Togo, Affaire Bolloré : Silence d’une Certaine Classe Politique. Que Ceux Qui Sont Encore Opposants Lèvent la Main!

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opposition carrieriste et DMK

Il y a quelques semaines déjà que le monde de la presse en Afrique et ailleurs ne chôme pas du tout. Premièrement, en pleine crise sanitaire liée au COVID 19, c’est à la descente aux enfers de la mignonne béninoise Réckiya Madougou que nous avons assisté; de la java au Togo auprès du dictateur des lieux, elle atterrit sans détour dans les geôles béninoises. La rue dakaroise grondait, quand presqu’au même moment l’affaire dite Vincent Bolloré sur l’acquisition pas très catholique des ports de Lomé et de Conakry rebondissait.

En effet M.Vincent Bolloré, propriétaire de BOLLORE AFRICA LOGISTICS, est mis en examen en France pour « corruption d’agents publics étrangers, complicité d’abus de confiance, complicité de faux et usage de faux »,relatives à des contrats conclus respectivement en 2010 et en 2011 pour la gestion des ports de Lomé et de Conakry. Concrètement, M. Vincent Bolloré est soupçonné d’avoir financé illégalement en 2010, la campagne électorale de M. Faure Gnassingbé président de la République togolaise à hauteur de huit cent mille euros, soit plus d’un demi milliard de francs CFA, et obtenu en contrepartie la concession du Port Autonome de Lomé. Et il y a quelques semaines nous avons tous vu dans un reportage Vincent Bolloré sortant d’un tribunal déçu, parce que sa tactique qui consistait à plaider coupable et s’en sortir avec le payement d’une amende fut rejetée par les juges en charge du dossier. Il y aura bel et bien procès contre l’escroc voyou des dictateurs africains.

Et les spécialistes du droit nous font savoir que tous ceux qui se sentiraient lésés dans cette affaire pourraient se constituer partie civile pour faire valoir leurs droits au moment du procès. Parmi ceux dont les droits furent lésés par cette « corruption d’agents publics étrangers, complicité d’abus de confiance, complicité de faux et usage de faux », il y a en premier lieu le peuple togolais. Et si on va plus loin pour parler du financement illégal de la campagne électorale de Faure Gnassingbé en 2010 par le groupe Bolloré, il y avait des candidats de l’opposition qui devraient se considérer comme défavorisés par cette intrusion de Bolloré dans la politique intérieure du Togo pour « faire élire » un candidat. Qui devrait alors immédiatement réagir pour dénoncer et prendre la défense du peuple et réclamer réparation? Sûrement les partis d’opposition et les associations de la société civile qui se réclament défenseurs des intérêts de ce peuple. Et cette réaction qui aurait pu venir de l’opposition, aurait pu être structurée et menée autour du parti politique qui avait le vent en poupe au moment du scrutin de 2010, c’est-à-dire l’UFC ancienne formule, dont le candidat à l’époque n’était autre que Jean-Pierre Fabre et dont la plupart des cadres influents forment aujourd’hui l’Alliance Nationale pour le Changement (ANC).

Ceci ne suffit-il pas, même si ce serait utopique de réclamer la vérité des urnes d’un scrutin qui date aujourd’hui de 11 ans, pour que les responsables de l’ANC, qui se disent le plus grand parti de l’opposition, oublient les rancoeurs pour sensibiliser les autres formations politiques, qui se réclament elles aussi de l’opposition, pour soulever le peuple, dénoncer ce régime, réclamer purement et simplement son départ? Même un petit communiqué de dénonciation et de condamnation, nous n’en avons pas eu droit à nous mettre sous la dent. Les grands partis ou les grands hommes politiques ne se distinguent pas forcément par le grand nombre des militants de leurs partis politiques, ou par le grand nombre des badauds qui les ovationnent à leur passage. Ils se distinguent dans leur capacité à rassembler autour d’eux sur un idéal commun. Dans le cas d’espèce, les Togolais traumatisés par une dictature terrible et impitoyable, quotidiennement déprimés à cause des scandales à répétition, attendent des mots d’ordre concrets pour des actions concrètes de la part de ceux qui ont pris sur eux de se constituer en opposition pour parler en leur nom. Ou bien les responsables de l’ANC savent déjà en leur for intérieur qu’ils ont perdu toute légitimité pour jouer ce rôle de rassembleur, depuis que la C14 avait pris fin dans les conditions que tout le monde connaît; et surtout depuis ce jour de février 2020 où Jean-Pierre Fabre et ses amis avaient préféré l’usurpateur Faure Gnassingbé à la tête du Togo à Agbéyomé Kodjo, véritable vainqueur du scrutin? Les peuples sont très réticents à pardonner de telles bévues en politique.

