TOGO 2016 : UNE ANNÉE INUTILE SUPPLÉMENTAIRE ! ALORS, QUID DE 2017?

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Mes chers compatriotes,

J’ai choisi de vous adresser mes voeux ce 13 janvier 2017, d’abord parce que par deux fois(1963,1967), c’est à cette date que le pouvoir politique civil est passé aux mains des militaires togolais… et qu’il se maintient encore aujourd’hui, malgré la Conférence nationale de 1991; malgré l’apparition de partis politiques d’opposition autorisés mais toujours marginalisés par le Rassemblement du Peuple Togolais (RPT), parti unique, parti-État, puis par son succédané UNIR, parti dominant; malgré les 26 dialogues inter-togolais successifs qui ont tenté vainement de desserrer l’étau de la dictature.

À la mort du Général-Président après 38 ans de règne absolu et sans partage, la propulsion par l’armée d’un de ses fils au sommet du pouvoir aurait pu être une opportunité historique pour passer en douceur d’un système de parti unique dictatorial à la démocratie.

Malheureusement, il n’en fut rien et il n’en est encore rien, pour plusieurs raisons historiques : l’accord politique du 12 Juin 1991 n’a pas été respecté par l’opposition qui déclarait, pour masquer sa forfaiture, que « tout accord n’engage que ses signataires ». Pire, le prélat à la tête du Praesidium déclarait, en ouverture de cérémonie, en pâle imitateur de Robespierre : « nous sommes ici par la volonté du peuple, et nous n’en sortirons que par la force des baïonnettes… ». En s’autoproclamant ainsi « Souveraine », la Conférence Nationale et ses membres ont opéré un coup de force vis-à-vis des populations qui ne leur ont donné pourtant aucun mandat à cet effet. Ces conférenciers circonstanciels se sont choisis par cooptation individuelle pour une mission collective d’intérêt National.

Dès lors, entre les participants de la Conférence Nationale et les putschistes au pouvoir depuis 1963, quelle différence? Ces deux entités politiques parlaient au nom du peuple sans aucun mandat de la part de ce même peuple.

Très vite, la salle Fazao se transforma en zoo Fazao, chaque animal… politique laissant libre cours à son trop plein de haine, de rancœur et de bêtise. L’intérêt partisan prit le pas sur l’intérêt national, le passé et la volonté de régler ses comptes sur la nécessité de bâtir un futur commun. Le retrait du gouvernement et de l’armée des travaux n’a pas semblé inquiéter les vaillants soldats au slogan vantard et enfantin « notre force c’est le bic » et le pays s’est retrouvé dans une transition violente au cours de laquelle le bic n’a été ni très utile, ni très efficace face aux chars.

Tout cela a contribué à braquer le nouveau pouvoir de 2005 effrayé par la perspective de la vengeance des vaincus d’hier. Alors le monstrueux régime RPT-Armée nous récita en détail l’alphabet de la violence, offrant aux Togolais comme seul choix possible, le cimetière ou l’exil. Plus de 1000 Togolais furent assassinés et jetés dans des fosses communes…
Et comme toujours à quelque chose malheur est bon, cette situation d’extrême violence d’État a créé une diaspora qui aujourd’hui pèse 2.8 millions d’exilés qui contribuent de façon significative à l’économie Nationale pour plus de 6 points du PIB, chaque année, mais sans aucun droit de citoyen togolais!

2016 : quel bilan?
Le bilan 2016 du pouvoir togolais est d’une tristesse à pleurer : non seulement l’année a été inutile pour le Togo et pour son peuple, mais elle a été même profondément nuisible.
Refusant obstinément d’engager les réformes permettant de desserrer la dictature et de libérer les énergies, le gouvernement a continué à s’enferrer, sans honte, dans une course en avant du ridicule dont il n’a cure :
-« kabyéisation » de tous les rouages de l’État, de l’institution militaire, de l’économie, du port autonome de Lomé, de la zone franche, de l’administration, des ambassades à l’étranger…etc.
 violation permanente des droits humains : massacre de populations à Mango, assassinats d’élèves,
 intensification de l’insécurité dans les villes comme sur les routes,
 incendies criminels qui sabotent l’économie,
 trafics en tous genres : armes, carburants, drogue..
 refus de négociations avec les syndicats des enseignants et des travailleurs suivi d’intimidations et de menaces diverses…etc
 création « d’éléphants blancs » aussi illisibles qu’inefficaces appelés tour à tour « Commissions » de ceci et de cela (CVJR, « Atelier National de Réflexion et d’Échanges sur les Réformes Politiques et Institutionnelles » (ANRERPI), « Commission de Réflexion sur les Réformes politiques, institutionnelles et constitutionnelles » (CRRPIC) ou bien « Hauts comités » (HCRRUN)…afin de continuer à s’asseoir sur toutes les revendications des populations ;

 refus devant tous les Chefs d’État de la CEDEAO à Accra de l’instauration de la limitation du nombre de mandats, en bon esclave de Yahya Jammeh pourtant battu lui aussi à la régulière chez lui en Gambie,
 organisation à Lomé, de « sommets » et de rencontres fastueuses, aussi coûteuses qu’inutiles, à la gloire et au culte de la personnalité du chef,
 détournements massifs de fonds destinés aux investissements (nouvelle aérogare de Lomé, infrastructures routières…etc.
 création par l’OTR, la Kigaligalaxy, de nouveaux impôts(TH), payable sur des logements insalubres, sans eau potable, sans assainissement, sans électricité…

Pendant ce temps et toute honte bue, le gouvernement mène à grands renforts de publicité dans des revues internationales de luxe, son auto-promotion : on peut y lire «…la croissance économique est de 5,4%… les ressources bancaires connaissent une hausse de 7,1% , permettant un accroissement de la rentabilité bancaire de 17,6% et un taux de bancarisation estimé à 19,6%… la pauvreté est réduite de 58,7% en 2011 à 55,1% en 2015, le Togo se mobilise sur les questions de préservation de l’environnement, du changement climatique et de l’amélioration du cadre de vie des populations »…vous avez bien compris, on n’est jamais aussi bien servi que par soi-même, puisqu’il s’agit du « rapport annuel d’autoévaluation des politiques publiques et institutionnelles du Togo, établi par le gouvernement lui-même, selon les critères de Country Policy and Institutions Assessement (CPIA) ! De la poudre aux yeux, mais… c’est tellement beau et tellement rassurant !!!
Surtout n’allez pas chercher la « vraie vérité » comme on dit dans le quartier Katanga de Lomé. Vous pourriez en pleurer !

Alors que souhaiter au peuple togolais pour la nouvelle année ?
Le Mouvement patriotique populaire SURSAUT, du fond du cœur, souhaite au peuple togolais :

1) que ses dirigeants lui mentent moins
2) que ses dirigeants le violentent moins
3) que ses dirigeants le protègent plus
4) que ses dirigeants le volent moins
5) que ses dirigeants cessent les assassinats
6) que ses dirigeants respectent davantage son bulletin de vote
7) que vienne enfin la vérité des urnes
8) que ses dirigeants l’écoutent quand il réclame
9) que ses dirigeants l’entendent quand il gémit…
10) qu’il en soit ainsi!
…quant à nous, quel que soit l’endroit où nous nous trouverons, nous veillerons à cela.

Pour SURSAUT,
Le Président

Kofi Yamgnane

icilome.com