On ne le dira pas assez, au Togo, le foncier est une bombe à retardement. Il constitue le point de discorde entre les familles, les communautés, les nantis et les moins nantis. Les membres d’une même famille ou d’une même communauté se battent et même s’entretuent à cause de problèmes de terrains. Les nantis, eux, sont souvent à couteaux tirés avec des honnêtes citoyens parce qu’ils font usage de leur autorité pour intimider et prendre par force ce qui appartient à ces derniers. C’est cette situation qui prévaut à Attiégou Togo 2000 où une rue de 50 m (domaine public) est abusivement occupée par le sieur Dokpo Yawovi Joël, avec la caution des autorités administratives et militaires, troublant ainsi la quiétude des riverains.
Des sources concordantes révèlent que c’est El Hadj Mohamed qui se cacherait derrière ce pseudonyme pour mener à bien cette forfaiture. Les mêmes sources révèlent que le sieur Mohamed autrefois vulcanisateur à Attiégou, mais aujourd’hui dans les Transports à cause de ses accointances avec les tenants du pouvoir en place, se targue de disposer de moyens financiers pouvant lui permettre d’acheter tout ce quartier. De ce fait, il nargue sans cesse ces paisibles riverains qui, selon les documents administratifs, ont acquis légalement leurs terrains depuis 1990, érigé leurs habitations en1993 et y résident jusqu’à ce jour. Selon toujours ces sources dignes de foi, il brandit sans retenue son appartenance à l’Union pour la République (UNIR) pour violer régulièrement les droits de ses concitoyens. Il dit avoir financé à coup de millions de FCFA la dernière campagne de Faure Gnassingbé et est donc autorisé à agir comme bon lui semble.
En effet, l’occupation abusive de cette rue de 50m, jeudi 18 juin dernier, par le soi- disant Dokpo Yawovi Joël a été au centre de toutes les curiosités. On croirait que c’est dans un film de Western américain. A la surprise des riverains, des bulldozers ont été déployés pour tout raser sur cette rue. Les roues de ces fameux engins ont tourné sous haute surveillance d’une horde de militaires cagoulés et bien armés commandés par l’Officier Hémou. Ce dernier faisait arracher les portables à tous ceux qui tentaient de filmer cette odieuse scène et criait sur tous les toits : « Même le PR sait que nous opérons ici ». C’est sous ce regard attentif de ces militaires et en présence de Me Agbéméhin, l’Huissier en exécution de l’ordonnance n°0252/2020 du 07/02/2020 rendue par M. Kossi Kutuhun, Président du Tribunal de 1ère Instance de Lomé que les installations des riverains aux abords de cette voie ont été démolies et que les maçons ont entamé la pose de la fondation et de l’érection des murs tenant lieu de clôture sur cette portion de 50m. Pourquoi ce bouclier militaire ? Combien l’occupant a-t-il pu bien débourser pour les mettre au pas ? Qui sont derrière cette occupation illégale ? Telles sont les questions que se posent les populations d’Attiégou.
Notons que le 17 juin, soit la veille de cette forfaiture, Me Agbéméhin a signifié aux riverains, notamment MM. Eza Kossi Anani, Ayi Ayikoé, Afanwoubo Kouakou Christophe, Do Aho Kussadé Efoué, Denkey Kokoè, Gaméli Komi et Etsri Athanase, la grosse d’ordonnance n°0252/2020 du 07 février 2020 obtenue à pied de requête au terme de laquelle le Président du Tribunal de Première Instance de Lomé a autorisé le nommé Dokpo Yawovi Joël (le requérant) à faire enlever les cabines téléphoniques endommagées, les containers et autres objets se trouvant actuellement sur le terrain à lui cédé par voie d’achat bloquant l’accès audit terrain non bâti formant les lots n°638 et n°639 d’une contenance de 10 ares et 40 centiares.
A la réception de cette ordonnance, les riverains se sont étonnés que les objets indiqués dans l’ordonnance ne se trouvent guère à la devanture de leurs maisons ni à la devanture des lots n°638 et N°639 inconnus sur les lieux. Mais contre toute attente, au lieu d’un enlèvement, l’Huissier instrumentaire avait amené une équipe composée de géomètres et de maçons pour venir implanter des bornes collées sur les murs de clôture de leurs parcelles de terrains bâties et habitées depuis des années. Pour les riverains, c’est un paradoxe puisque les lots réclamés n’existaient pas sur le terrain et c’est en pleine rue de 50m que Me Agbéméhin et l’équipe arrivée ont creusé des trous et implanté des bornes faisant des lots devant des ouvertures (portails d’entrée) de leurs maisons. Ce qui est frustrant, c’est que suivant les plans dressés des parcelles de terrains bâties et habitées par les riverains, plans visés par les autorités compétentes à savoir le Directeur Général de l’Urbanisme et l’Habitat ainsi que le Directeur Général de la Cartographie et du Cadastre pour certains, d’autres disposant de titres fonciers, il n’existe guère des lots collés à leurs parcelles.
