Togo- A Gapé-Tokplakopé, plus de 520 Togolais chassés de leurs maisons

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Les Togolais vont-ils un jour être chassés de leur propre pays ? Les inquiétudes vont grandissantes avec le phénomène de conflit foncier et ses avatars. En complicité avec des juges véreux, des individus sans foi ni loi troublent la quiétude des populations. Plus grave encore, l’accaparement de tout un village et les menaces de déguerpissement des habitants.

Après Davié-Kpota, Gbamakope dans le Zio, et Bè-Kpota-Atchantime dans le Golfe, un individu se réclame à son tour de tout le village de Gape-Tokplakopé dans le Zio. Son nom Zadji Messan.Va-t-il être le  bourreau de tout un village ? Gapé-Tokplakopé, Commune Zio 4 en appelle aux autorités. En effet, ces populations passent la nuit  à la belle étoile et sous la pression de la pluie en ces périodes depuis mardi 15 juin dernier.

Ce mardi-là ces habitants environ 520, ont reçu la visite surprise des forces de l’ordre et de sécurité exécutant une décision de justice du Tribunal de Première Instance de Tsévié. Tout le village a été saccagé, portes et fenêtres des chambres emportées, toitures caillassées devant une population sans défense. Les témoignages  avec quelques habitants de Gapé-Tokplakopé rencontrés mercredi sont glaçants. Ils lancent des cris de détresse au Chef de l’Etat.

« Ce village a été créé dans les années 1800,  depuis le temps de nos ancêtres. En tant que Togolais, nous participons aux élections. Nous remplissons nos devoirs citoyens. Nous avons construit des écoles primaires et secondaires, des églises, tout ça dans le village.

D’un seul coup, des forces de l’ordre sont venues tout détruire, les portes, les habitations et autres sans que personne ne dit mot. Elles étaient armées de fusils et de gaz lacrymogènes, ces gens en tenue  ont enlevé les portes et les fenêtres des habitations, de l’argent, les toits de clôture qu’ils ont emportés. Ils ont également emporté des boissons fortes appartenant à une vielle dame, bref ils nous ont pillés.

Que tout le monde soit au courant de tout ce qui se passe. Est ce que c’est bon comme ça ? Ce village qu’ils sont venus détruire  mardi 15 juin 2021. Le village n’a jamais été en procès pour quelle que raison que ce soit. Aucune procédure n’a jamais été lancée à notre encontre. Si tel était le cas, nous aurions été prévenus pour libérer les lieux mais rien de tel. Les documents ont été faits à la va-vite et aujourd’hui on nous demande d’évacuer les lieux, nous demandons qu’on nous aide. Nous sommes dehors avec nos familles et nos affaires sont dehors ; la pluie de mardi nous a battus jusqu’à aujourd’hui.

Notre souhait est que le Chef de l’État nous aide parce que nous sommes  aussi des Togolais et nous votons pour lui afin qu’il siège. Si on doit nous chasser d’ici, oserons-nous  voter pour lui dans le futur ? »

Rien n’était laissé au passage, même l’Église de la Révélation des Apôtres, la seule du village a été violée, portes endommagées et emportées. Le Pasteur ADABRA Komlan Holagnon se rappelle sa douloureuse nuit de mardi 15 juin chez le confrère de Pyramide FM.

« La journée et la nuit que nous avons passée mardi n’a pas été facile. Il faut être assez courageux pour ne pas verser les larmes. Parce que nous sommes en période de pluie, il fait frais, sans oublier les moustiques. En vérité j’ai dormi à la belle étoile avec les piqûres incessantes de moustiques sans fenêtres ni porte.

Ce matin, je me suis rendu dans le village, afin de saluer les fidèles de mon église. J’ai remarqué que nous avons tous vécu les mêmes réalités. Notre gouvernement dont le Chef est Faure, est notre Chef à tous. Mais nous avons remarqué que ce sont les corps habillés qui sont venus et qui sont à la base. Le gouvernement est-il bien au courant ? On se demande. Puisque nous avons été surpris par les faits, nous nous demandons pourquoi un gouvernement qui nous dirige et que nous avons choisi, et les militaires qui sont là pour notre défense nous font vivre ce malheur, nous demandons la clémence du Chef de l’État pour que cesse notre périple », a plaidé l’homme de Dieu.

