, aucun prisonnier politique n’a été libéré. La mauvaise foi du pouvoir togolais, pour qui la mise sur pied de tels cadres de réflexion n’a pas pour but un règlement durable des problèmes politiques de notre pays, nous fait douter que l’acceuil réservé aux propositions de la DMP soit vraiment sincère. Madame Brigitte Adjamago, du haut de son expérience, devrait le savoir pour éviter de servir de caution à un régime Gnassingbé aux abois.

Samari Tchadjobo
Allemagne

Source : 27Avril.com

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