L’histoire est un miroir : elle montre les erreurs à ne plus commettre, mais aussi les espoirs à raviver. En décembre 1991, un coup de force militaire mettait un terme brutal aux espoirs de transition démocratique amorcés lors de la Conférence nationale. Près de trois décennies plus tard, le pouvoir reste dans les mêmes mains, tandis que le pays peine à se libérer des entraves à son développement. Les Togolais ont-ils tiré des leçons de cet événement douloureux ?
Le 2 décembre 1991, l’espoir d’un renouveau démocratique au Togo subit un coup sévère. Des militaires fidèles au président Gnassingbé Eyadéma encerclent le siège du gouvernement dirigé par le Premier ministre Joseph Kokou Koffigoh.
Cette action s’inscrit dans un contexte de tension : quatre mois plus tôt, la Conférence nationale, moment historique, avait proclamé l’instauration d’une transition démocratique avec de nouvelles institutions.
Cependant, cette tentative de démocratisation s’est heurtée à l’intransigeance d’un appareil militaire attaché au statu quo. Déjà le 28 novembre, les militaires réclamaient la démission du gouvernement.
Retranché chez lui, le Premier ministre avait sollicité l’aide des troupes françaises pour rétablir l’ordre, mais Paris s’était limité à des gestes symboliques, en déployant des forces au Bénin voisin tout en appelant à une résolution pacifique du conflit.
Le 3 décembre, les militaires annoncent l’arrestation de Joseph Koffigoh. Contraint par les circonstances et pour éviter un bain de sang, selon ses propres propos, le Premier ministre accepte de suspendre le programme de transition. Cet épisode marque un tournant sombre : loin de conduire à une alternance démocratique, le Togo entre dans une phase de consolidation autoritaire.
Depuis ce coup de force, le pouvoir n’a jamais changé de camp. Eyadéma est resté à la tête du pays jusqu’à sa mort en 2005, avant que son fils, Faure Gnassingbé, lui succède dans des conditions controversées. Malgré des apparences de multipartisme, les processus électoraux restent souvent entachés d’irrégularités, et l’opposition peine à se faire entendre.
Sur le plan économique, le pays peine également à décoller. La pauvreté demeure endémique, les infrastructures restent précaires, et les jeunes peinent à trouver un emploi décent. Les ambitions de transformation économique sont régulièrement contrecarrées par une gouvernance opaque et un climat sociopolitique tendu.
En décembre 1991, les Togolais rêvaient d’une transition démocratique porteuse de progrès. Trente-trois ans plus tard, le pays semble toujours figé dans les mêmes travers.
Ce rappel historique invite à réfléchir sur les chemins à emprunter pour que le rêve démocratique se concrétise enfin, avec des institutions solides, une justice équitable et un développement inclusif.
François Bangane
Source: lalternative.info
Source : 27Avril.com