Le ton fut donné par le préfet de Kloto qui instrumentalisa les chefs traditionnels de sa localité pour s´opposer à la marche pacifique prévue par le Parti National Panafricain (PNP) Samedi 13 Avril 2019. Dans la foulée des propos xénophobes furent tenus par les dépositaires de nos us et coutumes dans cette préfecture comme si appartenir à un parti politique ou manifester était une question d’ethnie. Le tout dans un silence coupable des représentants de l´état au haut lieu.
Le Togo étant dans un régime d’information et non d’autorisation le ministre devrait se contenter de la lettre d’information annonçant les manifestations et s’entendre avec son collègue de la sécurité pour envoyer les forces de l’ordre encadrer lesdites manifestations le jour venu, comme cela se passe dans les pays normaux. Aucune loi de la République n’autorise aucun Ministre à changer ni les itinéraires, ni à modifier le nombre des lieux de manifestations. C´est dans cette logique que les responsables du Parti du cheval ont maintenu leurs manifestations dans les villes initialement prévues avec tous les itinéraires sans tenir compte des gesticulations du Ministre Boukpessi qui ne sont que l’illustration d’un abus de pouvoir.
Et tout le monde connaît la suite:
À Kpalimé, les menaces du préfet et des chefs traditionnels manipulés ne vont pas se faire attendre. Dans la soirée de vendredi 12 Avril, veille des manifestations, des militaires du camp de Témédja sont déversés dans la ville. Alors que personne ne manifestait, ils se sont mis à bastonner tout ce qui bougeait jusque dans les domiciles privés. Nous avons des images de crânes et de bras fracassés par des cordelettes de militaires. Tout malheureux rencontré est descendu de sa moto, sauvagement bastonné et l´engin détruit.
À Anié, toute la ville est militairement assiégée depuis l’après-midi de vendredi 12 Avril.Pas possible pour les potentiels manifestants de pointer le nez dehors le jour de la marche.
À Bafilo, les manifestants ont bravé l’illégale interdiction pour se faire entendre malgré une présence très remarquée de militaires. Et ce sont ces militaires qui vont poursuivre le jeune Ouro-Sama Zeynidine jusqu’en brousse pour le battre jusqu’à ce que mort s’en suive. Assurés d´une totale impunité, les éléments de l’armée togolaise ne sont pas à leur premier essai, hélas! En outre on dénombra plusieurs blessés.
À Sokodé, bien que la manifestation soit autorisée, des provocations venues des forces de l’ordre causèrent beaucoup de blessés dus à l’usage sauvage des gaz lacrymogènes et à des bastonnades face à des manifestants pacifiques.
En dehors de Bafilo où les militaires ont encore fait une victime, de Kpalimé où les bastonnades sauvages de la part de militaires à la veille de la manifestation ont fait plusieurs blessés graves, Lomé fut le lieu où le comble de l’incompréhensible fut atteint. Officiellement choisie par Boukpessi pour les manifestations du 13 Avril 2019, la capitale, aux points de rassemblement et de chute, fut littéralement envahie par des militaires et des gendarmes très tôt le matin. Au lieu de manifestations proprement dites, c’est « au chat et à la souris » que se sont livré les candidats aux marches et la horde de militaires et de gendarmes envoyés pour empêcher les manifestations d’avoir lieu. Curieux ce comportement du gouvernement qui autorise les marches et envoie en même temps sa soldatesque pour les empêcher. À la fin de la journée on dénombrera 26 arrestations. Jugés de façon expéditive, 6 sont libérés et 20 condamnés à diverses peines de prison.
Le jour des manifestations, pendant que les uns étaient occupés à les empêcher ou à réprimer les plus courageux, les autres militaires se rendent au domicile du président du PNP où ils forcent les portes avant de tout vandaliser. Auparavant ils ont eu le temps de s’occuper du petit personnel qui assurait la sécurité chez Tikpi Atchadam qui se fait discret depuis plus d’un an pour sauver sa peau. Après avoir passé certains d’entre eux à tabac et récupéré leurs téléphones portables, trois seront embarqués pour la gendarmerie, et plus précisément au tristement célèbre SRI. Les trois responsables de la sécurité au domicile du leader du PNP seront déférés à la prison civile de Lomé mardi 16 Avril 2019 en compagnie de SÉBABI Nouroudine Gueffé et de Azizou Kéziré, respectivement trésorier général et secrétaire permanent du parti, convoqués lundi au Service de Renseignement et d´Investigation.
Sur la lettre de convocation figurait aussi le nom de Ouro-Djikpa Tchatikpi qui s´était fait représenter par son avocat. Apparemment le choix du conseiller de M. Tchatikpi de ne pas répondre personnellement à la convocation n’a pas plu à ceux qui en veulent au parti du cheval. Le concerné se savait menacé et s’attendait à être arrêté à tout moment, et nous l’avait affirmé deux jours avant son kidnapping. Non pas parce qu’il se reprochait des choses; mais au Togo doit-on obligatoirement être coupable de quelque chose avant d´être arrêté?
Au moment où nous terminons cet article le conseiller du président du PNP, Monsieur Ouro-Djikpa Tchatikpi, embarqué samedi 20 Avril 2019 avec tous ceux qui se trouvaient avec lui, serait toujours détenu dans les locaux du SRI. Sera-t-il déféré comme les autres à la prison civile de Lomé ou sera-t-il relâché?
Au Togo de Faure Gnassingbé on arrête un opposant qui dérange et qui n´a rien fait, avant de chercher de quoi l’accuser, puisque de toutes les façons c’est la règle de la raison du plus fort, la loi de la jungle.
Au Togo les criminels et autres chefs de milices sont promus, décorés; les milliardaires de la honte peuvent continuer à s’enrichir en toute impunité, pendant que ceux qui dénoncent justement ces injustices et appellent au bonheur pour tous, sont pourchassés, persécutés jusque dans leurs derniers retranchements.
Et tout ça pour combien de temps encore?
«La terreur n’assied pas l’autorité sur une base solide; le meilleur moyen d’assurer la paix dans un pays repose plutôt sur le pardon et le respect de la vie des autres…. » – Amadaou Hampâté Bâ
Samari Tchadjobo
Allemagne
27Avril.com