Le jour du drame, Togbe FETSE Koffi Paul VI, Chef Canton de Gape venu au secours de sa population reprécise les faits. « Ces genres de choses ne peuvent pas nous arriver parce qu’ici c’est un village et le Chef a son arrêté ministériel. Le problème existait avant notre arrivée et nous avons beaucoup fait pour que cette situation cesse. Nous sommes allés chez le Préfet Adossi en son temps lorsque les femmes étaient venues en pleurs plusieurs fois parce que certains veulent les déloger. Le Préfet Adossi avait déclaré que cela ne peut pas se passer. Nous cherchons l’individu qui a ordonné le délogement mais il est introuvable. C’est malheureux que ces genres de choses se passent au nez et à la barbe de nos autorités. C’est le même village.

Chez les Zadji, il n’y a que deux cases qui ne sont même pas aménagées. Dire que ce sont ces gens qui cherchent à déloger les autres, c’est inadmissible. J’ai amené les populations chez l’actuel Préfet Kadevi Etse. Il avait demandé qu’elles fassent un mémorandum qu’il a transmis au ministre. Mais jusqu’à présent, on n’a pas de suite. Normalement, les démarches du Préfet étant en cours, ces gens ne doivent pas faire ce qu’ils sont en train de faire. Jusqu’à présent, on a cherché en vain l’auteur de ces actes, Messan Zadji. Pour donner un arrêté à un chef, l’Etat reconnaît l’existence de ce village. C’est une population de plus de 500 habitants ici. Ces actes doivent cesser. Ce que j’ai vu aujourd’hui est déplorable », a-t-il fulminé chez nos confrères de Victoire FM.

D’autres victimes de pillage manquent de mot pour décrire la tragédie. « On était aux environs de 9h lorsque mon fils m’informait que les forces de l’ordre étaient dans la Cour du Chef de village et nous nous sommes transportés sur le lieu. A notre grande surprise, elles enlevaient  les tôles sur la maison de Togbui Kowou et nous avaient intimé l’ordre de quitter le village dans 5 minutes. Sans hésiter, nous sommes partis à l’église pour prier. A notre retour, nous avons vu nos bagages dehors. J’ai cotisé 10000 francs pour l’électricité, ils ont pris ça ainsi que l’argent du déjeuner des enfants. A la vue des forces de l’ordre, nos enfants qui passaient leur examen de CEPD ont eu peur et sont obligés de s’enfuir sans pouvoir prendre leur repas.  Ils ont enlevé et emporté les nacos, les fenêtres et les portes de ma nouvelle chambre que je venais de construire et perforé la toiture ».

En effet, ce mélodrame a commencé en 1998 lorsque le vieux Zadji se revendique des parcelles appartenant à Kwawu Yawo qui avait été molesté et torturé. Il a fallu l’intervention de feu Gnassingbé Eyadèma avant qu’il ne soit relâché, selon son fils Edem Kwawu. Le vieux Kwawu traîne les séquelles qui sont à l’origine de ses ennuis de santé jusqu’aujourd’hui.

Le village a connaissance de ce litige foncier « artificiel » pendant devant les Tribunaux. Mais le déguerpissement de tout le village, c’est nouveau pour la population. Le mélodrame de Gapé-Tokplakopé est une tragédie de trop. Il importe que le Chef de l’Etat tape sérieusement du poing sur la table pour arrêter l’hémorragie. Le cas de Davié-Kpota crée par dame Gavon Yawa bien que décédée au début de cette année, la pagaille continue. Au nom de quoi un individu peut-il se réclamer de tout un village, vieux de plusieurs siècles ? C’est un virage dangereux qui doit être arrêté le plus tôt. Toutes nos tentatives pour joindre Messan Zadji au nom de qui les exactions ont été commises, ont été vaines.

Source: Le Correcteur (Titre modifié)

Source : icilome.com