Togo : Avenues des ordures, avenues des odeurs !

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« Si tu es parfum, ton parfum se dissipera quand tu prendras pour amitié des ordures » (Precieux Syross Mendossa).

Ils vont s’énerver, mais ne pourront rien dire. Le président béninois ne pensait pas si bien dire lorsqu’il prononçait cette célèbre phrase. Mais l’évacuation des déchets solides et domestiques nécessitent une autre approche pour réduire véritablement les désagréments qu’elle engendre.

Aucun effet secondaire immédiat, mais insidieusement, les riverains des voies empruntées par les camions d’évacuation des ordures ménagères jusqu’au site de traitement situé en dehors de la capitale, suffoquent sans pouvoir le dire. Et pas seulement les riverains.

Lorsqu’un de ces camions vous dépasse, ses arrières sont parsemés d’effluves nauséabondes et fétides. Le phénomène est plus suffoquant en saison des pluies, comme en ce moment. Sur toutes les voies sans exception, les autres usagers s’empressent de dépasser le camion véhiculant la nausée et les envies de vomissement. Tant et si bien qu’il arrive d’observer des risques d’accident, juste pour dépasser l’objet distillant les odeurs putrides.

Dans toutes les grandes villes du monde, il existe des sociétés d’évacuation des ordures. Mais là où l’intelligence de l’humain se fait voir, c’est que dans la plupart de ces villes, cette évacuation s’effectue dans la nuit, après que les routes ont été libérées en grande partie par les autres usagers. Ce faisant, les populations ressentent à peine les moments où leurs déchets sont évacués pour traitement en dehors de la ville. Pourquoi n’en serait-il pas de même à Lomé, capitale du Togo ?

Il y a encore quelques années, beaucoup rêvaient d’avoir leur maison au bord d’une grande route fréquentée. Mais avec ce que vivent ceux dont les devantures sont empruntées par les camions d’évacuation, c’est une sourde peine difficilement exprimable. Ils y sont, ils y demeureront. Pour longtemps. Mais devrait-ce être au prix de leur santé ?

L’inhalation permanente d’une odeur fétide affectera assurément l’état de santé et d’esprit de ceux qui subissent cette forme de torture sensorielle sans possibilité d’y remédier. Mais alors, il est du devoir de l’Etat, garant de la liberté de tous, de veiller à ce que certains citoyens ne se sentent pas condamnés par une situation qui pourrait être améliorée.

Tout comme ces évacuations diurnes inadaptées, il y aussi le phénomène des balayeuses de rues qui envahissent les chaussées en pleine journée, obligeant les usagers à des acrobaties parfois risquées. Et gare à celui qui ose leur faire des reproches sur l’heure de leurs sorties : insultes, incivisme seront sa récolte. Et pourtant, il n’est pas bienséant que les balayeurs et balayeuses, appelées ailleurs les techniciens de surface envahissent les routes aux heures de pointe. Un accident est vite arrivé et c’est le conducteur qui frôlerait la loi de Lynch.

Les autorités prendront-elles la mesure de cette alerte ? On ne voudrait pas suggérer que ces camions d’évacuation des ordures empruntent aussi les voies qui passent devant les institutions afin de réveiller la conscience des gouvernants. On n’a pas besoin d’en arriver là. Avec l’espoir que les riverains de ces voies des odeurs ne seront pas laissés pour compte.

Godson Ketomagnan

Source : Liberté /libertetogo.info

Source : 27Avril.com