Le nouveau blocage des négociations entre le pouvoir et la Coalition des 14 attise le débat au sein de la classe politique. En conférence de presse samedi à Lomé, Thomas Kokou N’soukpoe du Bloc d’Action pour le Changement (BAC) propose « un gouvernement de mission transitoire » pour une sortie définitive de la crise.
« Les acteurs politiques au dialogue n’arrivent pas à accorder leurs violons sur les compromis dont le peuple a besoin pour aller de l’avant. A l’heure où nous sommes, les deux camps au dialogue ont des points de vue divergents et le facilitateur demande à ce que chacun verse un peu de l’eau dans son vin. Étant donné que nous ne sommes pas au dialogue et nous sommes de l’opposition, nous avons organisé cette conférence pour partager ce que nous avons reçu de la part de Dieu avec les acteurs », a souligné d’entrée de jeu Thomas Kokou N’soukpoe.
Celui qui a appelé ses militants en avril 2015 « à voter Faure Gnassingbé » propose « un gouvernement de mission transitoire » pour une résolution définitive de la crise politique togolaise. Dans ce gouvernement de transition, « l’actuel chef de l’État serait toujours au pouvoir et gardera la Défense. Il y aura un Premier ministre au sein de l’opposition extraparlementaire, le ministère de la Justice, le ministère des Affaires Étrangères et de la Communication seront confiés à la Coalition des 14 partis politiques de l’opposition. Et un ministère des Affaires religieuses sera créé pour aller à la vraie réconciliation. Le ministère de l’Administration territoriale sera confiée à un parti extraparlementaire ».
Selon lui, s’exprimant au nom d’un « dieu » dont lui seul maîtrise le vocable de communication avec l’humanité, ce gouvernement de transition (qui sera formé après celui de Klassou Selom) sera composé de 7 portes-feuilles ministériels clés. « Et ce sont ces 7 porte-feuilles qui vont se pencher sur la succession de Faure Gnassingbé en 2020. Parce que nous sommes détenteurs d’une prophétie qui date de 1946. Dans cette prophétie, il est dit qu’après Faure Gnassingbé, c’est un homme de Dieu qui doit prendre le pays. Si nous voulons qu’un homme de Dieu prenne ce pays, nous n’allons pas le faire dans ce tohu-bohu », a précisé le patron du Bloc d’Action pour le Changement (BAC).
Pour lui, les acteurs politiques impliqués dans le dialogue doivent « écouter la voix de Dieu » allant à un gouvernement de mission transitoire.
Rappelons que Thomas Kokou N’soukpoe n’est pas le seul politique à chanter « le gouvernement de transition » pour sortir le pays de la crise. Djimon Oré du Front des patriotes pour la démocratie (FPD) s’inscrit dans cette logique. Sauf que pour ce dernier, il ne s’agit pas d’une révélation divine.
Toutefois, ce que ces chantres du gouvernement de transition oublient, c’est qu’il faut d’abord convaincre voire forcer le régime à quitter le pouvoir. Le gouvernement de transition (qui est tout à fait normal) ne serait que la dernière étape pour le décollage du pays vers la démocratie ou l’alternance politique. Donc, vouloir un gouvernement de transition au Togo sans forcer le régime RPT-UNIR à plier bagages, c’est mettre la charrue avant les bœufs, à en croire certains observateurs.
A. Godfrey
Source : www.icilome.com