Togo, Agbéyomé et la dynamique Kpodzro : La vendetta politique de Faure Gnassingbé

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La vengeance est un plat qui se mande à froid. Faure Gnassingbé l’a compris et est en train de prendre manifestement deux mois après la présidentielle du 22 février sa revanche sur Agbéyomé Kodjo et les siens. Une opération décapitation de la dynamique Kpodzro qui ne dit pas son nom semble avoir débuté. La vendetta politique, c’est le même sort qui a toujours été réservé à tous ceux lorgnent le fauteuil personnel du « Prince » et l’enquiquinent.

Les conditions dans lesquelles Agbéyomé Kodjo a été appréhendé mardi continuent de choquer. Sur le plan interne, les dénonciations de la classe politique, des défenseurs des droits de l’Homme, de la société civile, des églises se poursuivent. Selon les indiscrétions, les pressions internationales aussi se multiplient pour sa libération, loin des yeux et des oreilles indiscrets. Mais en attendant un dénouement favorable très hypothétique, mais peut-être possible grâce aux démarches que s’engagent à mener les églises catholique, évangélique presbytérienne et méthodiste, le « champion » a manifestement débuté sa vendetta politique, sa chasse aux sorcières.C’est ce qui est manifeste dans les convocations tous azimuts des autres leaders de la dynamique Kpodzro.

Le directeur de campagne et le porte-parole du candidat Agbéyome Kodjo, Fulbert Attisso et Mme Brigitte Adjamagbo-Johnson étaient au Service central de recherches et d’investigations criminelles (SCRIC) hier jeudi à 9 heures. Certainement pas pour les beaux yeux de l’officier en charge de ce service et du Procureur de la République. Mgr Philippe Fanoko Kpodzro, lui, a été relâché mardi à cause de son âge. Allé rendre visite à son filleul mercredi, l’archevêque émérite de Lomé a été soumis à un interrogatoire de deux (02) heures par le SCRIC sous prétexte qu’il était prévu de le convoquer, gardé dans les locaux jusqu’à 22 heures avant d’être autorisé à partir. Il faut au contraire redouter que d’autres convocations ne soient adressées au reste des leaders des partis membres de la dynamique.

Le « Prince » voudrait prêter serment le 3 mai prochain et il faut éliminer tous les risques possibles. La meilleure des manières, c’est de décapiter la dynamique Kpodzro. D’où la convocation des autres acteurs principaux aussi au SCRIC. La vengeance est l’action, dans le cadre d’une justice privée, de nuire à une autre personne ou à un groupe dans le but de punir ou d’obtenir réparation d’un acte considéré comme offensant (meurtre, insulte, trahison, vol,..), nous apprend wikipedia. Le « champion » est dans cette disposition d’esprit. « Faure veut Agbéyomé mort ou vif », a écrit Carmel Max-Savi, le directeur de la communication du candidat Agbéyomé Kodjo, dans son récit de l’assaut de mardi pour son arrestation.

Tout a été fait, comme si c’était une urgence de l’arrêter absolument ce mardi-là, au risque de voir le soleil refuser de se lever le lendemain. On a utilisé les moyens de guerre, des unités spécialisées de l’armée, des drones, organisé une mission à la Kifer Sutherland dans la série américaine à suspense « 24 Heures Chrono », plus connu sous le pseudo Jack Bauer. Le régime a usé de brutalité outrancière, violentant, menottant et embarquant toute la maisonnée d’Agbéyomé Kodjo, journaliste et défenseurs des droits de l’Homme venus faire du monitoring y compris. Mais depuis qu’il est arrêté, le « Président élu » n’est pas encore présenté au Procureur de la République.

C’est avec célérité que le sort d’Agbéyomé Kodjo a été scellé. Mais les auteurs des tueries de 2005 sont là, peinards, de même que ceux des manifestations de 2017. Que dire des véritables auteurs des incendies ? Et les infanticides(Anselme Sinandaré, Douti Sinanlengue, Jojo Zoumeke, Agrignah Razak, Abdoulaye, Moufidou Idrissou, etc.) ? Quid des responsables des détournements de fonds des chantiers de BTP, des dossiers des CAN et consorts ? Tout ce beau monde est laissé en paix.

Le « Prince » se révèle finalement un spécialiste de la vendetta politique. Il digère mal qu’on lorgne son trône privé (sic). Les incendies des marchés ont été organisés pour coincer l’opposition très active à l’époque au sein du Collectif « Sauvons le Togo » et qui donnait du fil à retordre au pouvoir en place à travers des manifestations d’ampleur. Tikpi Atchadam, qui a failli lui enlever l’objet le plus cher à ses yeux,le pouvoir, est contraint de suivre l’actualité au Togo de loin, en exil, et de se contenter des audio pour maintenir le contact.

Même les anciens produits du régime n’ont pas le droit d’avoir des ambitions présidentielles. Kpatcha Gnassingbé en sait quelque chose. Coffré depuis le 15 avril 2009 dans l’affaire de tentative de coup d’Etat, après une opération durant laquelle il n’eut la vie sauve que grâce à son demi-frère Rock Gnassingbé, à l’époque à la tête du Régiment blindé de reconnaissance et d’appui (RBRA), il est toujours détenu à la prison civile de Lomé. Plusieurs démarches ont été effectuées par les dignitaires de l’église catholique dont Mgr Philippe Fanoko Kpodzro, Nicodème Barrigah, les chefs coutumiers de Pya, et même des chefs d’Etats africains pour intercéder auprès de Faure pour la libération de son demi-frère. Mais tous ont « tapé poteau », pour parler ivoirien.

Pascal Bodjona a payé ses ambitions présidentielles réelles ou présumées par un séjour de plus de deux (02) ans en prison. L’affaire d’escroquerie internationale n’était qu’un cache-sexe. Après ces vicissitudes, et groggy, l’ancien ministre de l’Administration territoriale, Directeur de Cabinet de Faure Gnassingbé, manifestement groggy, semble avoir ravalé ses ambitions politiques. François Bokoaussi est contraint de suivre de loin l’actualité de son pays, depuis son exil parisien. Alors qu’il avait eu toutes les assurances de la part de ses anciens amis, il s’est finalement vu refuser au dernier moment l’autorisation de fouler le sol togolais. La raison était très simple, il représentait une menace pour le fauteuil du « Prince »…

Tino Kossi

Source : Liberté

Source : 27Avril.com