Un père de famille qui vit des problèmes dans sa famille doit avoir l’intelligence et surtout la sagesse d’y trouver des solutions adéquates. Pour ce faire, un dialogue direct au tout début des déboires familiaux doit avoir lieu avec tous les membres de la maisonnée pour en discuter. Si ce père de famille, au lieu de cela, va au dehors pour se plaindre auprès de ses amis ou autres connaissances, ceci reviendrait à calomnier les membres de sa propre famille. Les sages concluraient alors que ce père de famille est irresponsable et indigne d´avoir une famille.
C’est le cas de Faure Gnassingbé. L’homme qui se dit le président des Togolais, et qui, depuis presque 4 mois de manifestations de rue d´une grande partie de ses concitoyens n´a pas encore trouvé utile de s´adresser à eux. Au lieu de s´adresser à son peuple, il parle du peuple et des manifestations à des occasions où le président de fait du Togo se sent plus à l´aise auprès d´une certaine catégorie de Togolais. C´était le cas au congrès dernier de son parti UNIR à Tsévié, et il y a quelques semaines devant les militaires à Témédja. Dans l´un et l´autre cas Faure Gnassingbé avait évoqué les manifestations de l´opposition contre son régime comme une tempête qui passera comme elle est arrivée. Devant les militaires à Témédja il n´avait pas manqué, par des propos pas très responsables de monter l´armée contre le peuple.
Aujourd’hui c´est à l´hebdomadaire « Jeune Afrique » qu´il a choisi de parler du Togo en étalant une fois encore son arrogance, son mépris du peuple et surtout en proférant des mensonges que beaucoup de ses lieutenants depuis plusieurs mois martèlent, mais peinent à transformer en vérité.
Morceaux choisis
«…La région de Sokodé, berceau du PNP, est fortement islamisée. Des armes circulent. Une poignée d´imams radicaux tente d´enflammer les esprits en lançant des appels au djihad contre l´armée et les familles des militaires…»
Le mensonge aurait été complet et parfait si Faure Gnassinbgé n’avait pas oublié d’ajouter que deux militaires furent décapités par des «djihadistes» du PNP. Selon le menteur du jour ils peuvent aussi avoir été égorgés ou lynchés.
En effet, dans leur tentative de diaboliser le PNP et son fondateur Tikpi Atchadam, ceux qui sont prêts à tout pour s´éterniser au pouvoir, ont, dans la nuit de l´enlèvement de l’Imam Hassan, fait incendier la poste de la ville, une banque, d´autres bâtiments publics, des commerces privés, au moins un camion-titan chargé de marchandises. Et comble de cynisme, les deux para-commandos en faction au domicile du Colonel Agadazi sont assassinés; pour simuler une attaque extérieure quelques flammes sont balancées sur les murs de la maison de l´officier.
Assassinés par qui et comment?
Seuls les commanditaires qui se connaissent et qui se trouveraient dans le camp des amis de Faure Gnassingbé pourraient répondre à cette question.
La même nuit on ordonne aux militaires en faction chez le Général Mêmêne dans le même quartier à Komah de quitter les lieux, quelques instants après la maison de l’officier supérieur à la retraite est en feu. Est-ce les manifestants ou sympathisants du PNP qui ont donné l´ordre aux militaires de se retirer de chez Mêmêne avant de mettre le feu à la maison?
Pour tout togolais aimant la vérité et étant en possession de toutes ses facultés mentales, le ou les coupables ne peuvent pas être recherchés parmi les quelques manifestants du centre-ville de Sokodé. Comment auraient-ils pu désarmer deux militaires, de surcroît parachutistes et les assassiner sans qu´ils n´aient pu tirer en l´air pour faire peur, et sans qu´aucun renfort ne soit venu du camp militaire situé à moins de 3 km dès le début des manifestations?
Personne de neutre n´a pu voir les corps des deux militaires tués pour savoir au moins comment ils sont morts.
