Togo: Après la Terreur, le régime RPT-UNIR Initie la Stratégie du Débauchage des cadres de l’Opposition. Cas de l’ANC.

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Joseph Koamy Gloékpo Gomado

«…Le règne de la violence et de l’argent supprime le discours politique et aliène la souveraineté qui est l’expression de la volonté générale. Seule la volonté générale peut diriger l’état selon le bien commun. Ceci est le fondement même de la démocratie, perpétuel marchandage qui assure la régulation de la société. Cette régulation de la société est une prérogative réservée exclusivement à l’état qui doit l’assurer dans l’harmonie, la justice sans la misère et l’oppression du peuple. Malheureusement dans notre pays une misère persistante aurait étouffé dans l’esprit de certains l’aspiration à la liberté.«Les privations de liberté accroissent rarement la sécurité». Nous devons éviter de laisser aux opposants le choix entre une collaboration «alimentaire» et la lutte armée. Nous devons aussi rompre définitivement avec cette idée que l’on peut entrer en politique pour s’enrichir…» (Elliot Ohin, 2ème vice-président de l’UFC, en août 2024)

«Collaboration alimentaire», voilà l’expression qui fait des ravages au sein d’une opposition bâillonnée, persécutée, appauvrie par un régime méchant, très méchant; et ce depuis des décennies. En effet, le malsain manège ou la criminelle stratégie fut activée à plusieurs reprises avec la création «du parti des malheurs» UNIR qui remplaça l’autre «parti des malheurs» RPT. Et la victime qui saigna le plus fut la formation politique de Me Yawovi Agboyibo, le CAR. Plusieurs cadres de ce parti avaient rejoint UNIR, parce qu’on estimait que c’est un nouveau parti et qu’il est à tout point de vue différent du RPT. Mais aujourd’hui tout le monde se rend compte que c’est du pareil au même et que le dicton Tem selon lequel il serait illusoire de vouloir mieux faire les choses en «vendant le chien pour acheter le singe», s’applique parfaitement et malheureusement à cette situation.

Aujourd’hui c’est au tour de l’Alliance Nationale pour le Changement (ANC), la formation politique dirigée par Jean-Pierre Fabre, de faire la Une de l’actualité togolaise, parce que victime du départ imprévu et surtout à l’insu des premiers responsables de ce parti de l’opposition, d’un cadre pour rejoindre avec armes et bagages le régime de dictature. En effet, dans le nouveau gouvernement de Madame Victoire Tomégah-Dogbé, dit de transition, figure en bonne place le nom de Monsieur Joseph Koamy Gloékpo GOMADO comme ministre de l’aménagement et du développement des territoires. « L’ANC déplore et condamne le comportement de M. Joseph Koamy Gloékpo GOMADO, qui a succombé au chant des sirènes en rejoignant le camp de l’oppresseur. Ce faisant, il rompt avec le parti qui l’a désigné pour le représenter à la Commune de Golfe 1 ». « En tournant ainsi le dos à ses engagements envers le parti, M. Gomado commet une faute lourde, passible de sanctions. Une procédure disciplinaire conséquente est donc ouverte contre M. GOMADO pour permettre au Bureau National de prononcer formellement à son encontre, l’une des sanctions prévues par les statuts et comprenant l’exclusion définitive ». lit-on dans un communiqué du parti signé par son président, Jean-Pierre Fabre.

Les premiers responsables, les militants de l’ANC, tous les Togolais sympathisants de l’opposition et toute l’opposition dans son ensemble, que ce soit au pays ou dans la diaspora, n’ont pas fini de digérer cette amère pillule, de s’étonner et de se poser des questions sur le pourquoi et comment de ce coup de sabots de Monsieur Gomado à sa formation politique, qu’un autre cadre, professeur de lycée de son état, en l’occurence, Monsieur ANAWI Akilesso Jean, envoie une lettre de démission au président national de la formation orange. M. Anawi dit avoir pris la décision de quitter l’ANC pour se consacrer à ce qu’il appelle «la refondation du Togo par Faure Gnassingbé». Une cascade de départs qui viennent affaiblir une formation politique déjà mal en point, surtout après la mascarade d’élections législatives et régionales du 29 avril 2024, où les responsables de l’ANC avaient sans doute hésité entre siéger au parlement personnel de Faure Gnassingbé ou ne pas siéger. Et finalement ils avaient opté pour la seconde possibilité, à savoir, ne pas aller occuper le seul siège que le régime Gnassingbé avait eu la magnanimité de leur accorder, parmi les 5 (cinq) sièges de l’opposition sur un total de 113. Et personne n’avait su comment cette décision avait été prise. Était-ce à l’unanimité, ou certains devaient l’accepter sans broncher avec des grincements de dents?

