Depuis samedi 26 novembre 2022 le petit monde politique togolais est en ébullition, et pour cause! Lors des funérailles du 1er vice-président de l´Alliance Nationale pour le Changement (ANC), Monsieur Patrick Lawson, les déclarations scandaleuses pour les uns, normales pour les autres (c´est selon) de Gilbert Bawara, un ministre du gouvernement togolais.
Qu´est-ce qui a pu bien se passer pour que cet après-midi qui devrait être un moment tranquille de recueillement et de prière pour le repos de l´âme de l´homme politique soit transformée en une occasion d´une polémique qui ne dit pas on nom? Pourquoi Gilbert Bawara, en rendant hommage à «son ami» Patrick avait dû ou voulu prononcer ces quelques phrases de trop pour les responsables et sympathisants de l´ANC et qui les mirent dans tous leurs états? Gilbert Bawara avait-il commis une faute en se comportant ainsi? Fallait-il inviter aux funérailles d´un opposant cet échantillon des inconditionnels du régime de dictature Gnassingbé? Voilà quelques-unes des questions que beaucoup de Togolais se posent depuis une semaine et qui font que chacun va de son petit commentaire.
Tout d´abord en tant qu´opposant, il n´est pas du tout interdit d´avoir des parents, des amis ou des anciennes connaissances au sein des supporters ou profiteurs du régime de dictature. Il doit être possible aux anciens amis de lycée ou de campus, aux enseignants de retrouver leurs anciens élèves ou étudiants et vice-versa. Dans une même famille, et ça doit être souvent le cas au Togo, peuvent cohabiter opposants au régime et fanatiques supporters du statu quo; mais seulement, l´opposant, dans ses relations avec un tel personnage doit savoir où s´arrêter; il doit pouvoir mettre les garde-fous pour savoir quelles discussions aborder et lesquelles non, si elles n´aboutiraient à rien de consrtuctif, et surtout si elles ne risqueraient pas de le compromettre en tant qu´opposant dans son intégrité. Il y va de même pour d´éventuels avantages, financiers ou autres, qu´un opposant pourrait être amené à recevoir d´un ou des responsables du régime qu´il combat; ici aussi une très grande prudence doit être de mise pour ne pas tomber dans un piège qui risquerait de nuire à sa crédibilité et surtout à sa sincèrité d´opposant. Une telle imprudence peut donner lieu à un flou et être source de rumeurs de toutes sortes, et peut mener à une situation d´embarras total où on est totalement désarmé pour répondre de façon cohérente à ses détracteurs. Et c´est ce qui se passe aujourd´hui avec nos amis de l´ANC, après le coup de gueule bien préparé de Gilbert Bawara. Et il est très important de préciser ici que nous sommes en train de parler du comportement de l´opposant face aux caciques du pouvoir dans les régimes de dictature comme celui que nous avons au Togo, où ceux qui sont au pouvoir considèrent la chose politique comme une question de vie ou de mort, et où les adversaires politiques, les opposants, sont considérés comme des ennemis à abattre et traités comme tels.
Gilbert Bawara était bien sûr dans son rôle en faisant de telles déclarations. Il était dans son rôle de défenseur et surtout de profiteur du régime de dictature auquel il appartient. Le ministre originaire de Doufelgou, malin comme un lièvre, savait très bien ce qu´il faisait. La situation de léthargie actuelle de l´opposition togolaise arrange bien Gilbert Bawara et ses amis. Il va de soi que la guerre larvée, la crise de confiance qui couvent au sein de l´opposition et le fait que depuis la dislocation de la C14 et surtout depuis les fameuses élections présidentielles de février 2020, les responsables de l´ANC et ceux de la DMK se regardent en chiens de faïence, n´aient pas échappé à Gilbert Bawara. Que le ministre du gouvernement togolais ait voulu cogner encore plus fort sur la formation orange pour aggraver les dissensions entre les principaux poids lourds de l´opposition togolaise, est de bonne guerre du point de vue du régime au pouvoir.
Et ce ne sont pas les chantiers qui attendent l´opposition qui manquent, et qui pourraient constituer une aubaine pour Jean-Pierre Fabre et ses collaborateurs pour reprendre le devant et faire mentir leurs détracteurs en montrant qu´ils sont toujours dans la peau du chef de fil de l´opposition qu´ils étaient il n´y a pas longtemps. La libération des prisonniers politiques, le rerour des réfugiés politiques, dont surtout Monseigneur Kpodzro, l´union de l´opposition pour faire bloc et reprendre véritablement la lutte pour la libération du Togo. Voilà les défis qui constituent le terrain idéal pour les chefs de l´ANC pour prouver qu´ils font encore totalement partie du groupe et qu´ils restent l´un des plus grands partis politiques de l´opposition, capable de mobiliser plusieurs milliers de Togolais. C´est la manière dont les responsables de l´Alliance Nationale pour le Changement (ANC) tenteront de surmonter la petite crise qu´ils traversent, qui fera en sorte que leur crédibilité, aujourd´hui écorchée aux yeux de beaucoup de Togolais, sera rétablie.
Samari Tchadjobo
Allemagne
Source : icilome.com