Togo, Arnaque à grande échelle au nom de QNET : Une centaine de Togolais dans l’enfer d’Ablekuma à Accra. Des témoignages poignants

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QNET est connue comme une société de vente directe fondée en 1998 par Vijay Eswaran. Elle propose une variété de produits incluant vacances, produits d’énergie, de gestion du poids, de nutrition, de soins personnels, d’entretien domestique, de luxe, et d’accessoires de mode. La stratégie de marketing adoptée par la société suit un modèle de vente multiniveau.

QNET se trouve dans plus de 100 pays au monde. Mais certains membres de QNET de la Côte d’Ivoire, du Ghana et du Togo, pour gagner rapidement de l’argent ont trouvé un raccourci. Une grosse arnaque qui consiste à dire aux gens souvent des amis et proches qu’on leur a trouvé du boulot au Ghana. Pour ce faire, il leur faut trouver 500.000 FCFA pour venir suivre une formation à Ablekuma Keirv, une banlieue reculée d’Accra et après être engagé contre un salaire mensuel de plus de 300.000 FCFA. Sans savoir le titre de la formation et le nom de la société, ces Togolais vendent le peu de choses qu’ils ont ici, s’endettent, mobilisent 500.000 FCFA pour se rendre à Accra. Ce n’est qu’après un certain temps, qu’ils se rendent finalement compte qu’ils ont adhéré contre leur gré à QNET.

Ils sont une centaine de Togolais dans l’enfer d’Ablekuma dont une cinquantaine ont pu s’échapper pour regagner leur domicile dans la grande misère. Notre Rédaction a rencontré plusieurs victimes de cette arnaque qui terme, risque de décimer la jeunesse togolaise si rien n’est fait.

Pour mieux comprendre le système de fonctionnements nous vous proposons deux témoignages.

Témoignage de NANE Yaovi Boris

« Je réponds à l’Etat civil au nom de NANE Yaovi Boris, enseignant d’économie générale dans les lycées privés d’enseignement technique de Lomé et de ses environs. Je viens par cette présente note vous faire un témoignage d’un fait d’arnaque qui remonte au 05 Novembre jusqu’au 10 décembre 2018. Il s’agit d’un réseau de jeunes togolais des deux sexes résidant à Accra au Ghana plus précisément à Ablékuma Keirv, une banlieue très reculée d’Accra et en Côte d’Ivoire. C’était un après-midi du lundi 05 Novembre 2018 après mes cours à ITEM-Gbényédzi que M. Pascal Hadémégnon, ex-surveillant du même lycée qui avait démissionné de son poste, m’avait appelé qu’il s’est retrouvé au Ghana dans une grande compagnie américaine qui lui a ouvert ses bras et qu’il remercie le Seigneur et n’hésiterait pas à me faire appel dès que la dite compagnie va lancer son recrutement. Après quelques jours, il a demandé que j’envoie mes dossiers (carte d’identité nationale; curriculum vitae acte de naissance diplôme), le tout scanné. Comme tout le monde est en quête du meilleur dans la vie, j’ai été pris à son piège. C’est ainsi que commence le harcèlement de Pascal du 05 Novembre jusqu’au 10 décembre 2018 quand j’ai vendu ma moto et démissionné de mes cours dans mes écoles.

Une fois le dossier envoyé, on me fait maintenant part de la condition à remplir s’il arrivait que mon dossier est retenu : j’aurais à verser une somme de 550.000 francs CFA, qui constitue selon eux un forfait pour les frais de formation, l’hébergement, la restauration, l’assurance maladie et le badge d’accès au lieu de la formation. J’ai donc commencé à prier pour que mon dossier soit retenu.

C’est ainsi que le 10 décembre 2018, je me suis rendu à Accra, aussitôt à mon arrivée, mon parrain m’a directement conduit dans leur bureau pour que j’aille verser la somme de 550 000 francs CFA en même temps. C’est le soir maintenant qu’on me fit découvrir le logement : que ne fut ma frustration ! Lorsque qu’on me présente une « chambre salon » où je vis des habits sur des sacs adossés contre le mur, pas de matelas, de douche commune et WC commun. Tout le monde se couche par terre sur des nattes ou sur les draps. Alors qu’on m’avait vanté un logement décent! On me fait comprendre ensuite que mon petit déjeuner et mon déjeuner sont à ma charge. Les premiers jours c’est mon parrain qui avait pris cette charge et ensuite, je me débrouillais comme je pouvais. Seul le dîner est à leur charge, et qu’est-ce qu’on mange même ? Du riz blanc avec tomate rouge sans viande ni poisson. Le lendemain de mon arrivée, c’est-à-dire le mardi 11 décembre 2018, on me conduit au bureau pour un entretien avec le Responsable bureau et à ma grande surprise encore, ce fut un ancien camarade de Lycée – Gbényèdzi du nom de Yves Koffi ATITSO: c’est là qu’on me fait savoir que, en fait je ne suis pas venu pour travailler comme on me l’a dit mais que je suis venu pour faire du network Marketing (QNET) et que c’était une stratégie pour me faire venir à Accra. C’était du piment dans ma tête, j’étais tout en sueur, bref tout était bousillé et sombre pour moi.

Donc à mon tour je dois aussi référer deux autres personnes avec la même stratégie de mensonges pour être activé, et les deux aussi devront chacun référer à leur tour deux autres personnes et je serai à 225 dollars chaque semaine, plus la chaîne s’agrandit, plus mes commissions augmentent de 225 dollars à 450 dollars chaque semaine et ainsi de suite.

