Tillerson a rencontré Erdogan à Ankara pour tenter d’apaiser les tensions

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Le chef de la diplomatie américaine a terminé sa tournée au Moyen-Orient par une visite à Ankara, où il a rencontré Recep Tayyip Erdogan. Il espérait réchauffer les relations turco-américaines, fragilisées par l’offensive d’Ankara en Syrie.

L’entrevue a eu lieu dans un climat plus que tendu. Le chef de la diplomatie américaine Rex Tillerson a rencontré, jeudi 15 février à Ankara, le président turc Recep Tayyip Erdogan, dernière étape de sa tournée au Moyen-Orient. Objectif : apaiser des relations rendues explosives par l’offensive turque en Syrie contre une milice kurde alliée de Washington. Le secrétaire d’État doit s’entretenir vendredi avec son homologue Mevlüt Cavusoglu.

Selon des responsables turcs, le chef de l’État turc a « transmis de façon claire » au secrétaire d’État américain toutes « les attentes de la Turquie » sur la Syrie, l’Irak, mais aussi sur la longue liste de contentieux qui empoisonnent les relations entre leurs deux pays pourtant alliés au sein de l’Otan.

Un porte-parole du département d’État américain s’est borné à évoquer une « conversation fructueuse et ouverte pour permettre d’avancer de manière bénéfique aux deux pays ».

Il a espéré de « nouveaux progrès » lors de la rencontre de vendredi entre Rex Tillerson et son homologue turc Mevlüt Cavusoglu.

« Nous avons du travail »

Le chef de la diplomatie américaine n’a en revanche pas fait de déclarations. « Pas ce soir, nous avons encore du travail », a-t-il seulement répondu à des journalistes qui l’interrogeaient sur cet entretien de près de 3H30 auquel l’unique autre participant était Mevlüt Cavusoglu, qui a également joué l’interprète.

« Nos relations sont à un moment très critique. Soit nous améliorons nos relations, soit elles vont s’effondrer complètement », avait mis en garde ce dernier avant la visite.

« La discussion s’annonce difficile », avait également reconnu Washington, où l’on souligne que la « rhétorique turque » est « très enflammée », avait également reconnu Washington, soulignant que la « rhétorique turque » était « très enflammée », s’agissant des nombreux contentieux qui empoisonnent les relations entre les deux pays, pourtant alliés au sein de l’Otan.

Symbole de cette mauvaise passe : la capitale turque a décidé de rebaptiser une avenue longeant l’ambassade des États-Unis « Rameau d’olivier », du nom de l’opération militaire turque lancée le 20 janvier dans le nord de la Syrie.

La situation pourrait s’aggraver

C’est cette offensive contre l’enclave d’Afrin et les Unités de protection du peuple (YPG), qui envenime plus que jamais la situation. Ankara considère cette milice kurde comme « terroriste », mais il s’agit aussi d’un allié-clé des États-Unis dans la lutte contre le groupe État islamique (EI). Après les appels à la « retenue », Rex Tillerson a protesté, mardi, contre une opération qui « détourne » les forces antijihadistes de leur combat prioritaire.

La situation pourrait bien s’aggraver si la Turquie mettait à exécution sa menace d’avancer vers Minbej, à une centaine de kilomètres à l’est d’Afrin, également contrôlée par les YPG mais avec des militaires américains à leur côté. « Nous allons à Minbej, et s’ils sont là, tant pis pour eux », a lâché un haut responsable turc à l’AFP. « Nous n’avons pas besoin de leurs recommandations, mais de mesures concrètes sur le terrain. »

Les Américains entendaient discuter des « mesures qui peuvent être prises » face aux « inquiétudes sécuritaires légitimes » des Turcs. Mais Ankara exige que Washington rompe avec les YPG et reprenne les armes fournies à cette milice.

« Nous n’avons jamais donné d’armes lourdes aux YPG, donc il n’y en a aucune à reprendre », a rétorqué jeudi Rex Tillerson à Beyrouth, juste avant d’arriver à Ankara. Il avait auparavant prévenu que les États-Unis allaient « continuer à former des forces de sécurité locales », tout en veillant à ce qu’elles « ne représentent pas une menace » pour les « voisins ».

La crise syrienne vient s’ajouter à une longue liste de différends, notamment depuis le putsch raté de 2016 en Turquie. Washington n’a pas donné suite aux demandes d’extradition du prédicateur Fethullah Gülen, installé aux États-Unis et désigné par Ankara comme étant le cerveau de la tentative de coup d’État. Et l’arrestation d’au moins deux employés turcs des missions diplomatiques américaines en Turquie a récemment déclenché une crise des visas, dont le gel réciproque n’a pris fin qu’en décembre. Les États-Unis dénoncent, eux, l’incarcération de plusieurs Américains, dont Serkan Gölge, un scientifique de la Nasa condamné la semaine dernière à sept ans et demi de prison pour appartenance aux réseaux Gülen.

Source : www.cameroonweb.com