Depuis quelques jours, le Chef de l’Etat, le Premier Ministre, la Présidente de l’Assemblée nationale et les membres du gouvernement se sont lancés dans un vaste programme d’inaugurations et de lancements d’infrastructures tous azimuts.
Des descentes sur le terrain qui ne manquent point de susciter des spéculations, à quelques jours de l’ouverture officielle de la campagne pour l’élection présentielle dont le premier tour est prévu au 22 février prochain.
Tout le gouvernement sur le terrain…
En l’espace de deux semaines, le gouvernement, avec en tête le Chef de l’Etat, a effectué une descente sur le terrain qu’il n’en a fait les quatre dernières années écoulées. En effet, le lundi 03 février 2020, Faure Gnassingbé a posé la première pierre pour la construction d’une Centrale photovoltaïque à Blitta. Dans la foulée, « le Prince » en a profité pour s’offrir un bain de foule.
Le vendredi 31 mai, c’est la Présidente de l’Assemblée nationale, Yawa Djigbondi Tségan qui a procédé à la pose de la première pierre de la reconstruction du Grand marché de Lomé. Ravagé par « une incendie criminelle », selon les autorités dans la nuit du 11 au 12 janvier 2013, le grand marché de Lomé aura un nouveau visage, 7 ans après le drame qui a touché plus de 2000 commerçants dudit marché.
Le même jour, l’ancienne cadre de l’Office togolais des recettes (otr) s’est rendue dans la région des Plateaux, pour réceptionner le nouveau marché préfectoral d’Adéta dans la préfecture de Kpélé. La nouvelle infrastructure mise en place par ’Agence nationale d’appui au développement à la base (Anadeb) est composée de hangars de types cantonaux et préfectoraux, de magasins de stockage, d’abris pour volailles et bétail, de boucherie, ainsi que de divers blocs administratifs et annexes.
Certains membres du gouvernement se sont également illustrés à l’instar de Victoire Dogbé et Marc Dèdèriwè Ably-Bidamon, respectivement Ministre du développement à la base et Ministre des mines qui ont lancé dans la préfecture de Vo une installation électrique qui permet aux populations de cette localité d’avoir de l’électricité.
Le gouvernement s’est activé également sur d’autres plan, notamment celui de l’emploi. Ainsi, fin janvier dernier, le ministère de la fonction publique a lancé deux concours visant à recruter de nouveaux fonctionnaires pour le compte du ministère de l’économie et celui de l’Enseignement. Au total, ils seront 2750 nouveaux recrus à entrer dans la fonction publique au sortir du concours prévu pour le mois d’avril prochain.
Du social sur fond politique…
L’année dernière, les Togolais ont vu, tour à tour, le prix de l’eau, du carburant et de certains produits de première nécessité revu à la hausse. A cela, il faut ajouter la réinstauration de la taxe d’habitation. C’était donc une année difficile pour le citoyen lambda. En effet, toutes ces augmentations ont eu des répercussions sur la vie quotidienne des Togolais.
Selon une étude indépendante, depuis 2000, les prix de certains produits ont augmenté de 33 % en moyenne, ce qui a entraîné une baisse du pouvoir d’achat de près de 25 % durant la même période. Malgré une hausse constante de la croissance, le pouvoir d’achat continue de s’éroder et les conditions de vie des Togolais ne se sont pas améliorées. Dans un contexte où les revenus sont quasi inamovibles, ce phénomène engendre la cherté de la vie et accentue la dégradation des conditions de vie des populations.
Pourtant, au cours de la kyrielle d’inaugurations susmentionnés, un culte de personnalité est voué à Faure Gnassingbé. Ainsi dans les allocutions livrées en guise de remerciement, souvent lues par un cadre du parti au pouvoir, le Chef de l’Etat est « félicité pour ses multiples actions et son engagement à faire du Togo un pays émergent à l’horizon 2030 ».
L’accent est également mis sur «tous les efforts abattus par le Chef de l’Etat pour créer de meilleures conditions de vie aux populations ».
Aussi, constate-t-on que les membres du gouvernement et même Faure Gnassingbé n’hésitent pas, lors de ces cérémonies, à appeler les populations à voter « Unir » le 22 février prochain. Au finish, le message politique prend le pas sur la portée sociale des infrastructures.
En effet, en principe, les objectifs de la politique sociale de l’État sont : garantir une vie digne aux populations, corriger les inégalités et réduire la pauvreté. Mais au Togo, les actions sociales du gouvernement sont monnayées. Ainsi, pour un dispensaire, une piste ou encore un marché, les populations doivent manifester leur allégeance au prince à la tête du Togo depuis 15 ans.
Reste à savoir si cette méthode de gouvernance propagandiste donnera le résultat escompté dans un contexte actuel où, selon les sondages, plus de 80% des togolais aspirent à une alternance à la tête du pays.
Fraternité
Source : Togoweb.net