Dans un premier temps, ils vous font un lavage de cerveau avec des équipes bien organisées de jeunes gens, et du coup, vous êtes tenté de rester vu que tu as tout détruit et perdu toute forme d’espoir. J’ai galéré là-bas pendant trois mois. Au final, c’est une compatriote togolaise rencontrée au hasard qui m’a trouvé un peu de moyens pour regagner Lomé ».

Une victime peut en cacher une autre : Témoignage de OUROSAMA Yassine

Je me nomme OUROSAMA Yassine, technicien en génie des télécommunications et NTIC. Je viens par cette présente note vous faire un témoignage d’un fait d’arnaque qui remonte à février 2019. Il s’agit d’un réseau de jeunes togolais des deux sexes résidant à Accra au Ghana plus précisément à Ablékuma Kaiv et en Côte d’ivoire. C’était un soir, dans la semaine du 04 au 10 février 2019, qu’un ami m’a parlé d’une opportunité de travail au Ghana, tout de suite sans réfléchir, j’ai mordu à l’hameçon. Il m’a donc branché à un autre ami qui était déjà au Ghana. Je suis donc entré en communication avec ce dernier et il m’a demandé de scanner et d’envoyer mon dossier qui était composé de :

– ma carte d’identité nationale
– mon curriculum vitae
– mon acte de naissance
– mon diplôme

Une fois le dossier envoyé, on me fait maintenant part de la condition à remplir s’il arrivait que mon dossier est retenu :  » j’aurais à verser une somme de 550.000 francs CFA, qui constitue selon eux un forfait pour les frais de formation, l’hébergement, la restauration, l’assurance maladie et le badge d’accès au lieu de la formation. J’ai donc commencé à prier pour que mon dossier soit retenu.

Le 20 février 2019 vers 16h00, j’ai reçu un appel en provenance du Ghana, me disant que mon dossier a été retenu.

C’est ainsi que le 25 février 2019, je me suis rendu à Accra, aussitôt à mon arrivée, mon parrain m’a directement conduit dans leur bureau pour que j’aille verser la somme de 550000 francs CFA en même temps. C’est le soir maintenant qu’on me fit découvrir le logement : que ne fut pas ma frustration ! Lorsque qu’on me présente une «chambre salon » où je vis des habits sur des sacs adossés contre le mur, pas de matelas, des douches communes et WC communs. Tout le monde se couche par terre sur des nattes. Alors qu’on m’avait vanté un logement décent ! On me fait comprendre ensuite que mon petit déjeuner et mon déjeuner sont à ma charge. Les premiers jours, c’est mon parrain qui avait pris cette charge et ensuite, je me débrouillais comme je pouvais. Seul le diner est à leur charge, et qu’est-ce qu’on mange même ? Du riz blanc et quelquefois mélangé avec le haricot!

Le lendemain de mon arrivée, c’est-à-dire le mardi 26 février 2019, on me conduit au bureau pour un entretien avec le Directeur : c’est là qu’on me fait savoir que, en fait je ne suis pas venu pour travailler comme on me l’a dit mais que je suis venu pour faire du network Marketing (QNET) et que c’était une stratégie pour me faire venir à Accra. C’était du piment dans mon cœur.

Donc à mon tour, je devais aussi référer avec la même stratégie de mensonge pour être activé, deux autres personnes à Accra, et les deux aussi devront chacun référer deux autres personnes, plus la chaîne s’agrandit, plus vous aurez des commissions et ça s’arrête là.

Dans un premier temps, ils vous font un lavage de cerveau, et du coup, vous êtes tenté de rester.

Moi personnellement et d’autres amis victimes comme AGUIDIGBA Koffi Géraud, KOUTOUNIN Akimou, ATAROUWA Mohamed Roufaï, ALIDOU Fahizou, BOUKARI Mémouna de cette arnaque avions pris la décision de revenir au pays et de dénoncer cette nouvelle forme d’arnaque».

De retour à Lomé, Ourosama et ses amis s’étaient rendus au Commissariat d’AgoèNyivé. Curieusement, aucune suite n’a été donnée à leurs plaintes.

Apparemment, la pratique serait méconnue du Représentant de QNET au Togo Dieudonné Kassiki

« Je ne suis pas au courant de cette affaire. Ces pratiques sont sévèrement interdites. C’est à mon grand étonnement. Je ne sais pas qu’il y a des Togolais qui résident à Accra et qui font de ces pratiques. Merci pour l’information. Personnellement, je suis contre un Togolais qui va se déplacer hors du pays au nom de QNET. Il y a un problème. QNET se fait partout. Même si on est en prison, dans un commissariat, dans votre voiture, partout vous pouvez faire votre business. QNET, c’est la vente des produits. Je suis surpris de comprendre que les gens continuent de croire qu’il faut forcément envoyer un CV pour un recrutement. QNET ne fait pas de recrutement. Ce n’est pas notre système de fonctionnement, ce n’est pas notre déontologie. C’est une simple arnaque. Je vais remonter l’information à la structure que je représente. Je vais rencontrer aussi ceux qui sont revenus pour voir comment cela s’est passé et voir ce qu’il faut faire. Je n’ai pas de mandat pour agir jusqu’au Ghana », a-t-il expliqué à la Rédaction.

Mais d’autres sources assurent que ceux qui dirigent les sessions de formation à Accra sont bien connus de QNET au Togo. A suivre.

La Rédaction

Source : Le Correcteur

27Avril.com