Au Togo, la pratique du Marketing de réseau tend à se généraliser. Pour de nombreux jeunes, c’est la bonne affaire, l’affaire du moment, dans un contexte où salariés ou non peinent à émerger et à se réaliser. Les sièges de certaines sociétés opérant dans ce secteur sont généralement bondés de monde. Le constat est clair, comme de l’eau de roche : ces structures exercent un attrait quasi-magnétique sur leur cible, la jeunesse qui se trouve être en quête d’une réussite socio-professionnelle. Pour les jeunes, le Multi Level Marketing (MLM) peut-il vraiment être la panacée ? Faut-il s’y investir avec l’espoir au bout d’un paradis ?
Le marketing de réseau : l’affaire du siècle ?
Ici comme ailleurs, se créent des compagnies de MLM. Et l’aventure est généralement très tentante. De fait, il est difficile voire quasiimpossible de ne pas lever l’option d’y adhérer. Pour la plupart éloquents, les présentateurs de ces « opportunités » maîtrisent bien leur sujet. Ils ne font pas dans les approximations.
A chacun, sa compagnie de Multi Level Marketing
Cephas Lawson-Zankli, coach formateur et auteur, professionnel du Marketing Relationnel raconte son premier contact avec l’activité: « J’ai fait connaissance avec l’industrie du Marketing de réseau en 2006 quand j’ai assisté pour la première fois à un évènement organisé par une des premières compagnies dans le secteur au Togo. J’avais été séduit par les nombreux témoignages de succès que j’ai entendus ce soir-là dans une salle de l’hôtel 2 Février à l’époque. C’était mon premier contact avec l’industrie et son mode opératoire. Plus tard en 2009, j’avais fini mes études à l’Université de Lomé et, comme tout étudiant en fin de formation, je cherchais du travail mais sans suite favorable. Je multipliais les stages qui devenaient aussi ennuyants les uns que les autres. Surtout à cause de mes nombreuses lectures (le chômage aidant j’avais du temps), je réalisais qu’un emploi n’était pas la solution idéale pour me réaliser. J’ai donc commencé à faire des recherches sur internet afin de découvrir le moyen par lequel je pouvais gagner beaucoup d’argent en fournissant le moins d’effort possible.
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Cette recherche m’a permis de découvrir deux moyens : le online marketing et le marketing de réseau. J’ai découvert qu’avec une bonne connexion internet, une bonne idée et 2h de travail par jour, de jeunes anglais, américains ou français de la vingtaine pouvaient se faire 20000 à 30000 euros par mois ; ce qui n’est pas négligeable pour un jeune togolais de 28 ans que j’étais à l’époque. Mais je me heurtais au fait qu’à l’époque, l’Afrique n’était pas du tout ouverte sur le commerce en ligne et surtout nous n’avions pas une bonne connexion internet. Alors le seul choix qui me restait, c’était le marketing de réseau.
C’est ainsi que je suis venu au MLM en 2010 en faisant mon adhésion dans ma première compagnie le 21mars 2010 ». Si c’est la quête d’un travail, sinon d’une opportunité professionnelle qui a provoqué la rencontre de Céphas avec le marketing de réseau, pour d’autres, le MLM a constitué une activité secondaire génératrice d’un supplément de revenus avant de se muer en une activité principale : c’est le parcours d’un, ex-employé de Wages, institution de Microfinance bien implantée sur le territoire togolais. De fait, au départ, il conciliait son emploi avec celui du réseauteur, surtout grâce à une compagnie qui promouvait le Stemtech, produit auquel on prête des vertus régénératrices des cellules souches humaines. Progressivement, il a tissé sa toile, développé son leadership dans le secteur et s’est imposé dans le MLM, alors devenu sa principale activité. Grâce à cette activité, il parcourt le monde et donne des conférences sur des markéting de réseau.
Une kyrielle d’opportunités
« Le MLM permet à ses membres de gagner de l’argent et beaucoup d’opportunités de voyage à l’international. Je peux l’affirmer, non seulement parce que j’ai vu tant de vies changées et transformées grâce au MLM, mais aussi et surtout parce que moi-même ma vie a changé. Les raisons de mon assurance sont qu’avec le MLM :- Vous gagnez de l’argent et parfois beaucoup d’argent.
Vous gagnez en attitude car le MLM est un champ d’expérimentation mentale. Vous aiguisez énormément votre développement personnel et vous changez totalement de vie. Vous voyez le monde autrement avec un regard positif. Une autre raison est que nos Etats n’ont plus de capacité d’absorption du chômage alors que le MLM recrute à tout moment sans interruption.
Le MLM recrute tout type d’individu
Que vous soyez homme ou femme, jeune ou vieux, malade ou en bonne santé et que vous ayez un Bac + 15 ou un Bac -5, le MLM vous offre les mêmes chances de réussite. Avec le MLM, n’importe qui peut devenir quelqu’un et ça, aucune industrie ne l’offre et c’est extraordinaire », nous confie le réseauteur Céphas Lawson-Zankli. Toutefois, ce type d’activité comporte un envers du décor, très souvent méconnu. Le MLM, un système mis en place pour arnaquer ?
