Togo / 19 aout 2024 : Tikpi Atchadam lance un appel à la révolte contre la Ve République de Faure Gnassingbé

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Tikpi Atchadam, longtemps absent de la scène politique, fait un retour remarqué à l’occasion du septième anniversaire de la révolution populaire du 19 août 2017. Dans un message audio diffusé sur les réseaux sociaux, l’opposant critique sévèrement la récente transition du Togo vers une Ve République, qu’il qualifie de « coup d’État constitutionnel ». Appelant à un mouvement de libération national, Atchadam exhorte le peuple togolais à s’unir pour contrer le régime de Faure Gnassingbé, estimant que le temps des explications est révolu et qu’il est désormais urgent de passer à l’action.

L’intégralité de la déclaration de Tikpi Atchadam:

Chers compatriotes, togolaises, togolaises,

La dictature militaire monarchique absolue de droit est là. Il y a neuf ans de cela, précisément en 2015, l’ayant perçu très tôt, avec beaucoup d’amertume et sans mâcher mes mots, je lançais l’alerte contre la cinquième république au Togo, si le peuple togolais ne se met pas debout pour dégager pacifiquement Gnassingbé Faure du pouvoir. Ma démarche, l’intérêt particulièrement privilégié et constant que j’accorde à l’histoire, procède de la leçon que j’ai assimilée de par ma culture telle suivant laquelle la politique, c’est avant tout l’histoire. L’homme politique doit être maître en histoire.

Ce qui nous arrive au Togo ne résulte pas d’un hasard ou de je ne sais quelle marche aveugle de l’histoire. Loin d’être fortuit, ce qui nous arrive a été méticuleusement pensé contre le Togo et contre l’Afrique. À la matière, le Togo, notre pays, est un véritable laboratoire, une pépinière, un terrain d’expérimentation. La dictature militaire monarchique absolue est un vieux projet colonial qui remonte au 27 avril 1958, date à laquelle le peuple togolais, dans son ensemble, suite à l’élection que le constitutionnaliste Wen’Saa Yagla, qualifié de plébiscite, a remis les rênes du pouvoir d’État au souverainiste Sylvanus Olympio qui devint ainsi Premier ministre du Togo le 19 mai 1958. Il s’agit de confisquer pour l’éternité la souveraineté du peuple togolais. Le 27 avril 1958, le projet relatif à l’imposition de la famille Gnassingbé au pouvoir au Togo par la force des armes et pour l’éternité fut lancé dans le sang le 13 janvier 1963 et officiellement mis en œuvre le 14 avril 1967, après quatre années de réglage de tous les détails.

L’argent qu’il faut avait été déjà trouvé, il est ramené au pays le 1er septembre 1962, soit quatre mois et douze jours avant le crime originel, l’assassinat du président Sylvanus Olympio. Et la même année, les forces armées togolaises (FAT) constituent le garant de la pérennité, la vie illimitée du projet. La prise de conscience du peuple togolais, débouchant sur un mouvement populaire gigantesque, représente le risque majeur à même de ruiner et de mettre fin au projet à tout moment.

Le projet Machiavélique sera sauvé et consolidé en 2005 avec le rituel périodique de remise à neuf de la dictature militaire dans un fleuve de sang qui a vu la montée du fils Gnassingbé Faure sur le trône de son père, en vue justement de la perpétuation du règne de la famille Gnassingbé Faure sur le Togo, contre la volonté et les aspirations profondes du peuple togolais. Le prix du projet de 1958 prévalant a guidé, commandé et présidé à la terreur et aux assassinats commis entre 1963 et 1990, remonté à la surface par la Conférence nationale souveraine, à la résistance dont Gnassingbé Eyadema a fait montre dans le sang entre 1990 et 2005, ainsi qu’au bilan macabre de 2005 avec le fils Gnassingbé Faure. Le même esprit diabolique est à l’œuvre dans la résistance machiavélique opposée par ce dernier au peuple togolais, toujours dans le sang, entre 2005 et 2017, et depuis le 19 août 2017 à ce jour. Ainsi, de 1963 à 2024, le Togo a connu une dictature militaire monarchique absolue de faits qui aura duré 61 ans. A partir de 2024, Gnassingbé Faure ayant parachevé le processus de constitutionnalisation, le peuple togolais est sous une dictature militaire monarchique absolue de droits.

