Comment endiguer ce phénomène qui s’est développé chez des praticiens hospitaliers en général, et particulièrement au CHU Campus ? La vente parallèle de médicaments au vu et au su de tout le monde, de jour comme de nuit est devenue une gangrène dont les victimes sont ceux-là même à qui ces produits sont revendus, les malades et leurs accompagnateurs.
Le Syndicat des praticiens hospitaliers du Togo (SYNPHOT) ne dira pas le contraire. Mais comment démanteler ces réseaux qui sévissent dans les centres de soins ? Au CHU Campus, la situation est connue des accompagnateurs, mais personne n’ose dénoncer ce système, de peur de voir son malade abandonné par le personnel soignant.
Mais c’est d’abord l’état de l’unité dite des urgences qui interroge. Les rideaux aux fenêtres sont dans un état indigne d’un centre de soins ; c’est à croire qu’il n’existe pas d’agents payés pour veiller à la propreté.
Des fenêtres sans lames naco et dépourvues de grillages anti moustiques en disent long sur certaines des maladies nosocomiales que des patients peuvent contracter en milieu hospitalier.
En ce qui concerne la diligence du personnel envers les malades, c’est selon la disponibilité des parents du patient à décaisser sans poser de questions. Ceux qui acceptent toutes les ordonnances prescrites et achètent les produits à un prix inférieur auprès du personnel sont chouchoutés, de jour comme de nuit. Quand on s’est intéressé à cette ségrégation, la vérité nous a été jetée à la figure par une parente désabusée et dont le parent malade est décédé le weekend dernier.
A l’en croire, tout le personnel soignant qui se relaie au chevet des malades est prompt à prescrire des médicaments. Mais l’impression générale était que tous ces produits ne sont pas utilisés exclusivement pour le patient concerné. «Lorsqu’on te prescrit les produits à payer, on te prend à part pour t’expliquer qu’à la pharmacie, le total donne tel montant ; mais toutefois, le soignant t’explique qu’il dispose des mêmes produits et à un coût moindre. Par exemple pour une ordonnance de 20.000 FCFA, ils peuvent te proposer te laisser les mêmes produits à 12 ou 13.000 FCFA. Et dans la situation de détresse où on se trouve souvent, on accepte payer leurs produits. Parce qu’autrement, ils peuvent négliger ton parent malade», a-t-elle dépeint. D’autres accompagnateurs ont confirmé ces dénonciations.
D’où proviennent les médicaments du personnel soignant ?
Y aurait-il des pharmacies dont les prix des produits seraient les plus bas et que seul le personnel soignant saurait ? Peu probable. Par contre, il nous a été rapporté que généralement, lorsqu’un patient décède, le personnel soignant s’empresse de ramasser le reste des produits qui sont à son chevet.
En plus, ce ne sont pas tous les produits qui figurent sur des ordonnances qui sont utilisés pour le patient. Des agents se permettent de soustraire des médicaments pour des usages ultérieurs pour d’autres patients. En somme, des agents volent certains patients pour revendre les produits à d’autres nécessiteux, à moindre coût. La pratique est connue de tous les agents qui se relaient au CHU Campus. De là à déduire qu’ailleurs dans d’autres centres de soins, la même procédure y a cours, il n’y a qu’un pas qu’on a vite fait de franchir.
Comment combattre ce mal ?
Lorsqu’un gouvernement fait des promesses sans jamais les tenir, lorsque la base du système de santé est faussée et que personne n’ose crever l’abcès pour y trouver une solution, alors se développent d’autres pratiques toutes plus nuisibles les unes que les autres.
Quand les conditions de travail et de vie sont proches des normes, alors les autorités peuvent hausser le ton et sévir. Dans les centres de soins, les hôpitaux manquent de presque tout. Et pourtant, le contribuable est essoré par mille et un moyens pour s’acquitter de ses impôts. Pourquoi alors l’Etat ne peut pas garantir le minimum vital en matière de services sociaux ?
Mais le personnel soignant n’est pas exempt de sanctions pour certaines pratiques comme celles décrites plus haut. La démission de l’Etat doit-elle sonner le glas pour les populations qui demandent des soins de santé ? Le personnel doit-il se défouler sur les patients en les dépossédant injustement ?
Les affectations constituent l’un des moyens pour réduire ces pratiques malsaines. Mais permettre à toute victime de dénoncer de façon anonyme des pratiques anormales dont elle serait victime serait un meilleur moyen pour mettre fin à ce fléau.
A l’ère des réseaux sociaux, l’heure semble venue pour que toute direction des services de soins dispose d’un numéro de téléphone WhatsApp pouvant permettre à tout citoyen de rapporter ces arnaques en milieu hospitalier. Si des agents hospitaliers veulent gruger les autorités, c’est leur affaire ; mais lorsqu’ils s’adonnent à de la corruption, ce n’est plus acceptable. On attend de voir si les autorités prendront des mesures.
Lorsque des agents véreux avaient falsifié de faux tests Covid-19, le nouveau Directeur général du CHU Campus, alors Directeur préfectoral du CMS d’Agoè-Nyivé avait participé à démanteler le réseau. On attend de le voir rééditer cet exploit à son nouveau poste. Et plus vieil fera diligence, mieux les patients et accompagnateurs se porteront.
Godson K.
Source : Liberté /libertetogo.info
Source : 27Avril.com