Au Togo, en matière de projet, on ne manque pas d’acronyme. Après notamment la SCAPE, PUDC, Vision Togo 2030 et le PND, le gouvernement DOGBE « innove » avec la feuille de route gouvernementale 2020-2025. Cette feuille de route se veut désormais la nouvelle Bible du gouvernement pour le développement du pays. Mais en voulant y voir un peu plus clair, on s’y perd.
Après la Stratégie nationale de croissance accélérée et de promotion de l’emploi (SCAPE), le Programme d’urgence de développement communautaire (PUDC) et le Plan National de Développement (PND), entre autres, le gouvernement semble s’inscrire dans une nouvelle démarche pour le développement du pays.
Le PND enterré vivant…
Adopté par le gouvernement le 3 août 2018 et officiellement lancé le 4 mars 2019, le Plan National de Développement (PND) est un document stratégique quinquennal couvrant la période 2018-2022, lancé par le Président togolais Faure Gnassingbé, qui vise à transformer structurellement l’économie togolaise. Ce document, qui n’est rien d’autre que le prolongement de la SCAPE, présenté comme « une démarche inclusive et cohérente, dont la trame demeure la recherche de meilleures conditions de vie pour nos populations » ne semble curieusement plus avoir une place de choix dans les discours politiques.
Depuis sa formation, le gouvernement de Victoire Tomegah-Dogbé n’évoque que furtivement le PND. Pourtant, ce plan est encore en vigueur pour encore deux ans, du moins tel que annoncé initialement. En effet, les ministres et autres institutions étatiques parlent désormais de « la feuille de route du gouvernement 2020-2025 ». La feuille de route du gouvernement se décline en trois grands axes. D’abord, le renforcement de l’inclusion, de l’harmonie sociale et de la consolidation de la paix ; ensuite, la création d’emplois pour les jeunes en s’appuyant sur les forces de l’économie et enfin, la modernisation du Togo et le renforcement de ses structures. Quasiment, les mêmes objectifs que le PND.
Une feuille de route clair-obscure
Sous le nouveau gouvernement, et avec la fameuse feuille de route, les observateurs ont du mal à identifier le type de développement choisi par le pays. En effet, pendant que les autorités encouragent les jeunes à devenir des moteurs de richesse, l’économie semble libérale avec le tapis rouge déroulé aux investisseurs étrangers.
Le cas le plus illustratif est le domaine de l’agriculture. En effet, ce secteur qui représente plus de 40 % du PIB, et occupe près de 65% de la population active est dominé par le Groupe singapourien OLAM. En juin dernier, deux filiales du Groupe ont intégré l’actionnariat du Mécanisme incitatif de financement agricole (MIFA SA). Le même groupe a également pris le contrôle de Nouvelle société cotonnière du Togo (NSCT).
« On ne peut faire une chose et son contraire. Si le gouvernement a choisi l’option libérale, il faut qu’il assume. Aujourd’hui, entre le discours et les faits, il y a un grand décalage », a commenté un observateur. « Même si l’économie est libérale, il faut plutôt faire la promotion des investisseurs nationaux », affirme Emmanuel Sogadji, président de la Ligue des consommateurs du Togo (LCT).
En effet, même pour les observateurs les plus avisés, il est difficile d’identifier le type de développement choisi par le gouvernement. Et pour cause pendant que l’exécutif prône l’entrepreneuriat et encourage la jeunesse à innover, il « offre » les entreprises et autres domaines moteurs de l’économie nationale aux étrangers. De quoi s’interroger sur la vraie vision tant louée du Chef de l’Etat
Source : Fraternité / fraternitenews.info
Source : 27Avril.com