Dans son message de vœux de nouvel an, Aimé Gogué de l’Alliance des Démocrates pour un Développement Intégral (ADDI), lance un appel à tous les Togolais en lutte pour l’alternance politique. L’universitaire précise que son parti ne manquera pas les prochaines élections régionales. Il exige, dans la foulée, la libérations de tous les prisonniers politiques du pays. Lecture.
Politique et vie du parti ADDI
Vous savez qu’on ne peut pas dissocier la vie du parti à l’environnement sociopolitique dans le pays. Il faut remonter un peu à 2020 avec le COVID, le terrorisme, l’état d’urgence dans les Savanes. Il faut mettre ça dans un environnement qui a impacté la vie du parti et on n’oublie pas la loi sur les manifestations publiques et leur application et puis le zèle des autorités administratives locales. Donc ceci a impacté non seulement la vie du parti mais aussi celui de tous les autres. Lorsque l’environnement change il faut s’adapter ,ce qui explique un peu le fait que le parti n’ait pas mené des activités traditionnelles comme on le faisait avant, les grandes manifestations, les meetings…. donc on a profité pour faire une rétrospection et faire une analyse de notre vie , ensuite restructurer et redynamiser les instances du parti et sensibiliser la population ,les militants d’abord et surtout la jeunesse et particulièrement les étudiants parce qu’on prépare aussi la relève, le rajeunissement du parti. Il n’y a pas eu des activités comme avant, mais quand même nous avons formé les jeunes militants du parti.
Nous avons mis en place pour ce qui concerne les congrès, un comité qui y travaille sérieusement. Nous avions prévu faire le congrès l’année dernière mais vous savez j’ai été très absent et puis comme je le disais, à cause des problèmes cités plus haut, nous n’avons pas fait de grandes manifestations, mais nous savons qu’il y a des choses à faire, il faut relecture des textes, changer les organes et nous pensons le faire cette année.
Nous sommes très satisfaits parce que vous savez depuis les élections de 2020, on pensait que les Togolais de désintéressaient de la politique et effectivement on n’avait plus confiance aux leaders de l’opposition mais nous avons constaté surtout lorsque nous avons commencé à travailler l’année dernière avec les jeunes et les étudiants, nous avons constaté que les jeunes sont prêts à mouiller le maillot comme on le dit.
Situation socioéconomique
Comme je le disais, peut-être il y a des bases, mais en même temps on pense qu’il y a eu des excès. Avec le COVID, disons en 2022 cela a un peu diminué l’état d’urgence sanitaire, mais nous pensons qu’il y a eu une interprétation trop restrictive de la loi réglementant les activités politiques du pays. Il y a des détenus, on dit qu’au Togo il n’y a pas de détenus politiques, disons qu’il y a des détenus ayant été arrêtés suite aux manifestations de 2017-2018-2019, même certains ont été arrêtés après, mais on dit qu’au Togo il n’y a pas de détenus politiques. La vie chère est aussi un impact de la crise. Le gouvernement a pris des mesures que nous connaissons tous mais deux problèmes y sont liés. D’abord, les mesures prises par le gouvernement sont faibles par rapport aux mesures prises par plusieurs pays de la sous-région ; ensuite, les bénéficiaires de ces mesures sont limités parce que généralement c’est les gens impliqués dans les secteurs modernes, surtout les fonctionnaires, les gens du secteur privé organisé alors que les autres qui sont de plus de 80% de la population ne sont pas tellement impactés par ces mesures.
Sécurité nationale
J’ai été très bon surpris par la réaction de la population d’un côté et de l’autre il semble y avoir une scission dans le pays. J’ai trouvé des jeunes à qui j’ai demandé ce qu’ils pensaient et ils m’ont répondu qu’ils sont en gros satisfaits. Le phénomène existe actuellement. Les gens m’ont dit c’est une bonne chose quand on tue les militaires. C’est très inquiétant et ce sentiment est très grave. Même ces jours-ci j’ai constaté que bien des gens que je pensais un peu réfléchis parce qu’ayant subis des sévices des militaires donc ça c’est un peu dangereux dans un pays. C’est vrai que nos forces de défense et de sécurité n’ont pas été exemplaires dans le maintien de l’ordre. Ils ont un peu exagéré dans le traitement avec la population lors des manifestations mais de là à ne pas reconnaître le fait qu’ils soient aussi là pour la défense de l’intégralité territoriale, ça m’inquiète. Ce que je lance comme Appel c’est que nous devons reconnaître que le Togo est un et que chacun doit jouer son rôle. Il faut améliorer les rapports entre forces de sécurité qui ont besoin d’un soutien moral et matériel au niveau du gouvernement pour faire le travail et nous devons améliorer cette communication entre armée et population et ce rôle doit pouvoir être joué par le gouvernement sans quoi ça ne pourrait pas aller. Kpendjal, c’est un peu un grenier du pays. Malheureusement, les gens ont été déplacés durant la saison des pluies. Cela veut dire qu’ils n’ont pas produit. D’abord, eux-mêmes sont directement impactés tout comme le pays au même moment, car il y a eu déficit de production et aussi c’est sûr qu’ils pensaient peut être recevoir des citoyens pendant quelques mois mais vous voyez que ça dure, donc ils n’étaient pas préparés pour ça, c’était une surprise mais il faut quand même que la population soit confiante et que nous nous constituions encore pour lutter contre cela. Je dis surtout à nos concitoyens qui ont eu des problèmes avec l’armée qu’il faut qu’ils comprennent que nous avons besoin d’être un et que le gouvernement comprenne vraiment que les forces de défense et sécurité sont là pour protéger la population et l’intégrité territoriale et non protéger un régime.