La dictature militaire monarchique absolue de droits est là. C’est un fait. La confiscation de la souveraineté du peuple togolais par le fusil le 13 janvier 1963 se trouve formalisée par sa constitutionnalisation en 2024. Par la fameuse constitution de la Ve République, la confirmation du cercle de division de la famille Gnassingbé Faure que j’ai exposée pour la première fois au cours d’un meeting public du parti national panafricain PNP, tenu le 23 octobre 2016 au stade d’Agoè-Nyivé à Lomé, est faite. C’est une réalité. Pour ceux qui doutaient encore, Gnassingbé Faure, qui confirme la finalité du montage du cercle de division de la famille Gnassingbé Faure, écrit, signe et promulgue : « Le pouvoir que je tiens n’appartient pas à l’armée. Le pouvoir que je tiens n’appartient pas aux forces de l’ordre et de sécurité. Le pouvoir que je tiens n’appartient pas au RPT-UNIR. Le pouvoir que je tiens n’appartient pas au Sud. Le pouvoir que je tiens n’appartient pas au Nord. Le pouvoir que je tiens n’appartient pas à Kara. Le pouvoir que je tiens n’appartient pas à Pya. Le pouvoir que je tiens appartient à ma famille, à la famille Gnassingbé, à elle et à elle seule ».

Cette proclamation, les derniers restés accrochés aux éléments de la division, déchantent complètement et définitivement. Le slogan « Eyadema toujours et toujours au pouvoir » n’était pas un slogan creux, encore moins vain. La petite phrase, « mon père m’a dit », n’a rien d’une blague. Quoi qu’il en soit, Gnassingbé Faure vient de constitutionnaliser en 2024, sous nos yeux, la dictature militaire monarchique absolue inaugurée par son père le 13 janvier 1963. La dictature militaire monarchique absolue éternelle, voilà le projet apporté par la famille Gnassingbé pour le Togo et pour l’Afrique.

L’histoire, la philosophie et le projet caractérisant la Constitution monarchique de 2024 ne sont pas voilés. L’ambition et la finalité qui l’animent sont évidentes. L’esprit de cette Constitution est clairement lisible jusqu’au 27 avril 1958. A partir de ce moment, qu’il s’agisse d’entretiens avec des spécialistes du droit, de débats organisés, de manifestations, toute initiative portant sur la Constitution monarchique de 2024 est une perte de temps qui retarde la conclusion de la lutte. N’est-ce pas la raison pour laquelle le pouvoir n’hésite pas à tolérer l’organisation des manifestations consacrées à la Constitution monarchique ? Qu’explique-t-on encore au peuple togolais lorsque tout est clair pour tout le monde et partout ? L’explication, lorsque tout est clair, embrouille.

Chers compatriotes togolaises, togolais,

Aujourd’hui, je peux dire avec assurance que la cause du peuple togolais est connue et entendue par l’Afrique et par le monde, suffisamment informée de la situation, la tragédie infernale au Togo. Notre cause est défendue par des patriotes africains dans les instances sous régionales, régionales et même internationales. Nous pouvant résister aux devoirs de reconnaissance. Je voudrais, à travers un homme, rendre un hommage mérité à tous ces patriotes panafricanistes engagés qui font ressentir au peuple togolais qu’il n’est pas un peuple orphelin dans sa longue lutte héroïque contre la plus vieille, féroce et cruelle des dictatures du continent africain, Honorable Guy Marius Sagna, digne fils d’Afrique.

À ce stade de la lutte, je voudrais vivement attirer l’attention des gouvernements africains, souverainistes et panafricanistes, sur le fait qu’au Togo, depuis 61 ans aujourd’hui, le peuple togolais martyr à affaire, lui aussi, à un terrorisme, mais un terrorisme d’une nature atypique, le terrorisme d’État, dans une grande prison à ciel ouvert. Être terroriste contre son peuple et, dans le même temps, crier au terrorisme est une vieille arme, utilisée par le régime Gnassingbé depuis 1986, quand personne ne parlait de terrorisme, du moins en Afrique de l’Ouest. C’est un fait que tout gouvernement africain, souverainiste et panafricaniste, ne doit jamais perdre de vue dans ses relations diplomatiques et économiques avec le pouvoir en place de Togo, au nom de tout ce qui nous unit et nous lie depuis des millénaires, c’est-à-dire depuis l’Antiquité dans la vallée Nile natale aux Royaumes, en passant par les empires.

L’Afrique est vaste et le Togo de Gnassingbé Faure n’est absolument pas indispensable et irremplaçable pour garantir la survie, les intérêts vitaux, l’intérêt supérieur de notre État africain frère. De nombreuses alternatives aux divers atouts contre le Togo existent, rien que dans la sous-région. Les intérêts vitaux de l’Afrique des peuples et de sa diaspora sont inclusifs et non exclusifs. Le Togo, ce n’est pas Gnassingbé Faure, c’est le peuple togolais, propriétaire des richesses du pays et soutien indéfectible de la lutte des peuples africains souverainistes et panafricanistes, y compris sur le terrain.

