Togo-CAR : En attendant l’inhumation d’Agboyibo, la succession est ouverte

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Yaovi Agboyibo

Le bélier noir, décédé le 30 mai 2020 en France, sera enterré en fin de cette année. En attendant, les différents clans au sein du Comité d’action pour le renouveau (CAR) s’activent pour lui succéder.

Décès

Maître Yaovi Agboyibo aura marqué de son empreinte le CAR, un parti de l’opposition, qu’il a fondé au début des années 90 et à travers lequel il a joué un grand rôle sur l’échiquier politique national.

Fin calculateur pour les uns, roublard pour les autres, cet avocat d’une rare intelligence n’a jamais voulu confier, en réalité, les rênes du Comité d’action pour le renouveau à une autre personne, fit-elle son fidèle compagne durant plusieurs décennies. La parenthèse ouverte au profit de Maître Dodji Apévon a été refermée dans des conditions douloureuses ayant occasionné le départ d’une bonne partie des cadres pour aller créer les Forces démocratiques de la République (FDR), portées sur les fonts baptismaux en novembre 2016.

L’illustre disparu a voulu que sa vie soit confondue à celle de son parti. C’est ce qui s’est finalement passé jusqu’à l’annonce de sa mort à l’âge de 77 ans en terre française.

Obsèques

Si son corps est toujours à l’étranger, les préparatifs ont déjà commencé pour un enterrement digne de son rang. Selon les dernières informations distillées dans l’opinion, la dépouille arrivera au bercail le 6 décembre prochain. Une veillée de prières en mémoire de l’ancien Premier ministre (20 septembre 2006 au 6 décembre 2007) aura lieu le vendredi 10 décembre prochain. L’inhumation se fera le lendemain à Kouvé, dans son village natal, dans la préfecture de Yoto.

Succession

Avant même que la figure tutélaire du CAR ne rende l’âme le 30 mai 2020, les velléités de succession sont observées de temps à temps. Mais elles ne sont jamais allées loin. Probablement à cause de peur de représailles.

Maintenant que le bélier noir a rejoint la terre de ses ancêtres, la voie, semble-t-il, est dégagée pour que les intentions ou ambitions s’extériorisent voire grandissent. En effet, selon nos recoupements, le parti politique à la couleur rouge est traversé actuellement par au moins trois courants opposés sur le choix de celui qui devrait être le nouveau président.

Le premier soutiendrait Nador Awuku. Les admirateurs de celui-ci mettent en avant son expérience, son vécu aux côtés de l’ancien président. En 2016, c’était notamment lui qui a assuré l’intérim après le départ mouvementé de Maître Dodji Apévon, jusqu’à l’organisation d’une nouvelle élection consacrant le retour de Me Yawovi Agboyibo.

A l’époque, le président intérimaire déclarait : « Il n’y a pas et il ne doit jamais avoir de doute que notre parti ne reprenne sa place d’antan. Il la reprendra par le retour de la méthode et nous devons déjà en être fiers » comme pour annoncer indirectement le retour du patriarche.

Il faut dire que ce n’est pas l’envie qui manquerait à Nador Awuku d’être intronisé comme le prochain président des caristes.

L’autre camp mise sur Pascal Agboyibo. Né en 1967 à Tabligbo, dans le sud-est du Togo, ce fils du défunt est un imminent juriste tout comme son père. Après son départ du prestigieux cabinet américain Orrick en 2019, il s’est établi aujourd’hui en République démocratique du Congo (RDC).

Pourrait-il laisser ses activités d’avocat d’affaires pour prendre la succession de son père à la tête du CAR et tenter de redonner un nouveau souffle à un parti politique aujourd’hui tétanisé par le décès de son mentor ? C’est la question que certains militants de base se posent.

Et enfin le dernier clan : celui qui souhaiterait voir le parti dirigé par Togbui Dagban Ayivon IV. Ce cadre historique du CAR, chef canton d’Adakpamé à Lomé, selon ses soutiens, aurait de l’étoffe nécessaire pour prétendre prendre le fauteuil de l’ancien premier responsable de la Commission nationale des droits de l’homme (CNDH).

L’intéressé, selon nos informations, consulte régulièrement sur le sujet même s’il ne veut pas, pour le moment, l’aborder.

Pour le moment, chacun des parties travaille dans l’ombre et dans la sérénité. « L’heure de se donner les coups n’est pas encore arrivée. Mais elle ne tardera pas », nous souffle un ancien cadre du parti aujourd’hui dans la majorité.

Depuis le décès du bélier noir jusqu’aujourd’hui, le Comité d’action pour le renouveau est comme un navire sans capitaine. Aucune activité. Certains se demandent si le bureau directeur, composé de Jean Kissi, Nador Awuku, Togbui Dagban Ayivon IV, entre autres, existe encore. « Je ne sais pas s’ils veulent nous dire qu’un seul être nous manque et tout est dépeuplé », déplore un militant d’une fédération de l’intérieur, s’agaçant du silence dans lequel est muré la formation politique au sein de laquelle il milite depuis son tout jeune âge. « Tout est paralysé. Ce n’est pas normal », fustige un autre.

Source : icilome.com