Togo, Brouille entre ODDH : Le REJADD s’apprêterait à se retirer du CACIT

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Togo, Brouille entre ODDH : Le REJADD s’apprêterait à se retirer du CACIT

Les membres du Réseau des jeunes africains pour la démocratie et le développement (Réjadd) auraient entériné la décision de se retirer du Collectif des associations contre l’impunité au Togo (Cacit). L’information vient de sources proches du Réjadd. Cette organisation de défense des droits de l’Homme voudrait marquer par son retrait le mutisme des responsables du Cacit depuis l’arrestation de Johnson Assiba, président du Réjadd.

Le Réseau des jeunes africains pour la démocratie et le développement (Réjadd) s’apprêterait à se retirer du Collectif des associations contre l’impunité au Togo (Cacit). L’information émane d’une source proche du Réjadd. Cette décision aurait été prise par les membres de cette association dirigée par Johnson Assiba en détention depuis quelques mois, après son enlèvement le 04 avril 2018. « Les membres du Réjadd ont décidé de se retirer du Cacit. Le principe de cette démission a été acté par l’ensemble des membres et il ne reste qu’à l’officialiser. Dès que le bureau aura pris toutes les dispositions qui s’imposent, le retrait sera officialisé », indique la source.

Pourquoi le Réjadd a-t-il pris cette décision de se retirer du Cacit ? C’est la question qui revient quand le sujet est évoqué. Selon les informations, les membres du Réjadd reprocheraient au Cacit dont est membre leur association de s’être muré dans un mutisme indescriptible depuis la mise sous les verrous de Johnson Assiba, président du Réjadd. « Les membres du Réjadd ont constaté avec amertume que le Cacit dont ils font partie n’a pas réagi depuis l’arrestation de leur président Johnson Assiba. Pour eux, il devrait réagir et soutenir le détenu et son association », rapporte notre source.

« Nous ne comprenons pas pourquoi le Cacit qui est notre grande famille ne se prononce pas sur les violations du droit de notre premier responsable. Nous aurions aimé entendre les responsables du Cacit se prononcer sur le sujet. Ils n’ont rien fait. Pourtant, nous estimons qu’ils ont l’obligation de se prononcer, d’abord par principe parce que la détention de tout défenseur des droits de l’Homme dans le cadre de ses activités doit être condamnée. Quand un défenseur des droits de l’Homme croupit en prison, les autres doivent avoir peur parce qu’ils peuvent subir le même sort. Ensuite parce que le Réjadd est membre du Cacit, ce dernier doit afficher sa solidarité vis-à-vis du détenu. C’est ce que nous attendions du Cacit. Il devrait du moins prendre acte de l’arrestation du président du Réjadd », renchérit une autre source interne au Réjadd qui dit condamner la procédure qui a débouché sur l’arrestation de Johnson Assiba. « Quand vous les approchez, ils disent faire des négociations, mais la réalité est tout autre », assure-t-elle.

En effet, depuis le 4 avril 2018, jour de l’arrestation de Johnson Assiba, le Cacit n’a rendu publique aucune déclaration, du moins pour se prononcer sur ce cas. L’un des rares communiqués émanant de ce collectif regroupant d’autres organisations de la société civile a été publié le 22 juin 2018. Le Cacit y félicitait le gouvernement pour la libération de 17 personnes détenues dans la cadre des manifestations de l’opposition, rappelant que cet acte constitue l’une des mesures d’apaisement demandées par la Coalition des 14 avant l’ouverture du dialogue en février 2018. « Il profite de l’occasion pour saluer les actions d’accompagnement juridique des avocats membres du collectif des avocats du Cacit. Le Cacit rappelle que d’autres personnes sont toujours détenues dans le cadre de la crise sociopolitique et exhorte le ministère public à accélérer les procédures afin de statuer sur leurs cas. Il encourage le gouvernement à renforcer ces actions d’apaisement en œuvrant pour la libération de ces personnes », lit-on dans le même communiqué. Rien n’a été dit sur le cas particulier de Johnson Assiba.

A en croire d’autres sources, ce silence du Cacit s’explique par une brouille intervenue entre les responsables du Réjadd et ceux du Cacit. « Entre-temps, les deux organisations avaient des divergences de vue sur un certain nombre de sujets. Cela concernait certaines orientations à donner à leurs activités. Ils étaient à couteaux tirés. Ça explique peut-être que le silence du Cacit même si cela ne se justifie pas. Quand on est un défenseur des droits de l’Homme en détention, on a besoin du soutien de tous. La mobilisation doit être forte si on veut obtenir votre libération. C’est pourquoi le Cacit dont est membre le Réjadd doit se prononcer parce que le silence peut être interpréter de diverses manières », souligne un défenseur des droits de l’Homme.

En février 2018, le Réjadd a publié un rapport sur les violences militaires enregistrées dans la répression des manifestations de l’opposition. C’est ce rapport qui lui a valu son interpellation et sa détention depuis début avril.

G.A.

Source : Liberté No.2708 du 09 juillet 2018

27Avril.com