Tchad: Idriss Déby Itno, un ‘petit mussolini’ et omniprésident

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Désormais sans Premier ministre, Idriss Déby Itno est plus que jamais le chef d’un système qui n’existe que par lui. Anatomie d’un pouvoir à plusieurs visages, mais à une seule tête.

Atmosphère solennelle ce jeudi 10 mai 2018. Sous les ors et les boiseries du palais présidentiel de N’Djamena, le gouvernement tchadien est rassemblé au grand complet pour le premier Conseil des ministres de la toute nouvelle IVe République. En bout de table, Idriss Déby Itno (IDI) préside. Depuis la veille, il n’a plus de Premier ministre, le poste ne figure plus dans la Constitution. Le dirigeant se sait à un tournant.

En près de vingt-huit années de pouvoir, il a connu seize chefs de gouvernement différents. Le voilà désormais seul, en première ligne. « Être ministre, c’est une lourde responsabilité. Soyez plus proches de la population, prenez des risques », demande IDI à son équipe. Un officiel de la présidence confie alors, optimiste, avoir vu au Conseil « des femmes et des hommes nouveaux, dans l’esprit et le comportement ».

Six mois ont passé. Le gouvernement a été remanié une première fois au bout de six semaines et une seconde, le 9 novembre. C’est ainsi?: dans le système Déby, les hommes et les femmes changent. Mais le reste?? « L’idée de la nouvelle Constitution était de mettre fin à une situation dans laquelle le Premier ministre ne gérait plus aucun dossier important et où tout était transmis au secrétariat général de la présidence », confie Jean-Bernard Padaré, qui a occupé ledit secrétariat avant de se voir attribuer, jusqu’en juin, le ministère des Infrastructures.

« Les ministres devaient s’assumer pleinement, mais pour l’instant ils ont toujours tendance à se décharger sur la présidence. La nouvelle Constitution présente l’avantage de remettre le président en contact avec le terrain, mais sa mise en œuvre n’est pas achevée », ajoute-t-il.

Visite à la Société nationale d’électricité (SNE) le 24 octobre, inspection du service des Douanes et du Trésor de Sarh le 4 octobre, échange avec les paysans de la région de Batha mi-septembre, descente à la douane de Nguéli le 17 août… Idriss Déby Itno joue à fond la carte du chef de l’État tout-terrain, omniprésent.

Le 26 octobre encore, c’est à la présidence qu’a été signé l’accord avec les fonctionnaires, qui ont accepté de suspendre leur grève jusqu’en janvier 2019.

Source : www.cameroonweb.com