Togo, Affaire de 500 000 FCFA des candidats au rapatriement : Quand la gestion de coronavirus vire à l’escroquerie gouvernementale

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Les ministres de la Sécurité et la Protection civile Damehame Yark (g) et des Affaires Étrangères Robert Dussey

La gestion de la riposte contre la pandémie à coronavirus a débouché sur des scandales non élucidés à ce jour. Il s’agit en l’occurrence des respirateurs artificiels de qualité douteuse et le projet de 5 millions de masques chirurgicaux dans le cadre de la reprise partielle des cours dans les établissements scolaires au Togo.

Pendant ce temps, la gestion des Togolais revenus de l’étranger prend une allure inquiétante. Le ministre des Affaires Etrangères, de l’Intégration Africaine et des Togolais de l’Extérieur Robert Komlan Dussey a, dans une correspondance en date du 26 juin dernier adressée aux missions diplomatiques et consulaires du Togo, donné les précisions sur les nouvelles mesures de la mise en quarantaine des candidats au rapatriement.

« Je vous demande de porter à la connaissance des compatriotes et des ressortissants étrangers bloqués hors des frontières, désireux de rentrer au pays dans le contexte actuel de la pandémie de la Covid-19, que compte tenu des contraintes budgétaires, le gouvernement togolais ne prendra en charge que partiellement les coûts inhérents à l’accueil et au séjour dans les hôtels de confinement », informe le ministre. Il s’agit d’une décision de la coordination nationale de gestion de la riposte à la Covid-19. D’après celui-ci, un forfait de 500.000 F CFA par personne sera facturé pour la période de 14 jours de mise en quarantaine.

Plus tard, le ministre de la Sécurité et de la Protection Civile Yark Damehame a enfoncé le clou dans un autre communiqué en date du 02 juillet dernier « Toute personne se rendant dans un pays limitrophe, pour diverses raisons surtout non officielles (enterrement, mariage, etc…) sera soumise dès son retour au pays, aux mesures de confinement de 14 jours à ses frais ». Des instructions ont ainsi été données dans ce sens aux personnels des forces de défense et de sécurité, afin de veiller à l’application de cette mesure. Le gouvernement assurant la prise en charge partielle des frais inhérents à l’accueil et le séjour dans les hôtels dédiés à la mise en quarantaine, chaque personne majeure soumise à la quarantaine supportera un forfait de 500 000 FCFA (762,24 euros).

Il faut noter que dans le cadre de la lutte contre la Covid-19, le gouvernement a réquisitionné plusieurs établissements hôteliers sur l’ensemble du territoire où les voyageurs et les cas contacts sont confinés dans le souci de limiter la propagation du virus.

Jusqu’à cette décision, le logement et la restauration des personnes mises en quarantaine dans ces hôtels ont été à la charge de l’État.

En clair, même des Togolais qui vont se rendre à Denu ou tout autre village le long des frontières Togo-Ghana, Togo-Bénin ou Togo-Burkina Faso doivent débourser 500.000 FCFA pour leur mise en quarantaine dans un hôtel réquisitionné par l’Etat togolais.

Quand la gestion de coronavirus vire à l’escroquerie gouvernementale

La décision de facturer à 500.000 FCFA la quarantaine des Togolais revenus de l’extérieur s’explique au sommet de l’Etat par des contraintes de budget.

Au fil des jours, les caisses de l’Etat se dessèchent et cette décision sonne comme une invite à la contribution des Togolais pour faire face à la crise sanitaire. Mais les contours de cette décision ne permettent pas de s’assurer de sa fiabilité. Primo, le montant fixé paraît trop exorbitant et irréaliste. 500.000 FCFA pour deux semaines pour un Togolais de retour peu importe les motifs du voyage, ce n’est pas bien réfléchi.

Secundo, dans un pays où les scandales financiers se succèdent, quelle garantie que les fonds exigés seront bien gérés ? Il n’est pas exclu que ce soit une opportunité pour certains individus sans foi ni loi de s’enrichir et que des gens payent malgré eux les 500.000 FCFA mais qu’ils ne soient pas servis comme cela se doit dans les hôtels.

Tertio, le montant paraît davantage utopique lorsque le ministre de la Sécurité évoque aussi les pays frontaliers étant entendu que le long des frontières Togo-Bénin, ou Togo-Ghana, des Togolais y habitent et font des allers-retours au quotidien pour leurs activités. Cette mesure va être aussi une occasion pour les forces de défense et de sécurité de continuer tranquille leur racket traditionnel.

Cette décision, en définitive, pourrait plutôt encourager les retours clandestins au pays. Les conséquences sur la propagation de la pandémie seraient foudroyantes. On ne peut se cacher dans les fauteuils douillets, après avoir mis le peuple dans la grande misère, prendre une décision aussi scandaleuse. Il suffisait juste d’étudier la situation au fond en tenant compte de la précarité ambiante des Togolais pour être plus raisonnable.

Cette affaire de 500.000 FCFA apparaît une porte ouverte à des abus, de l’escroquerie et au retour clandestin. Malheureusement, ce sont les pauvres Togolais qui vont en pâtir.

Et dire que certains esprits se prépareraient même à rendre obligatoire très prochainement les prises en charges par les patients eux-mêmes dans les centres de soin de coronavirus, on doit bien craindre.

Au même moment des prêts et dons de l’Etat dans cette pandémie ne feront jamais l’objet d’un rapport fiable, c’est bien tout triste.

Kokou Agbemebio

Source : Le Correcteur

Source : 27Avril.com