Mais tout ce raisonnement ne veut pas dire que les populations de Sokodé ne sont pas attristées par cette disparition de vies humaines. Nous avons à plusieurs reprises eu l´occasion de regretter et de présenter nos condoléances aux familles éplorées.
Si nos militaires se laissent aussi facilement désarmer par des civils aux mains nues, alors que quelques tirs de sommation en l´air pourraient faire reculer une foule ausi enragée soit-elle, devrait-on avoir des doutes sur leur aptitude à faire face à une agression extérieure? À force de toujours mentir on finit par oublier qu´on se tire soi-même dans les pieds.
Et quand Faure Gnassingbé dit aujourd’hui que la ville de Sokodé est très islamisée, il doit savoir que l’Islam n’est pas arrivé à Tchaoudjo ou à Assoli avec le PNP. Les populations islamisées ou christianisées vivent depuis des générations dans plusieurs régions du Togo sans aucun problème et sans aucun signe d´extrémisme. Et le président du Togo a aujourd’hui dans son entourage beaucoup de barons musulmans dont certains avaient déjà servi sous son père Éyadéma. Va-t-il se séparer d´eux parce qu’il trouve aujourd’hui l´Islam est une religion dangereuse dont les membres appellent au Djihad?
Aucune arme ne circule ni à Sokodé, ni aux alentours; c´est un montage grotesque qui ne repose sur aucune vérité. Ayant peur de l´envergure des marches des partisans de l´opposition à Sokodé, le gouvernement a trouvé un alibi de poids qui consiste à marteler nuit et jour que des armes de guerre circulent à Tchaoudjo. Et l´homme à qui le crime profite et qui est Faure Gnassingbé reprend le refrain en entonnant la même chanson. C’est tout simplement triste et ridicule!
Début Octobre à Lomé, lors des manifestations de l´opposition, des miliciens à la solde du parti UNIR, armés de machettes, de pistolets, de gourdins et de fusils ont opéré en collaboration avec les forces de l´ordre officielles en toute impunité. Personne parmi eux n´avait été arrêté et leurs armes n´avaient pas été saisies. Et nous savons que des armes de guerre ont été distribuées à certains activistes du RPT. Là, on peut parler d´armes qui circulent dans la nature. Et pourtant on continue à marcher à Lomé.
Faure Gnassingbé dit dans son interview qu’il a ses canaux d’information. S’agissant du cas des Imams dont ils parlent, ou il n’est pas bien informé, ou il est de mauvaise foi. Soit ses informateurs ne lui disent pas la vérité, soit il préfère le mensonge à la vérité, car pour le moment le mensonge l´arrange plus. Sinon le dernier prêche qui avait conduit au kidnapping de l´imam de Sokodé était transcrit en français et est accessible à tous. Alfa Hassam Mollah n’a jamais appelé au Djihad contre l’armée, ni contre les familles des militaires. Il avait appelé à ce que personne ne touche ni aux épouses, ni aux enfants des soldats qui n´auraient rien à voir avec les éventuelles exactions de leurs maris et pères.
Alfa Wahid de Bafilo fut kidnappé parce qu´il est un leader d’opinion proche du Parti National Panafricain (PNP). Nous savons aujourd´hui que l´enlèvement des deux personnalités et toutes ces affirmations fantaisistes d´appel au djihadisme font partie d´un plan bien élaboré pour anéantir le PNP et son leader Tikpi Atchadam.
«…Lors de ma récente visite à Sokodé, j´ai reçu un acceuil bienveillant, voire chaleureux qui prouve que sa population aspire à la paix et rejette la radicalisation qui mène à la violence.»
Faux!
