L’une après l’autre, l’Etat togolais se débarrasse de ses sociétés : Telecoms, banques, coton, agriculture. La Banque Togolaise pour le Commerce et l’Industrie (BTCI) rejoint la liste macabre des structures privatisées. Le repreneur a pour nom IB Holding. Le gouvernement a adopté en effet mercredi 11 août en conseil des ministres, un projet de décret qui fixe les modalités et le prix de cession d’une partie des actions de l’Etat dans le capital social de la banque.
Cette opération qui est en passe d’être actée, vient finaliser le processus de privatisation engagé depuis 2019 par le Gouvernement et qui concerne également l’UTB, l’autre banque publique nationale, après l’abandon de l’option de fusion. IB Holding, compagnie financière au capital de 30 milliards FCFA appartenant au patron d’Ebomaf, Mahamadou Bonkoungou, a été retenue parmi les cinq soumissionnaires de l’appel d’offres ouvert, qui a tout de même vu près d’une centaine d’investisseurs manifester leur intérêt., apprend-on.
Avec cette privatisation qui contribuera davantage à financer l’économie nationale, le Gouvernement, qui conservera 10% du capital, veillera à la préservation des intérêts des employés ainsi qu’à la consolidation du système financier, informe-t-on.
L’Opacité d’une Opération Qui Cache Mal les Mafiosi
La privatisation des sociétés d’Etat si elle est bien menée permet le renforcement de l’efficacité et de la performance des entreprises, la réduction du rôle de l’Etat dans l’économie, l’augmentation des recettes de l’Etat et l’introduction de la concurrence dans l’économie.
Mais ce qui se passe au Togo depuis quelque temps à la hussarde, s’apparente à une vaste opération de bradage du patrimoine national. Togocom, Banque Togolaise de Développement (BTD), Nouvelle Société Cotonnière du Togo (NSCT) entre autres sont passés par là. Le cas de la BTCI interroge davantage. Cette opération est en l’air depuis plusieurs années, il a été juste annoncé la création d’une Commission d’Evaluation des Privatisations (COMEP.
Ace jour, on ne connaît rien du coût de l’opération. Comment IB Holding a été préféré sur la liste inconnue avancée par le gouvernement ? Bien plus, comment le gouvernement privilégie des étrangers dans ses opérations avec des conséquences fâcheuses de rapatriement des capitaux ?
Même dans le secteur de la santé, la contractualisation des hôpitaux publics lancée en 2017 se révèle un véritable fiasco selon le Collectif des Syndicats des Praticiens hospitaliers. « Près de cinq (05) ans de mise en œuvre de cette réforme, les résultats sont mitigés malgré l’important investissement fait au profit des structures contractantes pour accomplir les tâches de contrôle des règles des recettes», a lâché le collectif des organisations syndicales de la santé, qui était en conférence de presse mardi 10 août, pour interpeller le gouvernement sur l’enlisement dans la mise en œuvre des recommandations du groupe de travail mis en place suite aux grèves de 2018 dans le secteur.
Les sept syndicats (SYNPHOT, SYLASTO, SYNSAFETO, SYNPERSANTO, SYNPAGES, SYNAPRETO et SYNAM) regrettent « que les résultats de la contractualisation n’aient pas pu aider les hôpitaux contractualisés à faire face aux nouvelles charges engendrées par la pandémie à la Covid-19 » et notent que « des dysfonctionnements et l’opacité dans la gestion de ces hôpitaux relevés dans le rapport du groupe de travail y ont encore cours ». « La réponse de la tutelle semble se résumer à la dénonciation des pratiques peu orthodoxes des quelques agents véreux, avouant l’incompétence de l’administration à régler les dysfonctionnements constatés », relèvent les praticiens hospitaliers, qui n’apprécient pas du tout que la mise en œuvre de cette approche contractuelle ait surtout été confiée à une structure étrangère, convaincus que l’accomplissement de cette tâche n’est pas « hors de portée des compétences nationales formées dans de prestigieuses écoles ». Pour une réelle évaluation de sa mise en œuvre, les praticiens hospitaliers trouvent « utile de commanditer un audit externe de la contractualisation afin de situer l’opinion nationale sur la contribution aux réponses des problèmes du secteur de la santé».
Pourtant, dans ce pays, il a été créé par décret N°2012/218/PR du 14 novembre 2012, Togo Invest pour s’imposer comme une société holding à même de permettre des investissements majeurs dans les infrastructures et le développement. Neuf ans après, rien à mettre sous la dent. Le bradage du patrimoine continue malheureusement.
Le cas de la BTCI s’apparente à un montage financier mal ficelé.
Kokou Agbemebio
Source : Le Correcteur
Source : 27Avril.com