Suite des scandales des grands travaux : Le contournement de la Faille d’Alédjo de nouveau en chantier après plus de 17 milliards en l’air

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Suite des scandales des grands travaux : Le contournement de la Faille d’Alédjo de nouveau en chantier après plus de 17 milliards en l’air


Samedi, 12 mai 2018. Par un après-midi ensoleillé, une balade en direction de la région septentrionale du Togo s’est imposée. L’unique voie qu’il faudrait emprunter en pareille situation est sans nul doute la Nationale N°1qui relie Lomé la capitale togolaise située sur la côte atlantique et Cinkassé, la ville de l’extrême nord qui est aussi la dernière agglomération avant le territoire burkinabé.

S’il faut reconnaitre que la grande partie de cette route est dans un état calamiteux à l’exception du tronçon Atakpamé-Aouda, il faut tout de même admettre que l’espoir de tout voyageur de gouter aux délices d’un trajet en autocar ne peut se concrétiser que sur des voies nouvellement construites à l’instar du contournement de la faille d’Alédjo. Mais surprise. Quelques centaines de mètres après le poste de péage d’Alédjo situé à la sortie nord du village d’Aléhéridè, l’on constate la présence sur la chaussée de manœuvres vêtus en chasubles fluorescents et de casques blancs. Inutile de se poser la question sur ce qui s’y passe. Une fois de plus, la route du contournement de la faille d’Aledjo est en réfection. La déviation de la circulation en direction de la route qui traverse la faille ayant occasionné un accident mortel deux jours plus tôt, la route du contournement a été réouverte mais sera à nouveau fermée à compter de ce lundi matin (14 mai), nous confia un agent sur place. Or, le 14 décembre 2015, sous prétexte que l’entreprise chinoise SNCPC devrait procéder à des travaux de maintenance qui sécuriseraient l’ouvrage en question, la voie de contournement de la faille d’Aledjo a été fermée au trafic pendant plusieurs semaines.

Les usagers avaient donc été invités à emprunter l’ancienne voie qui passe par la faille d’Aledjo. Deux ans environ après lesdits travaux de maintenance, c’est toujours la case départ. Et pourtant ! 17 milliards de FCFA seraient déjà passés par là. Quelle est donc la source de cette situation calamiteuse ? Il nous revient que l’entreprise chinoise qui avait la charge de la construction de cette route n’a pas fait les choses conformément au cahier de charges à lui confié. Mauvaise exécution, materiaux de mauvaise qualité, réalisations défectueuses sont des constats palpables. Et pour cause. Par le biais de certains artifices juridico-financiers comme le préfinancement et le gré à gré, l’entreprise contractante a assisté, impuissante, à l’usure des ressources financières qui devraient être initialement et intégralement mises à sa disposition pour la réalisation de l’ouvrage. Le silence des autorités gouvernementales dans ce scandale est l’un des faits les plus intrigants d’ailleurs. Dans les coulisses, le ministère des Infrastructures de Ninsao Gnofam et celui de l’économie et des finances dirigé à l’époque par Adji Otèth Ayassor se renvoient la responsabilité, au grand dam du contribuable et du citoyen lambda.

Pour un marché attribué gré à gré par le second, difficile au premier d’assurer le contrôle de la régularité des réalisations, murmure-t-on. Toujours est-il que la résultante de cette situation ramène le Togo au point de départ : la route du contournement n’est pas praticable. Et c’est encore une entreprise chinoise qui en assure la réfection actuellement. A qui la faute ? La politique des grands travaux que le gouvernement togolais a affirmée avoir mis en place depuis 2010 n’a connu que des séries de détournements, malversations et autres crimes économiques qui ont soit laissé des projets sur le carreau, ou les ont carrément engloutis.

Outre le cas qui est actuellement évoqué, l’on peut citer par ailleurs l’exemple de la route Lomé-Vogan, celui de la construction de la nouvelle aérogare de Lomé, sans oublier la route Atakpamé-Kpalimé. Les sommes colossales débloquées par la China Exim Bank, la BOAD et la BID sous la forme de prêts à l’Etat togolais sont en train donc d’être dilapidés dans la nature au nom de pseudo-réalisations qui n’ont pour durée de vie que l’instant de leur réalisation.

A cela s’ajoutent les ressources propres de l’Etat qui bien qu’infimes pourraient être utilisées dans les secteurs sociaux qui connaissent une forte turbulence ces derniers temps. Malheureusement, il n’existe au Togo aucune autorité apte à interpeller les fossoyeurs pour faire arrêter l’hémorragie.

Kossi Ekpé

Source : www.icilome.com