Cette déclaration de Faure Gnassingbé dans « Jeune Afrique » n’a rien à voir avec la réalité. Mon confrère Abi Alfa dans la dernière parution de son journal « Le Rendez-Vous » parlait d´une humiliation V.I.P. de Faure à Sokodé le 25 novembre 2017:
« Il a défilé dans des rues désertes doigté de part et d’autres par des curieux moqueurs. Hué par les femmes du grand marché de la ville, les organisateurs de la visite ont dû faire précéder le cortège présidentiel par deux bus remplis pour insinuer des applaudissements par endroits. Il a quitté la ville tard dans la nuit aux environs de 20 heures….»
Le directeur de publication de « Le Rendez-Vous » en évoquant cette visite, l´a comparée au retour du meurtrier sur le lieu de son crime. Car nul n´est sans savoir que c´est une population endeuillée et sous le choc dont Faure a décidé de visiter la ville. Les habitants de Sokodé et tout Tchaoudjo sont-ils tombés sur la tête pour sortir et applaudir celui qui a décidé ou toléré l´envoi des para-commandos pour les humilier, les blesser, les tuer, les chasser de leurs maisons, violer leur intimité et détruire leurs commerces….?
Les populations de Tchaoudjo ne sont pas sorties le 25 novembre pour voir celui dont elles demandent le départ depuis le 19 Août 2017. La barbarie militaire qu´il a ordonnée et fait exécuter par son beau-frère Abalo Kadanga n´a fait qu´aggraver son cas et braquer davantage les citoyens contre sa politique.
…« il faut respecter l´État de droit. Il n´y a pas d´autres moyens d´accès à la magistrature suprême que les élections. Il faut faire confiance au peuple togolais et pour cela l´interroger plutôt que de parler à sa place.»
C’est l’une des déclarations de celui qui ose dire que l´opposition n´a pas de leçon de démocratie et de droits de l´homme à lui donner.
À propos de l’État de droit!
Monsieur le Président si le Togo était un état de droit votre frère Kpatcha ne serait plus en prison comme les tribunaux et les organisations des droits de l´homme vous l´ont conseillé. Votre entourage ne détournerait pas l´argent public pour s´enrichir en toute impunité. Vous-même n´auriez pas la possibilité de jouer avec l´argent des togolais alors que partout c’est la misère. Depuis 2005 après le massacre de centaines, sinon de milliers de togolais vous seriez en prison. Nommez-nous un seul togolais ou une seule togolaise dans votre entourage que vous avez fait juger en envoyer en prison pour mauvaise gestion. Les nouveaux milliardaires de la honte se recrutent au sein de vos collaborateurs. Vous avez fini par banaliser le népotisme. Il y a beaucoup de raisons qui sautent aux yeux de tout observateur honnête qui prouvent que le Togo n´est pas un état de droit.
Et pour les élections dont vous parlez, permettez-moi de vous dire que c´est le terrain sur lequel vous excellez, pas parce que vous êtes un démocrate, mais parce que toutes les institutions qui ont trait aux élections sont verrouillés en votre faveur. Et c´est pourquoi Tikpi Atchadam parle de margouillat qui aurait trouvé la solution pour sa queue quand il demande qu´on lui couse un pantalon.
En d´autre termes, les dictatures comme la vôtre fuient les élections bien organisées comme la peste; c´est pourquoi vous refusez de faire appliquer l´APG depuis bientôt 12 ans. Et comme le fichier électoral actuel bancal vous arrange, vous pouvez parlez d´élections. Mais sachez une chose: la coalition actuelle de l´opposition ne vous accompagnera pas dans cette voie sans issue.
« Dialogue. Tout le dialogue. Rien que le dialogue…»
Les dialogues étant devenus de simples formalités pour Faure Gnassingbé, ce n´est pas étonnant qu´il jubile en annonçant la tenue du dialogue. Lui et ses complices étant devenus maîtres dans le non-respect de la parole donnée, les leaders de l´opposition ont intérêt à se rappeler de la dangerosité de l´homme qui parle aujourd’hui presque avec empressement du dialogue. Lui qui est resté muet comme une carpe après quatre mois de crise.
Samari Tchadjobo
Allemagne
27Avril.com