Depuis le début de la contestation du pouvoir de Faure Gnassingbé, Sokodé et Bafilo épicentres de la contestation, sont devenus des villes martyres, assiégées par des militaires lourdement armés qui se livrent à la chasse à l’homme et à des exactions contre les populations. Entrainant un déplacement massif des populations dans les pays voisins et dans la brousse.
Lundi, en prélude aux manifestations de 72 heures prévues par l’opposition, le gouvernement a annoncé dans un communiqué avoir organisé des rencontres et échanges avec la coalition de l’opposition (…) afin de convenir des mesures à mettre en place pour non seulement préserver la liberté de manifestation mais aussi garantir le droit d’aller et de venir aux autres citoyens. Dans la même dynamique, le gouvernement a pris d’autres mesures afin d’«assurer la préservation et le respect effectif de la liberté de manifestation et réaffirmer sa détermination à promouvoir le retour au calme ». De plus, l’interdiction des manifestations en semaine a été levée.
Visiblement Sokodé et Bafilo ne sont pas concernés par les « mesures d’apaisement » prises par le gouvernement. Dans ces deux villes, les forces de défense se sont encore adonnées à leur sport favori en exerçant des violences inouïes sur les populations. A Sokodé, les quartiers comme Koma et Kpangalam et le centre ville ont été assiégés tôt le matin par les militaires armés de gros batons, de matraques et de cordelettes, et qui s’en prenaient systématiquement et violemment aux manifestants ainsi qu’à tout attroupement.
«Très tôt ce matin du 7 novembre 2017, les militaires ont commencé à disperser et réprimer avec de gros bâtons tout attroupement, faisant de nombreux blessés graves. La même scène se passe actuellement à sokodé où les militaires ont envahi tous les coins de la ville », a témoigné Assiba Johnson, responsable du Regroupement des jeunes africains pour la démocratie et le développement (REJADD). Qui a interpellé le ministre de la Sécurité et de la protection civile afin de régler cette situation au moment où le gouvernement annonce l’ouverture prochaine d’un dialogue entre les acteurs politiques.
« La ville de sokodé est en état de siège actuellement. Je me suis refugié dans une maison avec un de nos militants. Qu’avons-nous fait? On nous a dit que nous avions le droit de manifester, où est-il ce droit? », s’est emporté Farouk Agrignan, président fédéral ADDI et Secrétaire de la coalition de l’opposition à Tchaoudjo.
La barbarie de la soldatesque était sans commune mesure. Plusieurs manifestants portaient des blessures sur le corps. Des passants qui n’ont rien à avoir la manifestation, ont été obligés par les militaires de rouler dans la boue.
Le ministre de la Sécurité et de la protection civile Yark Damehame a justifié la répression des manifestations à Sokodé par l’assassinat de deux militaires à Sokodé. «Humainement, ce n’est pas normal d’organiser une marche à Sokodé après ce qui s’est passé la fois dernière où deux militaires ont été lynchés, leurs armes arrachées, les commissariats saccagés, plus de 80 cartouches emportées. Les armes sont dans la nature et on ne sait pas ce qui peut se passer », déclaré le ministre sur BBC.
C’est assez curieux que le gouvernement prenne des mesures d’apaisement et appelle au dialogue et au même moment réprime durement les manifestations à Sokodé. «C’est de l’acharnement pour casser le moral des populations de Sokodé », a déploré Nathaniel Olympio, président national du Parti des Togolais et membre de la coalition de l’opposition.
M.A.
Source : Liberté No.2553 du 08 novembre 2017
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