L’ANC n’est pas le seul parti politique qui se réclame de l’opposition. Et il y a des comportements de beaucoup de nos leaders supposés de l’opposition qui laissent l’observateur pantois et le laissent conclure que ces leaders indélicats sont manipulés ou corrompus par les tenants du pouvoir pour se comporter ainsi en laissant le peuple à son sort. Nous voulons paraphraser ici nos amis et frères ivoiriens pour dire qu’être opposant, ce n’est pas forcé. Si on ne peut pas, ou si on ne veut pas, on ne commence pas. L’autre leader, omniprésent il n’y a pas lontemps sur les réseaux sociaux est Aimé Gogué, Président du Parti ADDI. Une petite formation politique qui, en dehors de son sigle, n’a pas grand’chose à faire valoir. Ce Monsieur, Professeur d’Université de son état et s’agissant du scrutin présidentiel de février 2020, s’est fait l’avocat de la formule: personne n’a gagné l’élection, alors qu’il était incapable de dire à Faure Gnassingbé de quitter, si personne n’a vraiment gagné, pour qu’on organise un nouveau scrutin. L’autre larron de supposé opposant qui ne joue aucun rôle, ou ne pose aucun acte pouvant le rapprocher du peuple, c’est bien Me Dodji Apévon des FDR; nous nous posons vraiment la question pour savoir si ces trois lettres réprésentent un parti politique ou une association d’amis. La troupe à Apévon aura déçu sur toute la ligne. Ce leader, ajouté à ceux de l’ANC et de l’ADDI était l’un des plus fervents défenseurs du fauteuil présidentiel de Faure Gnassingbé contre le leader de la DMK, Agbéyomé Kodjo qui réclamait à cor à cri qu’on lui restitue son pouvoir volé. Et tous se réclament pourtant toujours de l’opposition. Allez-y savoir!

Nous avions des informations qui sont aujourd’hui confirmées par l’hebdomadaire togolais « la dépêche » dans sa parution n° 1040 du 10 mars 2021 concernant le bras financier du parti de Me Apévon. En effet, le 1er vice -président des FDR, M. Passoki N’galou est directeur général du PMI (Publi-Marketing International), une société de distribution des produits SNB. Il aurait directement participé à la campagne de Faure Gnassinbgé en février 2020 ,faisant distribuer des gadgets du parti UNIR dans certaines localités du pays. Le premier responsable des FDR, Me Apévon est-il au courant des activités de son 1er vice-président avec les caciques du pouvoir qu’il prétend combattre? D’où est venu l’argent qui avait servi à organiser tout récemment une somptueuse convention? Être opposant au Togo ou se déclarer comme tel est-il devenu un moyen de tromper le peuple pour faire du business avec le régime en place? Tout ce qui précède nous permet de comprendre ce silence des « opposants » togolais face à ce scandale d’État qu’est l’affaire Bolloré. Dénoncer ou condamner reviendrait à s’attirer le courroux de ceux qui les financent dans l’ombre pour jouer leur rôle d’opposition trompe-l’oeil.

Nous connaissons la situation particulière du PNP (Parti National Panafricain) dont le premier leader Tikpi Atchadam est contraint de vivre dans la clandestinité pour échapper aux tueurs de Faure Gnassingbé lâchés à ses trousses, et dont plusieurs dizaines de militants croupissent depuis au moins deux ans en prison. Le CAR, depuis la mort de son chef Me Yaovi Agboyibo, semble avoir disparu des radars; dommage pour une formation politique qui fut parmi les toutes premières à avoir donné des sueurs froides au dictatuer Gnassingbé Éyadéma. Nathaniel Olympio du Parti des Togolais semble être pratiquement le seul à proposer de temps en temps sur les réseaux sociaux quelques idées ou stratégies pour en finir avec le drame togolais. Mais jusqu’à présent personne ne l’écoute ou ne lui répond. Même ceux qui se disaient la tête de l’opposition togolaise se murent dans un silence interrogateur. Un véritable prêche dans le désert.

Togolais et Togolaises cherchent désespérément opposition!

Samari Tchadjobo
14/03/2021
Allemagne

Source : 27Avril.com