Togo-Bénin : Faure ira-t-il à l’investiture de Talon?

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Le dimanche 11 avril dernier, les béninois étaient aux urnes pour élire leur Président de la République. Sans surprise, le sortant Patrice Talon rempile, avec un score à la soviétique de 86% des suffrages, pour un second mandat. Une réélection sur fonds de crise politique qui aurait sérieusement mis à mal, l’axe Lomé-Cotonou.

Talon met le pied dans le plat

Pour s’adjuger son deuxième mandat à la tête du Bénin, le Président Patrice Talon aura trouvé sa recette. Se défaire de tous les adversaires politiques susceptibles de lui tenir tête. C’est ainsi qu’il aura fait arrêter, au détour d’un meeting de sensibilisation à Parakou, l’opposante Rekya Madougou qui, depuis lors, croupit à la prison civile de Missérété. Et le chef d’accusation était tout trouvé. Acte de terrorisme et de déstabilisation du pays, dira le Procureur de la République. Cette arrestation sera suivie, aussitôt les élections tenues, par celle du colistier de cette dernière, le constitutionnaliste et opposant Dr Joël Aïvo.

Si l’arrestation de Reckya Madougou n’est rien de nouveau sous le soleil, lorsqu’on connait la méthode en vogue sous les tropiques, son statut fait néanmoins glisser indirectement sur un autre terrain, ce litige politique qui ne devrait être que binono-béninois. Et pour cause, celle-ci n’est autre que le conseiller spécial du Président togolais, Faure Gnassingbé. Une situation bien embarrassante pour Lomé qui ne saurait lâcher, dans la fournaise béninoise, celle qui aimait tant s’afficher publiquement aux côtés du «prince» jusqu’à la veille de la présidentielle.

Faure ira-il à l’investiture de Faure?

En effet, des sources bien introduites révèlent que l’affaire Reckya Madougou, même si l’on tente de le voiler officiellement à l’opinion, déteindrait officieusement et négativement sur les relations diplomatiques entre Lomé et Cotonou. Et ceci n’est que le corolaire des relations déjà bien tièdes entre Faure et Talon, depuis quelques temps déjà. Une crispation qui se serait marquée notamment par la distanciation de l’axe Lomé-Cotonou et la récente dissolution actée de la Compagnie électrique du Bénin (Ceb).

Il y a quelques jours, une nouvelle couche s’est ajoutée à la brouille déjà latente entre les pouvoirs béninois et togolais, au lendemain de la démission du juge Essowoè de la Cour de répression des infractions économiques (CRIET) au Bénin. Ce dernier qui, selon des dires, aurait trouvé refuge à Lomé. C’est un fait qui aurait suffisamment convaincu le gouvernement du Bénin qui, au travers de son porte-parole, Alain Orounla, y compris d’autres personnalités du régime de Talon, à croire et à affirmer que des États de la sous-région, sans toutefois les nommer et dont Reckya Madougou serait un pion, tenteraient une entreprise de déstabilisation du Bénin. Un discours bien tranché et engagé, aux antipodes de la courtoisie diplomatique, qui n’est pas de nature à garantir la sérénité dans les relations entre ce pays et les autres Etats de la sous-région.

Qu’à cela ne tienne, une question revient avec insistance, à l’analyse de cette situation. C’est de savoir si, après la victoire du Président Patrice Talon au terme de la présidentielle, presque à sens unique, le Président Faure assistera-t-il à l’investiture de ce dernier ? Cette interrogation paraît anodine, mais pertinente à plus d’un titre.

Regards tournés vers Faure et Talon

En effet, les regards se tournent vers Faure Gnassingbé qui est confronté par nombre d’observateurs qui attendent de voir s’il sera fidèle à ses principes et habitudes en se rendant effectivement à Cotonou pour assister à la cérémonie d’investiture du Président Talon. Un déplacement qui s’impose moralement à l’homme fort de Lomé, du haut de son statut du doyen des chefs d’État de la sous-région. Et à ce titre, aucune raison ne saurait justifier son absence aux côtés du dirigeant d’un pays frère et ami du Togo qu’est le Bénin. Encore que c’est un rôle que Faure se plaît à jouer ces derniers temps en s’étant rendu pratiquement dans tous les pays de la sous-région où s’est tenu une élection présidentielle ayant permis à un chef d’État sortant de rempiler. A l’exception du Niger, où le gagnant, Mohamed Bazoum n’est autre que le protégé du sortant Mohammadou Issifou. Et outre le Niger, le périple de Faure l’avait déjà conduit en Côte d’Ivoire, en Guinée Conakry, au Burkina Faso et au Congo Brazzaville.

Mais alors, participer à l’investiture de son homologue béninois nouvellement élu revient, avant tout, à être invité en amont. D’où justement les regards qui sont également tournés vers Cotonou en ce qui concerne la conduite à tenir.

Il ne sera point étonnant que malgré les sorties bien orientées de son porte parole Talon pose le pas en envoyant l’invite à Lomé. Une démarche qui s’inscrira, telle une mise en jeu de la balle. On s’attendra alors à la réponse de Lomé.

Et quel qu’en sera le pas, d’un côté comme de l’autre, l’opération psychologie effectuée, il y a quelques semaines par l’armée togolaise à Djeta (village frontalier du Bénin) avec des fouilles minutieuses jusque dans les chambres, au nom d’une stratégie préventive contre le terrorisme et la sécurité nationale, en dit long sur les suspicions qui annoncent assombrit le ciel diplomatique entre Lomé et Cotonou. Une axe pourtant lié par l’histoire.

Pendant que nous mettons sous presse, le Président togolais n’a pas encore adressé de lettre de félicitations à son homologue béninois pour sa réélection.

Source : Fraternité / fraternitenews.info

Source : 27Avril.com