Depuis quelques années, dans les bars, les maquis et les boîtes hyperbranchés du pays, un phénomène de mode s’observe. Comme dans les belles villes de l’occident, la consommation de la chicha est aujourd’hui une pratique répandue au Togo. Recherche de sensations fortes, par mimétisme ou par simple curiosité, les jeunes sont de plus en plus nombreux à s’intéresser à cette drogue dans la capitale togolaise.
Zoom sur les dangers de la chicha ; Comment expliquer l’intérêt grandissant des jeunes pour cette forme de cigarette ?
La chicha encore appelé narguilé est une pipe à eau destinée principalement à fumer du tabac ou de l’essence de fruits. La consommation de cette cigarette s’est popularisée ces dernières années au Togo ; elle est surtout prisée par les jeunes filles et jeunes garçons.
D’après les études, les consommateurs de chicha sont attirés par la convivialité générée autour de la chicha ou la pratique de groupe, le goût aromatisé de la fumée et du phénomène de mode autour de cette pratique. Pas étonnant qu’elle séduise de plus en plus de jeunes ; des adolescents qui ressentent de façon permanente le besoins d’être aimé et accepté des autres.
Et c’est ce qui se remarque dans la capitale togolaise. Le week-end, les jeunes se retrouvent dans les boîtes autour de cette pipe à eau à l’aspect décoratif ; dans le réservoir supérieur se trouve un mélange de tabac chauffé grâce à du charbon, produisant une fumée qui, après son passage dans un réservoir rempli d’eau, est inspirée au moyen d’un tuyau souple. Une fumée à la saveur aromatique se dégage ; l’utilisateur est aux anges et passe la pipe à un autre. Une telle sensation procure certainement un sentiment de bien-être. Toutefois, cette fumée demeure le produit d’une combustion ; elle reste donc dangereuse. Il faut savoir que ce produit peut être toxique et sa consommation peut avoir de graves conséquences sur la santé.
D’aucuns pensent que le passage dans l’eau pourrait avoir un effet filtrant sur la fumée ou retenir les composés nocifs et permettre de réduire les risques sur la santé. Or, l’eau ne filtre qu’une infime partie des composés toxiques produits par la combustion et la fumée de chicha demeure nocive. Car il faut aussi savoir de quoi est constitué cette fumée : du monoxyde de carbone, qui va empêcher une bonne oxygénation des muscles, du goudron (un irritant respiratoire), des métaux lourds (béryllium, chrome, cobalt…) et d’autres substances très cancérigènes.
Et que dire des individus assis tout autour qui sont exposés à des taux de monoxyde de carbone très élevés. Le tabagisme passif est encore plus nocif quand il s’agit de la chicha ; il est prouvé qu’une heure de tabagisme passif autour d’une chicha équivaut à inhaler la fumée de 6 ou 7 cigarettes.
Aussi, certain s’imaginent que la chicha est moins nocive que la cigarette. Pourtant, fumer souvent de la chicha est plus dangereux pour la santé que la cigarette. Une seule bouffée de chicha contient autant de fumée qu’une cigarette entière. Ainsi, une séance de chicha revient à fumer entre 20 et 30 cigarettes. D’ailleurs, le monoxyde de carbone présent dans sa fumée est en quantité 7 fois supérieure à celui présent dans la fumée d’une cigarette.
Les conséquences sont énormes : problèmes cardiovasculaires, respiratoires, digestifs…, risque de cancers ; et encore, fumer la chicha augmente le risque de diabète et d’obésité. De plus, la chicha expose le fumeur à des risques de contagion microbienne, car il utilise la même pipe que les autres fumeurs.
Vue les effets néfastes de la chicha sur la santé, il est triste et déplorable de voir des jeunes togolais pleins d’avenir se ruiner ainsi la vie avec des pratiques malsaines et sans grand intérêt.
Le constat est écœurant ; inhaler de tels produits nocifs pour s’offrir une sensation parfumée agréable ou juste par mimétisme est une aberration. La consommation de la chicha par les jeunes est difficilement compréhensible, surtout à une période où ils se disent en quête d’emploi et de stabilité.
Se plaindre des conditions d’étude, du niveau de vie faible et de l’instabilité permanente dans le pays tout en s’adonnant à de telles pratiques nuisibles n’a rien de cohérent.
Eric G.
Source : independantexpress.net
(L’Indépendant Express No.490 du 19 novembre 2019)
27Avril.com