Confronté depuis le 19 août dernier à une contestation sans précédent de son régime, du Sud au Nord, le pouvoir cinquantenaire qui régente le Togo d’une main de fer et s’oppose à l’alternance par tous les moyens ne sait plus à quel saint se vouer.
Longtemps, le système Gnassingbé et fils a joué sur la fibre ethnique pour pousser certaines populations du Nord vers un vote identitaire. Cet argument a servi à justifier toutes les fraudes électorales et surtout le bourrage des urnes au Nord pour contrebalancer le rejet du régime au Sud du pays.
Même si ce prétexte n’est que fallacieux, parce que du Sud au Nord la majorité des Togolais souhaite l’alternance depuis 1990, l’émergence du PNP de Tikpi Salifou Atchadam, originaire de la région centrale, et la vague de contestation qui secoue la plupart des localités du Nord ont désormais balayé cette conception ethnique longtemps brandie par le pouvoir pour justifier ses hold-up électoraux. Du coup, le PNP étant le nouveau fer de lance de la contestation, il faut trouver des moyens pour discréditer son leader. Et c’est la croyance religieuse du leader du PNP qui sert désormais d’instrument de manipulation du laboratoire lugubre du RPT /UNIR non sans succès.
Tous les montages à présenter le PNP comme un parti salafiste financé par des réseaux obscurs des pays du Golfe, avec pour finalité l’instauration d’un Etat islamique au Togo, n’ont pas prospéré. Mais le régime ne compte pas abandonner cette piste. L’enlèvement de l’imam de Sokodé, présenté à l’opinion par le régime comme un dangereux religieux qui prêche la haine et l’assassinat des forces de l’ordre, fait partie de ce plan. Malheureusement, les différents audios des prêches de l’imam mis sur les réseaux sociaux prouvent à suffisance qu’il n’a jamais tenu ces propos qu’on lui colle. Malgré tout, le régime le maintient en prison, même contre l’avis d’Apha Condé et d’autres présidents de la région qui ont demandé sa libération.
La destruction d’une mosquée à Kara par les jeunes de la localité qui disent vouloir venger des soldats de leur ethnie tués au domicile d’un baron à Sokodé est l’autre étape décisive de ceux qui, tapis dans l’ombre, cherchent à dévier la contestation du régime vers un conflit ethnico-religieux.
Nul ne peut cautionner l’assassinat des forces de l’ordre, tout comme nul ne peut accepter que dans une République, fut-elle à la dérive, les dirigeants recourent à des milices présentées scandaleusement comme des groupes d’auto-défense pour tuer, violenter les populations. Les soldats qui ont malheureusement perdu la vie au domicile de ce baron n’ont pas été ciblés à cause de leur ethnie, loin de là. Ce sont des gens qui se trouvaient visiblement au mauvais endroit au mauvais moment. Vouloir se servir de leur mort pour inciter les jeunes à la vengeance contre une ethnie voire une religion est une entreprise très dangereuse qui comporte des risques pour les commanditaires eux-mêmes. A supposer un seul instant que chaque ethnie au Togo se lance dans une vengeance contre une autre à chaque fois qu’un citoyen est tué, alors ce pays sera pire que le Rwanda. Les miliciens qui violentent et tuent actuellement à Lomé et à Sokodé, on sait majoritairement de quelle ethnie ils sont. Mais personne ne pourra partir de ces violences pour s’attaquer à une ethnie.
Il est temps que ceux qui jouent avec le feu en faisant détruire les mosquées, en enlevant les imams, comme celui de Bafilo se rendent compte que les Togolais ne tomberont jamais dans ce projet macabre de conflit ethnico-religieux dont ils veulent se servir pour discréditer une lutte qui a pour soubassement la liberté et l’alternance au Togo. Le peuple togolais ne tombera jamais dans ce jeu parce qu’il sait que son adversaire, c’est la minorité pilleuse et jouissive qui refuse l’alternance au sommet de l’Etat.
Les Togolais de toutes tendances, de toutes les ethnies et de toutes les religions en ont marre de ce régime et exigent son départ dans l’immédiat. Rt c’est simple à comprendre. Les leaders des autres religions chrétiennes, animistes, etc. doivent rapidement sortir de leur mutisme pour condamner la destruction de la mosquée à Kara et de tous les projets lugubres visant à pousser les Togolais vers un conflit éthnico-réligieux.
Source : L’AlternativeNo.651 du 24 octobre 2017
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