Togo / 30 kg de riz Kennedy Round à 9500 FCFA, 25 kg de riz local à 17500 FCFA: Pourquoi les autorités ne Subventionnent pas le Riz Local pour le Rendre Compétitif?

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Lekpa Gbegbeni et un représentant japonais | Photo: DR

Chaque année et ceci, depuis 2008, le Togo reçoit du Japon des aides en céréales. Si ce n’est pas la farine de blé, c’est alors du riz. Mais quand on compare le prix auquel les autorités vendent le sac de riz et l’affluence observée autour de cette vente, on s’étonne que les gouvernants ne réfléchissent pas à une solution qui rende compétitif le riz produit localement. Au grand malheur des producteurs locaux.

Pour savoir si le commun des Togolais aime le riz, il faut guetter les moments d’arrivée du riz japonais communément appelé Kennedy Round (KR). Devant les magasins de l’Agence nationale pour la sécurité alimentaire au Togo (ANSAT), des files qui ne sont pratiquement jamais toutes satisfaites. Les magasins ont des horaires comme si derrière ce programme, on ne voulait pas que les citoyens s’approvisionnent. Pour une raisons bien simple.

Dans les mêmes magasins, se vend du riz local. Mais la seule fois que nous avons cherché à comprendre pourquoi le riz local n’est pas « harcelé » comme celui offert par le gouvernement japonais, la réalité est sans appel : le riz Kennedy Round non seulement est moins cher, mais il est très propre, et en plus, a un poids supérieur. Explications.

Un sac de riz KR fait 30 kg est vendu à 9 500 FCFA. Par contre, le riz local, toujours disponible dans ces locaux, pèse 25 kg coûte 17 500 FCFA. A la différence qu’il est disposé dans 5 sachets de 5 kg, le tout dans un seul sac.

Et pourtant, on argue que les projets KR devraient stabiliser les prix sur le marché. « Les projets KR sont d’une grande importance dans la vie socioéconomique du pays. Au-delà de sa contribution au renforcement de la sécurité alimentaire et nutritionnelle dans le contexte international actuel, marqué par la volatilité des prix alimentaires, la vente du riz permet de stabiliser les prix du marché et de constituer des fonds de contrepartie qui serviront à la réalisation de projets de développement socioéconomique pour le bien-être des populations », a avancé le ministre Lekpa Gbegbeni de l’Agriculture.

Doit-on en rire ou pleurer ? A aucun moment de l’année –que le riz KR soit dans les magasins ou pas-, les prix du riz sur le marché ne connaissent de variation notable. Même dans les magasins de l’ANSAT, le prix du riz local reste figé. Preuve que les propos du ministre n’engagent que lui-même. Mais la seule situation déplorable souvent observée est que ce riz offert par le Japon prend trop souvent des chemins détournés pour se retrouver dans des foyers d’autorités déjà nanties. Ou bien les stocks sont réquisitionnés au profit de sinistrés de catastrophes naturelles. Parfois, on retrouve ces sacs de riz aux côtés de bidons d’huile offerts en fins d’années à une frange de Togolais en uniforme.

Toutes ces initiatives ne sont pas condamnables, loin s’en faut. Mais ne serait-ce pas l’occasion pour l’Etat de prendre le taureau par les cornes et lancer une campagne de subvention sur le riz local ?

Par cette initiative, non seulement les producteurs de riz local trouveront leur compte, mais plus de Togolais iraient vers ce riz local souvent hors de portée des bourses. Le bénéficiaire final serait l’Etat, qui par ce geste, sera présent dans les plats des Togolais qui pourront acquérir le riz local et « consommer produit togolais ». A moins que le « consommer local » vanté le mois d’octobre de chaque année ne soit que de l’eau versée sur le dos du canard.

La promotion des producteurs locaux est un devoir des autorités togolaises. Les pays développés ont très tôt compris que pour être compétitifs en interne et à l’international, il faut subventionner l’agriculture. Malheureusement au Togo, la cherté des prix des produits alimentaires a dépouillé le « sachet » de la ménagère de sa substance. L’engrais offert aux agriculteurs est déduit en fin de récolte. Dans ces conditions, comment le producteur peut-il vendre ses produits moins chers que ceux qui sont importés dans le pays ?

Combien de temps encore pour que la question de la subvention de certains produits comme le riz local ne soit posée publiquement afin de susciter débat ? En attendant ce jour lointain, nombreux seront encore les Togolais qui ne pourront pas varier les repas comme il faut.

Rappel, pendant que le citoyen n’est autorisé à acheter qu’un seul sac de riz KR dans les magasins, ce sont des dizaines de sacs qu’on retrouve dans les caves de certaines autorités. « La gouvernance autrement » comme elle va !

Godson K.

Source: Libertetogo.tg

Source : 27Avril.com

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