« Les êtres humains ont une façon de ne rien dire qui en dit parfois plus long que s’ils parlaient » (Pierre Daninos)
« Nul n’a le droit d’effacer une page de l’histoire d’un peuple, car un peuple sans histoire est un monde sans âme », avait l’habitude de dire Alain Foka dans son émission « Archives d’Afrique » ou l’histoire contemporaine d’Afrique à travers ses grands hommes.
Pour parler de ces grands hommes qui avaient une vision pour le continent, on ne peut pas ne pas citer Sylvanus Olympio, le premier président démocratiquement élu du Togo, froidement assassiné le 13 janvier 1963. Une date qui marque une page majeure dans l’histoire du Togo.
« Feu Sylvanus Olympio demeure une icône, un flambeau, un monument à honorer du plus bel hommage, une référence dont il convient de nous inspirer pour poursuivre l’œuvre de libération qu’il avait entreprise avec noblesse d’âme, abnégation et détermination », a décrit Mgr Nicodème Barrigah dans son homélie à l’occasion de la messe d’intention en hommage au Père de l’indépendance.
«Tous ceux qui, de diverses manières, l’ont côtoyé ou lu son histoire palpitante, a-t-il poursuivi, sont unanimes à reconnaitre son sens élevé de l’unité nationale, son attachement au panafricanisme et sa détermination à assurer à notre pays ainsi qu’à l’Afrique tout-entière un développement économique effectif, condition incontournable d’une réelle souveraineté politique ».
Durant son règne au long cours, Gnassingbé père s’était attelé à tronquer, à falsifier, à dénaturer des pans entiers de l’histoire du Togo pour la réécrire à son image et pour sa propre gloire. Pendant 38 ans, la funeste date du 13 janvier 1963 a été fastueusement célébrée par Gnassingbé Eyadema comme « une fête de la Libération nationale ».
Le fils, Faure Gnassingbé, aura le mérite de supprimer cette célébration qui a toujours été source de divisions des Togolais. Naguère chômée et fériée sous le père, la date du 13 janvier est devenue une journée ouvrable, placée sous le signe du recueillement. Le régime de Faure Gnassingbé avait promis d’instituer le 13 janvier « journée nationale de réconciliation » dont la célébaration devrait permettre aux Togolais de « renouveler leur engagement à vivre ensemble dans la paix, la compréhension mutuelle et la cohésion ».
Mais les actes ne suivront pas. Comme pour dire que les promesses n’engagent que leurs auteurs. A l’occasion du 60ème anniversaire de l’assassinat de Sylvanus Olympio, les Togolais ont tenu à rendre hommage à ce prestigieux et respecté chef d’Etat de la nouvelle Afrique. En tout cas, pas tous les Togolais. Certains, notamment ceux qui tiennent les rênes du pays depuis 60 ans, ne se sont pas sentis concernés par cette commémoration. Un silence pesant a été observé au sommet de l’Etat. Ni le chef de l’Etat Faure Gnassingbé, ni son Premier ministre Victoire Tomegah-Dogbé, ni la présidente de l’Assemblée Yawa Djigbodi Tsegan n’ont daigné faire une petite déclaration à l’occasion de ce 60ème anniversaire de l’assassinat du Père de l’indépendance.
« Les silences qui divisent le pays. Comment comprendre que le chef de l’Etat Faure Gnassingbe et son Premier ministre Dogbe Victoire gardent le silence sur les 60 ans de l’assassinat de Sylvanus Olympio, père de l’indépendance ? » s’est interrogé le président du Parti des Togolais, Nathaniel Olympio.
Comme si Sylvanus Olympio « n’est qu’un nom parmi tant d’autres ; un nom sur lequel les années ont amassé la poussière de l’oubli. »
Source : Liberté / libertetogo.info
Source : 27Avril.com