Ce qui est aujourd’hui sûr et connu de tous depuis quelques jours, c’est qu’à l’ANC il y a des brebis galeuses pour qui la discipline vis-à-vis des textes du parti n’est pas forcément le point fort. Monsieur Gomado, maire à la tête de la commune du Golfe 1, n’est ou n’était donc pas n’importe qui au sein de la formation orange, avant de décider de son propre gré de se faire nommer ministre au sein d’un gouvernement sous la férule d’un régime que sa formation politique d’origine combat en tant qu’opposition. Le désormais ministre de l’aménagement et du développement des territoires de Faure Gnassingbé savait très bien ce qu’il faisait en négociant dans la clandestinité avec les responsables du régime Gnassingbé qu’il prétendait combattre, avant sa nomination et avant la publication de la liste des membres du nouveau gouvernement Victoire Tomégah-Dogbé. Nous pouvons dire sans nous tromper que c’est en son âme et conscience que le maire ANC du Golfe 1 a décidé de rejoindre «l’ennemi» avec armes et bagages. Et le cas concernant notre professeur au lycée d’Agou, M. ANAWI Akilesso Jean, qui a envoyé une lettre de démission au premier responsable de l’ANC pour lui signifier son départ, ajouté au comportement de M. Joseph Koamy Gloékpo GOMADO, sont deux situations qui n’arrangent en rien la formation orange ou l’opposition.

Ça sent le suspect et le roussi et beaucoup n’hésitent pas, à commencer par les responsables de l’ANC, directement concernés, à pointer du doigt le régime Gnassingbé d’en face pour ses agissements pas très catholiques dans un passé récent et aujourd’hui, qui avaient toujours consisté et consistent à affaiblir ou à décapiter une opposition togolaise engluée dans ses contradictions. Le régime de dictature cinquantenaire du Togo doit sa longévité au pouvoir grâce à la répression impitoyable de l’opposition aussi bien au pays que dans la diaspora. Les assassinats d’opposants au Togo ou en exil sont monnaie courante, et plusieurs dizaines de prisonniers politiques, dont le propre frère du dictateur, croupissent depuis plusieurs années. En dehors de cette persécution classique propre aux régimes de dictature, le régime RPT-UNIR des Gnassingbé s’est aussi et surtout spécialisé dans des actions qui consistent à semer la zizanie, la mésentente et la division au sein des partis politiques de la vraie opposition. Ces actions sont diverses et peuvent se traduire par l’infiltration des formations politiques par de faux militants qui ne sont autres que des agents du pouvoir envoyés là pour recueillir les informations qu’ils estiment à même de prévenir une action de l’opposition ou un soulèvement populaire, ou pour poser des actes au moment opportun et créer le scandale qui déstabiliserait la formation politique de l’opposition en question, comme c’est le cas aujourd’hui à l’ANC.

«Les coups politiques, les débauchages et les achats de consciences, la corruption et les violations permanentes de la Constitution et des lois ne construisent pas notre pays qui a plutôt besoin de vision, de cohérence et de rigueur pour assurer son développement.» Ce constat du président de l’ANC, Monsieur Jean-Pierre Fabre, est plus que pertinent. Mais il n’empêche pas Faure Gnassingbé de continuer à commettre toutes les violations possibles pour son rêve d’un règne à vie, tant que la vraie opposition ne s’entendra pas pour organiser le peuple et l’arrêter dans sa course folle.

Samari Tchadjobo
Allemagne

Source : 27Avril.com