Sur, par exemple, le titre foncier n°47183 de M. Eza Kossi Anani, signé respectivement le 14 juin 2018 par M. Essoham Labari, Ingénieur Géomètre de la Classe exceptionnelle et le 07 septembre 2018 par M. Esso-Wavana Adoyi, Commissaire des Impôts, inséré au livre foncier de la République Togolaise, Vol n°201 Fo 39, les parcelles de terrains bâties ont accès directement à la voie de 50m. Idem sur le titre toncier n°35714 de M. Sassou Echri Athanase, certifié conforme respectivement le 15 juillet 2011 par M.Abbi Toyi A.M, D.G des Impôts et P.O directeur des Affaires Domaniales et Cadastrales, et le 17 octobre 2011 par Mme Ingrid Awadé, Conservateur de la propriété foncière et des domaines. C’est suite à ce plan que les riverains ont construit et ouvert leurs garages et portails sur cette voie de 50m. En permettant au sieur Dokpo Yawovi Joel d’exécuter les travaux sur cette parcelle de terrain non bâtie acquise de façon illégale sur la voie de 50m, il empêchera complètement les riverains d’avoir accès à leurs maisons. Malgré les cris d’alarme de ces riverains et la sommation aux fins de cesser les travaux ordonnée, le 17 juin 2020, par Me Guy Komlavi Ayité, Huissier de Justice saisi par les plaignants, M. Dokpo Yawovi Joël les poursuit au grand dam de ces derniers.
Il convient de relever que c’est par cette rue que la Compagnie Energie Electrique du Togo (CEET) a implanté des poteaux pour desservir le quartier Attiégou en électricité, la Togolaise des Eaux (TdE) a fait passer ses tuyaux pour alimenter tous les riverains en eau potable, la Société Togolaise de Communication a creusé des trous pour y faire passer des fibres optiques en vue d’alimenter le quartier en matière de communication. On pouvait voir des installations de la TdE et de la CEET sur les parcelles nouvellement bornées suivant l’ordonnance n°0252/2020 du 07/02/2020 rendue par le Président du Tribunal de 1ère Instance de Lomé. Ces installations peuvent-elles se retrouver sur une parcelle de terrain appartenant à un honnête citoyen ? Telle est la question que les Togolais se posent.
Une administration caporalisée
Au Togo, le ridicule ne tue pas. Au nom de son appartenance au régime qui régente le pays depuis plus de cinquante ans et de ses moyens financiers, un véreux peut manipuler à son gré des cadres de l’administration. Il peut même faire courir des corps habillés, pourvu que ses objectifs soient atteints. Ce qui se passe à Attiégou est bien illustratif. Pour, dit-il, avoir financé à coup de millions de nos francs la dernière campagne présidentielle de Faure Gnassingbé et à cause de ses relations avec la hiérarchie du pouvoir, le soi-disant Dokpo Yawovi Joël obtient illico presto une autorisation délivrée par le Président du Tribunal de 1ère Instance de Lomé pour construire sur une voie publique, ce qui dans les pays qui nous entourent sera impossible. Ce qui est surprenant, c’est que les responsables de la Direction des Affaires domaniales et Cadastrales qui, autrefois, avaient attesté par des documents administratifs l’existence de cette voie de 50m, délivrent aujourd’hui au sieur Dokpo Yawovi des documents qui dénotent l’existence des lots non bâtis sur cette rue. Où est alors passée l’éthique professionnelle ?
Ce qui peine les Togolais, c’est quand des véreux utilisent le nom de Faure comme arme pour intimider les paisibles populations et commettre des forfaitures alors même que le premier responsable du pays n’est au courant de rien. Il va falloir que Faure tape du poing sur la table pour mettre fin à cette pagaille. Il urge que d’honnêtes autorités compétentes fassent primer la raison sur le droit en mettant fin à la folie de Dokpo Yawovi Joël et ses complices, pour le bonheur des populations d’Attiégou.
Source : L’Alternative
Source : 27Avril.com