La participation du Parti national panafricain (PNP) aux manifestations Bamako au Mali, par laquelle trois responsables du parti furent emprisonnés par Gnassingbé Faure, les déclarations publiques condamnant les sanctions et les menaces de guerre de la CEDEAO, les réunions hebdomadaires entièrement consacrées à la lutte des peuples frères du Mali, du Niger et du Burkina Faso pour la souveraineté, ainsi que mes discours sont autant de preuves assez éloquentes.

Bien entendu, loin de nous tromper d’adversaire ou de chercher un quelconque bouc émissaire, ce soutien patriotique indéfectible du peuple togolais à la lutte des peuples africains pour la souveraineté sera renforcé. Seulement, il est clair que le peuple togolais aussi aspire à la liberté et à la souveraineté. Le Togo, ce n’est pas un port, c’est un pays. Nous sommes frustrés d’entendre depuis un certain temps parler du Togo comme d’un port tout simplement. Je voudrais rappeler que la configuration longiligne du Togo n’en fait pas un simple sentier conduisant aux fleurs.

Si entre nous, les États n’ont que des intérêts, de quelle Afrique parlons-nous ? Ne sommes-nous pas tombés dans les travers de l’impérialisme que nous combattons ? De quoi parlons-nous à la fin ? En tout cas, de tout sauf du panafricanisme. Le président Alpha Omar Konare, alors président de la Commission de l’Union africaine, qui face au coup d’État de 2005 avait élevé la voie avec beaucoup de dignité et d’engagement, donnant ainsi courage et espoir au peuple togolais, ne ferait jamais un tel deal. Le président Thomas Sankara préférerait la mort à un tel deal contre sa patrie, l’Afrique. Un tel deal ne viendrait jamais à l’esprit du président panafricaniste Modibo Keïta.

Traiter diplomatiquement et économiquement avec Gnassingbé Faure, c’est soutenir indirectement la seule et unique dictature militaire monarchique absolue de la sous-région ouest africaine. On ne construit pas les États-Unis d’Afrique libres, souverains, forts, dignes et prospères, avec des dictatures militaires monarchiques absolues. Ceci n’est pas du tout la demande, la commande de la jeunesse africaine contemporaine. Le défi aujourd’hui ne consiste-t-il pas à libérer l’Afrique en libérant les micro-états de la dictature ou de tout régime illégal et illégitime complice de l’occupant, afin de bâtir l’État fédéral d’Afrique noire, seule issue, seule rempart, face à toutes les agressions violentes et barbares dont notre continent est victime ? J’insiste et je persiste tant que le Togo, verrou d’un verrou à sauter, en vue de la libération totale et définitive de l’Afrique, ne sera pas libéré, je crains fort que ces avancées remarquables vers la liberté et la souveraineté reconquises, auxquelles nous assistons avec beaucoup d’espoir sur le continent, particulièrement dans la sous-région ouest africaine, soient réversibles à tout moment.

Non, le régime qui est le problème de l’Afrique ne peut pas être la solution pour l’Afrique. Cependant, il reste constant que la lutte de libération du Togo est avant tout une lutte du peuple togolais. C’est notre combat pour le Togo et pour l’Afrique. Dans la condition togolaise, face à la constitutionnalisation de la dictature militaire monastique absolue, devant le péril, chaque jour grandissant, et les défis existentiels posés, le libérateur du Togo est et reste le peuple togolais. Ce peuple en est parfaitement conscient. Il sait que son destin dépend de lui et de lui seul.

Chers compatriotes, togolaises, togolaises,

Le constat au lendemain de l’adoption de ce qu’il convient de désigner par la Constitution de la honte est clair et net. Un rejet total, en bloc et sans appel de la part de ce peuple qui n’a jamais élu un n’y a single pouvoir et qui est résolu à en finir avec 61 ans de dictature militaire monastique absolue extrêmement sanglante. La secousse de la fameuse cinquième République est tellement violente qu’elle cause des fissures profondes et béantes au fondement du système agonisant.

Au sein de la minorité qui n’ose pas l’avouer, l’unanimité vole en éclats. Il n’est pas du tout question de servir éternellement la même famille avec toute notre descendance. « Ne sommes-nous pas, nous aussi, togolaises et togolais ? » murmure-t-on. Le malaise est réel et palpable. On prie en secret et en silence pour la fin. Par la constitutionnalisation d’une dictature militaire monastique absolue confirmant le cercle de division de la famille Gnassingbé, Faure finit par s’isoler complètement. Désormais dévêtu de ses sept couches concentriques protectrices de toujours, la famille Gnassingbé se retrouve dans un face-à-face avec le peuple togolais dont l’unité sacrée, ironie du sort, est en face d’être définitivement scellée par la même cinquième République.

