« Hier comme aujourd’hui, sous le père comme sous le fils, ce régime reste fondé sur une omniprésente et sourde menace soutenant un jeu aux règles faites sur mesure pour sa perpétuation, « pile, je gagne ; face, tu perds » : un jeu sans alternance possible ; coup d’Etat permanent » (Kombaté Kwasi Néné)
Le club des chefs d’Etat de la CEDEAO ne se donne plus de répit et est sur tous les fronts. Les dirigeants consacrent leurs forces et leurs énergies à tenter de trouver une solution aux coups d’Etat qui, comme un effet domino, embrasent les pays de la région ouest-africaine. En plus des attaques terroristes, c’est un cocktail explosif qui risque de faire sombrer toute la sous-région. Comme le reconnait d’ailleurs le président ivoirien lors du huis clos des chefs d’Etat de la CEDEAO sur la crise burkinabé.
«Nous devons avoir deux priorités : tout d’abord la restauration de l’ordre constitutionnel et l’accompagnement dans la lutte contre le terrorisme pour éviter l’effondrement total du pays, ce qui constituerait une menace grave à la paix et à la sécurité dans notre région », a plaidé Alassane Dramane Ouattara. Avant de montrer ses muscles : « La rupture brusque de l’ordre constitutionnel intervenu le 24 janvier 2022 au Burkina Faso constitue une régression de la démocratie dans cet Etat qui a réalisé des progrès dans la consolidation de son indicateur institutionnel et dans la proportion des principes démocratiques. Cette rupture vient ainsi aggraver la perception des études de la démocratie dans notre région en dépit des progrès réalisés depuis plusieurs années ».
Dans une sous-région déjà meurtrie par le terrorisme, il faut l’avouer, les putschs constituent des facteurs aggravants. La crainte de la contagion jihadiste et des coups d’Etat sont bien réelles. Mais pas que. D’autres « coups d’Etat » plus pernicieux comme les tripatouillages constitutionnels couplés d’élections frauduleuses constituent également des menaces pour l’effondremement de la démocratie et du progrès dans l’espace communautaire.
Concernant les pays s’adonnent au brigandage constitutionnel et électoral comme le Togo et la Côte d’Ivoire -la Guinée d’Alpha Condé ayant connu la décadence-, le syndicat des chefs d’Etat reste curieusement muet sur ces faits graves. Deux pays qui demeurent les arrières bases de la Françafrique, des coups tordus, champs d’expérimentations anti-démocratiques dans le pré-carré français en Afrique.
La dévolution monarchique du pouvoir, le syndrome du troisième mandat, la remise de compteur à zéro avec cette nouvelle manière perfide de compter où le 3ème ou 4ème mandat devient le premier, etc. des pratiques anti-démocratiques démarrées au Togo et qui se sont répandues dans les autres pays, n’ont jamais été condamnés par la fameuse CEDEAO, adepte de la politique à géométrie variable très néfaste à l’institution.
Une situation dont s’indigne Alioune Tine, fondateur du centre de réflexion Arikajom Center. « La Cedeao, doit examiner le cas du Togo qui n’a jamais connu une alternance démocratique et où les manipulations des élections succèdent l’instrumentalisation de la Constitution. Le Laboratoire des nouvelles formes de coup d’Etat», rappelle le Sénégalais.
Le drame que vivent les Togolais depuis plus de cinq décennies ne semble guère préoccuper le club des chefs d’Etat qui en 2018, lors de la crise sociopolitique, étaient venus à Lomé épauler la plus vieille dictature en Afrique, au détriment des aspirations profondes des Togolais qui sont le seul Peuple dans la CEDEAO à ne jamais connaîre et jouir de l’alternance démocratique. C’est bien de se décarasser pour trouver des solutions aux putschs qui gangrènent certains pays, mais c’est encore mieux de mettre fin à cette dictature militaire et féroce sous laquelle ploient les Togolais depuis 55 ans.
Médard AMETEPE
Source : Liberté / libertogo.info
Source : 27Avril.com