On le connaît déjà pour ses publications sur le budget du Togo et sa gestion. L’expert en économie, Thomas Dodji Koumou revient sur la mauvaise gestion qui est faite des ressources dont dispose le Togo. Lecture !
Bonjour à tous,
LE MINISTRE DE L’ECONOMIE SE PLAINT DE L’INSUFFISANCE DES RESSOURCES PROPRES ; CELUI DE LA SANTE NE CONSTRUIT PAS UNE NOUVELLE MORGUE ET VEUT FERMER L’ANCIENNE POUR DES TRAVAUX ; ET POURTANT !
CHANGEMENT DE BUSINESS MODEL DANS LE SECTEUR MINIER
Il y a plus de trois ans, lors d’une des conférences de Veille Economique sur la problématique de la dette publique, nous avons formulé diverses recommandations. Nous avions proposé aux gouvernants, un changement de business model dans le secteur minier afin que les populations puissent profiter des ressources issues de l’exploitation de nos ressources minières. Dans ce sens, Veille Economique a suggéré une modification radicale dans le cadre de la participation au capital social des sociétés qui opèrent dans le secteur minier. Veille Economique avait proposé, que l’état togolais porte à un niveau compris entre 30% et 50%, ces participations au capital social des sociétés qui opèrent dans les industries extractives.
Force nous a été donné de constater avec regret que, les gouvernants continuent de brader les ressources minières qui constituent les seules garanties que nos enfants possèdent, pour rembourser un jour, la colossale dette publique que ces derniers ont contracté au nom de tout un peuple. Le rapport 2015 de l’Initiative pour la Transparence dans les Industries Extractives (ITIE-TOGO), publié en décembre 2017, confirme les inquiétudes de Veille Economique. Selon ce rapport, par le biais des données de la Direction Générale des Mines et de la Géologie (DGMG), la participation de l’état du Togo dans le capital social des sociétés qui opèrent dans l’industrie extractive se présente comme suit :
– MIDNIGHT SUN (exploitation du sable de rivière et du sable lacustre à Kélégougan & lac BOKO) ; participation de l’état : 10%.
– ALZEMA (exploitation de l’or à Kaoudè dans l’assoli) ; participation de l’état : 10%.
– GRANUTOGO (exploitation du migmaétite à Amélépké dans le Zio) ; participation de l’état : 10%.
– SAD (exploitation du sable lagunaire au lac Togo à Aného) ; participation de l’état : 10%.
– STII (exploitation du sable lacustre au lac Togo à Aného) ; participation de l’état : 10%.
– WACEM (exploitation de calcaire : 96 – 167 / PR ; 2009 – 177 / PR à Tabligbo dans le Yoto) ; participation de l’état : 10%.
– SNPT (exploitation de phosphate : 97 – 068 / PR à hahotoé dans le Vo ; 97 – 069 / PR à Kpogamé dans le Zio) ; participation de l’état : 100%.
– MM MINING (exploitation de fer à Bassar) ; participation de l’état : 10%.
– SCANTOGO MINE (exploitation de calcaire à Tabligbo) ; participation de l’état : 10%.
– POMAR (exploitation de marbre à Pagala) ; participation de l’état : 10%.
Dans une note en bas de tableau, l’ITIE précise, je cite : “ selon la convention minière, l’état a droit à 10% des bénéfices”, fin de citation. Je voudrais souligner que c’est 10% du bénéfice distribuable sous forme de dividende, lorsque vous détenez 10% du capital social.
Voilà le visage de la gouvernance de notre pays. Les gouvernants amènent des sociétés étrangères pour exploiter nos gisements et décident de se contenter de 10% du capital social. C’est ni plus ni moins, une incapacité à comprendre comme il se doit, les leviers par le biais desquels le Togo peut un jour sortir de la pauvreté.
Parmi toutes ces entreprises, seules la SNPT est détenue à 100%. Nous avons dit l’essentiel sur cette société dans notre document “ le phosphate du Togo, impact sur notre économie”. Avec une telle politique menée dans les industries extractives, le Ministre de l’économie et des Finances s’étonne de l’insuffisance des ressources propres et estime que c’est la crise du 19 août 2017 qui en est la cause. Le ministre de la santé pense qu’il ne peut pas construire une nouvelle morgue avant de fermer l’ancienne pour des travaux de rénovation.
Un pays comme le Togo ne peut pas se permettre de brader ses gisements pour 17, 728 milliards de FCFA (revenu total du secteur minier pour 2015), soit 2,3% des revenus de l’état (sources : rapport 2015 de l’ITIE, décembre 2017). C’est tout simplement inacceptable.
Puisse la Divine providence veiller sur nous et marcher à nos côtés.
Thomas Dodji Nettey KOUMOU
Veille Economique
Source : www.icilome.com