Néanmoins, il ne faut nullement compter avec les forces armées togolaises. Elles ne briseront jamais le pacte secret avec la famille Gnassingbé. Elles ne renonceront jamais à l’allégeance faite à la famille. Elles ne renieront jamais leur raison d’être, à savoir garantir éternellement le projet colonial du 27 avril 1958 contre l’indépendance, la souveraineté du 27 avril 1958. N’empêche, indiscutablement, c’est la fin des fins, comme disent les cinéphiles. Le régime est à bout et au bout. En réalité, ce régime est fini depuis le samedi 19 août 2017. Pour l’avoir constaté par eux-mêmes, les tenants savent que depuis lors, ce n’est qu’une question de temps. Un Pachyderme ne meurt pas à l’endroit même où il a reçu la flèche empoisonnée et fatale du chasseur.

Après les vaccins successifs inefficaces de 2018, mascarade législative 2019, constitution personnelle et 2020, rituel périodique de remise à neuf de la dictature, la constitution monarchique de 2024, ou la 5e République est certainement le dernier acte posé sous l’effet du poison mortel du virus 19 août.

En tout état de cause, la constitution monarchique de 2024 se révèle contre-productive. La 5e vitesse ne passe pas. C’est clair, évident. Le conducteur héritier lui-même est agacé et même affolé par le but cacophonique et strident du moteur soumis à la 5e vitesse qui ne passe pas. Il est plus qu’urgent de descendre de ce chauffeur avant qu’il ne bousille totalement le moteur de ce beau véhicule Togo volé depuis le 13 janvier 1963.

Au-delà de la massification critique remarquable de la prise de conscience vers la formation du bloc des masses togolaises fatale pour le projet de 1958, je n’ai aucun doute sur le fait que le peuple togolais va finir ce qu’il a commencé. Entière est ma confiance au peuple quant à la conclusion de la lutte des libérations.

Je rappelle tout de même ceci. Terrain virtuel, certes important en amont, les réseaux sociaux ne sauraient remplacer le terrain réel, c’est-à-dire la rue sur le territoire national et partout dans la diaspora. Déterminant, le terrain réel est le véritable théâtre de la lutte. Dans un sursaut patriotique pour tous nos martyrs, au rang desquels les otages politiques, qui meurent les uns après les autres dans les joints de la dictature, pour un Togo libre, souverain et prospère, il nous appartient, en tant que peuple, de faire de la dictature militaire monarchique absolue, constitutionnalisée, qu’ils appellent cinquième République, un mort-né, et de l’assemblée de la honte, la dernière chambre d’enregistrement, où les volontés du tyran entrent pour sortir habillés en loi.

Condamnés par le peuple togolais et par l’histoire, les députés de la dictature, ces « déshonorables », représentant uniquement la famille Gnassingbé, porteront chacun à son coup cette constitution comme un pendentif pour le restant de leur vie.

Allez, portez à vie la marque indélébile de cette sentence que vous allez prononcer contre votre propre peuple. On ne fait pas ce que vous avez fait. Vous avez agi exactement comme un groupe d’étrangers véreux et vénaux, acheté par un monarque absolu législateur, opprimant son peuple.

Encore une fois, notre problème n’est pas un problème de constitution. Alors là, pas du tout. Nous nous trouvons face à une dictature militaire monarque absolue qui cherche à s’éterniser après 61 ans pendant lesquels elle n’a cessé de faire couler la sueur, les larmes et le sang du peuple. Il s’agit de se mobiliser dans un mouvement de libération pour forcer pacifiquement Gnassingbé Faure à lâcher définitivement le pouvoir auquel il s’accroche de toutes ses forces et de toutes les âmes qui lui tombent sous la main. Contrairement aux apparences, le rapport de force est toujours en faveur du peuple en lutte. Notre force demeure le nombre pacifique. Face à la grande inondation du fait du nombre, la débandade, cette fois-ci, sera définitive.

Au lieu de rencontrer les populations pour leur parler de constitution, de droits, ce qu’elles n’attendent d’ailleurs pas de vous, dites-leur tout simplement de se préparer en vue d’un vaste et gigantesque mouvement national de libération du Togo, de la famille Gnassingbé, au plus tard fin décembre 2024.

Il ne nous reste que quatre mois. J’ai nommé, en mémoire du parti politique de Cheik Anta Diop au Sénégal, le bloc des masses togolaises, libérateurs du Togo, au plus tard fin décembre 2024, s’étend de Cinkassé à Aného, jusque dans la diaspora partout dans le monde. Le Togo libéré par le peuple togolais, la transition sans Gnassingbé Faure, à laquelle nous appelons depuis toujours, idée aujourd’hui admise partout, sera mise en place. Celle-ci après avoir libéré sans délai et sans condition tous les détenus politiques et tous les détenus arbitraires, se chargera des réformes nécessaires avant toute élection.

Vie, force et santé au Togo. Vie, force et santé à l’Afrique.

Je vous remercie.

via togoactualite.com

Source : 27Avril.com