Situation politique nationale
L’ADDI participe au cadre permanent de concertation (CPC). À mon retour, moi-même j’ai assisté à certaines réunions. En gros, l’esprit est bon mais en pratique je ne suis pas très satisfait des travaux. On ne sent pas qu’on accorde à cette instance l’importance qu’elle doit avoir, car on peut dire que c’est tous les leaders qui y sont. Certes il y a certains partis politiques qui ont refusé de s’y impliquer mais ceux qui y sont, en principe, représentant quelque chose. C’est vrai qu’on fait des réunions mais il y a beaucoup de choses à y revoir et puis les thèmes aussi ne sont parfois pas au niveau du CPC. Le CPC étant un organe très important, il faudrait aborder des thèmes beaucoup plus importants pour la vie du pays.
L’ADDI a toujours lutté pour un dialogue inclusif national comme le dit l’adage « le linge sale se lave en famille ». Pour l’ADDI, c’est notre crédo. Donc s’il y a un problème interne, il faut que nous en discutions au niveau interne. Le fait que le CPC ait été créé est une bonne chose mais il ne faut pas qu’il soit un faire-valoir, mais il doit être là pour discuter des problèmes très sérieux. Il faut que les partis soient écoutés.
Perspectives d’avenir
En 2023, nos activités seront les congrès d’abord et ensuite poursuivre les politiques de sensibilisation de formation, de recrutement des gens.Nous serons aux élections mais nous allons continuer à lutter pour l’amélioration du cadre. Il faut que la population sache le sens des élections. Vous ne pouvez aller mettre votre bulletin dans l’urne et penser que c’est fini. Dans notre pays il y a des irrégularités et il faut que la population une fois après avoir voté demeure sur place pour travailler pour constater que leur vote a été certainement pris en compte.
Il faut peut-être penser à un moment coupler, car ça coûte très cher les élections en les couplant, ça peut nous revenir moins chère. Comme on a fait le processus de communalisation totale, on se pose des questions sur la nécessité de cet autre niveau de décentralisation. Mais je me demande avec les ressources, surtout avec la crise, si on ne pouvait pas allouer ces ressources à ça puisqu’on a déjà fait des élections municipales. Même si c’est inscrit dans la constitution actuellement on n’a pas d’obligation de calendrier pour le réaliser. Pour nous, peut être vaut mieux ne pas faire les élections régionales mais si on le fait on y sera.
Nous sommes en solo pour le moment, mais si c’est possible de faire coalition c’est une bonne chose, même si nous avons des militants là-bas, nos militants peuvent aider les candidats de l’opposition à se faire élire.
On sent le regain de l’intérieur, ce n’est pas dans notre philosophie, nos chaînes de valeur et je crois que si on peut réussir à moins d’intolérance ça peut aider. Je souhaiterais que les Togolais deviennent moins intolérants et aussi qu’il y ait moins de politisation de la vie ; vous n’êtes pas du parti Unir c’est l’exclusion totale, ça c’est lié au problème d’intolérance dont je parle et je crois qu’il faut faire un effort sérieux pour ça. C’est vrai qu’ils sont au pouvoir, mais il ne faudrait pas qu’ils en profitent pour s’accaparer de tout. Ce point est très capital. On atteint un degré de politisation inimaginable lorsque des idées proviennent de quelqu’un de l’opposition c’est fini. On sait que la partisannerie existe dans tous les pays mais quand même au Togo c’est la catastrophe.
Nous avons dit que le gouvernement a pris des mesures. Il faut qu’il s’intéresse à la totalité de la population, car nous l’avons dit, les mesures prises ne concernent que les 20% de la population, il faut penser à l’étendre. Il faut améliorer la communication , améliorer les conditions de travail des militaires qui sont sur le terrain parce qu’ils ont besoin d’être soutenus par la population mais aussi d’avoir besoin d’être soutenu par la population mais aussi d’avoir les moyens suffisants pour pouvoir contrer ces types de guerres. Les rapports entre la population et l’armée, j’ose espérer que le gouvernement intervienne pour que ce soit amélioré. Le problème de terrorisme, il ne faut pas qu’on dise seulement que c’est au Nord, c’est possible que les cellules dormantes soient déjà partout dans le pays donc il faut que nous prenions ça comme un problème de l’ensemble du pays, que ça nous concerne tous en soutenant l’armée tout en espérant que l’armée aussi comprenne qu’elle a besoin de cette population pour pouvoir travailler.
Appel à la nation et aux militants
Aux militants c’est de travailler pour la sensibilisation, travailler pour l’unité nationale. Que la jeunesse s’implique un peu plus dans la vie politique se renouvelle. Mais en attendant qu’elle ne se renouvelle, je les implore à faire confiance aux leaders politiques qui existent actuellement. Que ceux qui ont été arrêtés suite aux manifestations de 2017-2018-2019 et après soient libérés afin qu’ils puissent dans le même cadre fêter avec leur famille.
Vœux pour 2023
Mes vœux de santé, de bonheur et moins d’intolérance et aussi continuer les efforts de sensibilisation, d’expliquer la vie communautaire, le vivre ensemble à tous les Togolais et je souhaite quand même que 2023 serait l’année où on va commencer par voir le début de la fin de la crise togolaise.
À tous, bonne et heureuse année 2023, bonheur, santé …
Source : icilome.com