Togo: ce qu’il faut attendre du 29e dialogue politique en cours

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L’apathie qu’on observe sur la scène politique depuis le braquage électoral opéré par le régime à la suite de la présidentielle du 22 février 2020 a cédé place depuis quelques jours à quelques agitations des acteurs politiques. Un remue-ménage lié à l’organisation des prochaines élections régionales. Deux rencontres ont été organisées à ce propos entre le pouvoir et les partis d’opposition.

La deuxième rencontre à laquelle le ministre de l’Administration territoriale a convié mardi 19 janvier 2019, les leaders politiques, a accouché la Concertation nationale entre acteurs politiques (CNAP), cadre dans lequel devraient se discuter dorénavant les questions inhérentes à l’organisation des élections et de la vie politique. Ce que d’aucuns appellent à juste titre le « 29ème dialogue ».

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Le Togo est le pays qui aime plus le dialogue. « En dehors des pays qui sont en guerre (civile ou avec un autre pays), je n’ai jamais vu un pays qui aime autant le «Dialogue» que le Togo », disait justement un acteur de la société civile. Des négociations et accord FAR-RPT en mars 1991 au dialogue intertogolais de 2018 sous l’égide de la CEDEAO en passant par l’Accord politique de base, le CPDC, l’APG…pas moins de 28 dialogues ont été organisés.

Certains rétorqueront que c’est mieux que de faire la guerre. Justement comme le souligne ce proverbe africain, « une de nos armes les plus puissantes est le dialogue ». Oui, mais alors à quoi servent les dialogues si in fine les accords issus de ces négociations ne sont jamais respectés ? C’est malheureusement à cette farce qu’on assiste dans notre pays.

Des 28 dialogues qui ont été déjà organisés, les accords conclus entre les parties prenantes n’ont jamais été respectés à cause surtout de la mauvaise foi et la duplicité du régime en place. Ces concertations étaient pourtant censées contribuer au règlement juste et durable de la crise sociopolitique qui mine le Togo depuis des décennies. C’est devenu un dialogue de Sysiphe, un éternel recommencement. Au point que chaque année, les acteurs politiques doivent se retrouver pour signer un nouveau marché de dupes.

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De tous les accords qui ont été conclus dans notre pays, de l’avis de certains observateurs, l’Accord Politique Global (APG) de 2006 serait le meilleur. Mais à l’application, le régime a opté pour la solution de sparadrap en l’exécutant à minima ou selon les desiderata de Faure Gnassingbé après d’interminables manœuvres dilatoires.

Le régime ne s’était décidé à opérer à sa manière les réformes politiques et électorales inscrites dans l’Apg qu’en mai 2019, soit 13 ans plus tard, suite à la mise en place d’une Assemblée monolithique. Les députés « nommés » ont remis le compteur à zéro à Faure Gnassingbé au pouvoir depuis 2005 pour lui permettre de boucler deux mandats supplémentaires jusqu’en 2030 après les trois mandats qu’il a déjà effectués et les 38 années de son père.

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Cerise sur le gâteau, ils lui font un pont d’or en lui offrant l’impunité à vie au travers de l’article 75 de la Constitution qui stipule que « les anciens présidents de la République ne pourront être ni poursuivis, ni arrêtés, ni détenus, ni jugés pour les actes posés pendant leurs mandats présidentiels ». Faure Gnassingbé devient ainsi le super président au-dessus de la loi, couvert par l’impunité ad vitam aeternam.

Aujourd’hui, ce qui ressemble fort à un nouveau dialogue est initié à travers la CNAP. Nous nous sommes déjà demandé si le régime de Faure Gnassingbé peut inspirer confiance. La question reste posée.

Liberté

Source : Togoweb.net