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Basé sur un système de rémunération par niveau et généralement en bâtissant son propre réseau de partenaires filleuls, le marketing relationnel serait un réseau d’arnaqueurs et d’escrocs, fulminent certains, visiblement déçus par l’aventure. Au sein du système, on reconnaît que cette hypothèse ne peut être écartée dans l’absolu. Un professionnel du marketing de réseau, qui a requis l’anonymat situe ces déviances à deux niveaux :
« D’abord la compagnie du MLM peut être bonne ; mais les hommes à l’intérieur du réseau mettent en place un système pour voler leurs propres frères. « Ça, je l’ai vu ». Ensuite, « je sais que des compagnies sont également conçues pour arnaquer », raconte-t-il. Tiens, Jeunesse, QNET, Helping Hands International, Tas-Ly, ForeverLiving Products, etc. La liste des compagnies de MLM au Togo peut être rallongée à l’infini. Mais comment reconnaître la bonne compagnie? « Il faut avoir une bonne connaissance du Marketing relationnel et bien connaître la compagnie dans laquelle on s’engage. « L’ignorance de l’industrie du marketing de réseau » « tue le métier du siècle », lit-on sur le portail web d’une compagnie opérant dans ce secteur.
Il faut que la compagnie ait un produit ou un service. Si ce sont des compagnies de placement, des compagnies de jeux, et d’argent ; des compagnies où il est demandé aux gens de s’enregistrer à 2000 FCFA, 5000FCFA à charge de faire adhérer d’autres personnes aux mêmes conditions et de gagner de l’argent alors qu’il n’y a aucun produit ni service qui fait tourner la machine, le risque que ces compagnies ne durent pas longtemps est élevé. Et pour cause, « on se sert de l’argent des derniers pour payer les 1ers ».
« A un moment donné, un système pareil va s’écrouler. Ces genres de compagnies ne vont pas au-delà de deux ans, en général », révèle-t-on. Il est en outre recommandé de mener des enquêtes ou du moins, de faire des recherches sur ceux qui montent les compagnies : si ce sont des repris de justice ; des gens sous le coup d’un mandat d’arrêt, en cavale, ou expulsés d’un pays. « Les gens croient à tort que le MLM,c’est un moyen rapide de se faire de l’argent. Ils deviennent distributeurs et arnaquent leurs propres filleuls, leurs partenaires ». Mais surtout, les gens devraient se demander si la machine continuera de tourner et leur procurera un revenu, aussi modique soit-il, s’ils ne recherchent plus de prospects. Dans l’affirmative, ce serait une bonne compagnie, apprend-on. A quelques encablures du Commissariat de Police de Djidjolé sur l’avenue Pya, un immeuble abrite le Helping Hands International.
Le réseau est, dit-on, basé sur des mains qui s’entraident. L’ancrage social et humanitaire semble une de ses caractéristiques essentielles. Au-delà, c’est une organisation qui revendique un plan d’épanouissement de ses membres. C’est « le plan B parfait », claironne-t-on. L’immeuble de l’ancienne pharmacie « Lumen » à Casablanca a cédé place à une organisation de marketing dénommée « Tiens ».
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Des foules se massent devant le siège. Semble-t-il que les jeunes y ont flairé la bonne affaire. Toujours à Casablanca, l’immeuble de Forever Living Product (FLP, une des plus anciennes compagnies du MLM) est quasiment en face de la station service MRS. Au Togo, le marketing de réseau bouleverse les codes traditionnels. Les jeunes, pour la plupart, y croient. Peut-être trop naïvement. Il y a un an et demi, une polémique, très vite étouffée, avait épinglé la société QNET comme étant au cœur d’un vaste réseau d’escroquerie sur des jeunes togolais pris au piège en Côte d’Ivoire. Suite à une enquête d’un média de la place.
En mai 2017, le directeur de la société Top Potentiel International Sébastien Kossi Kpago et son épouse Désirée Solange Mappe Tagatio, directrice administrative et financière ont été écroués pour escroquerie, abus de confiance et groupement de malfaiteurs suite à des plaintes les visant. Montant estimatif du préjudice : 88 243 400 FCFA. Le système de marketing de réseau qu’ils ont mis en place et basé sur la distribution des produits Stemtech a eu du plomb dans l’aile. Dans l’un ou l’autre cas, les structures vendent des produits pour leur permettre de tourner. Quelque chose n’a donc pas marché. Et en dehors des promoteurs qui gardent bien le secret pour amasser le plus possible avant la fin de l’aventure, nul ne saurait prédire à qui le tour. Dans la plupart de ces organisations, tout semble parfait… jusqu’au jour où tout s’écroule. Comme un château de cartes, à la surprise générale.
Focus Infos No 227
Source : Togoweb.net