Le 7ème art togolais est toujours embryonnaire. Presque inexistant il y a plusieurs années à cause du manque de formation des acteurs et surtout du manque de volonté des pouvoirs publics, le cinéma togolais connaît aujourd’hui un début de jours glorieux.
C’est ce que disait ce jeudi sur le plateau de l’émission « Focus » de New World TV, le réalisateur togolais Steven AF, de son vrai nom Steven Afanou. Malgré les efforts qui sont faits depuis quelques années pour donner sa place au cinéma au Togo avec quelques écoles de formation privées et un début de volonté de l’autorité publique, il n’est toujours pas sorti de l’ornière.
Mieux encore, a-t-il souligné, au-delà du long mépris fait à ce secteur par la politique culturelle, le cinéaste togolais ne vit pas encore de son art. « Je n’ai jamais rentabilisé un film, je tourne toujours au déficit. Nous considérons les films que nous faisons aujourd’hui comme des expériences et des investissements à long terme. La méthode est suicidaire mais on n’a pas le choix », expliquait le réalisateur de « Solim ».
Aussi, a-t-il ajouté, il y a un manque criard de marché, les salles n’existent pas et le problème du pouvoir d’achat de la population est aussi à prendre en compte.
Pour relever les défis de ce cinéma naissant, il est temps, propose celui qui se considère comme un autodidacte dans ce domaine, que le 7ème art togolais bénéficie de plus de soutiens des pouvoirs publics à travers la mise en place d’un institut national pour former des professionnels. Selon lui, à part le statut de l’artiste, il manque encore le code du cinéma.
A cela, doit s’ajouter l’accompagnement des professionnels avec de grands moyens financiers. « Le Fonds d’aide à la culture (FAC) vient donner un souffle aux artistes qui manquent vraiment de moyens pour s’en sortir, il relève ceux qui sont à terre. J’ai bénéficié de ce fonds à trois reprises. Mais, la réalité est tout autre. Le cinéma est un secteur qui a besoin de beaucoup de fonds. Pour faire un film long métrage et compétitif, il faut des centaines de millions. Mais quand on vous donne en bas de 5 millions, cela ne suffit même pas pour les étapes préliminaires d’un long métrage. Ce fonds permet seulement aux jeunes de faire des court-métrages de qualité », a-t-il relevé.
Sans cela, on ne peut pas attendre que les cinéastes togolais reviennent au pays avec de grands prix comme l’ « étalon d’or du Yennenga » du Festival panafricain du cinéma et de télévision de Ouagadougou (FESPACO). « Au FESPACO, quand on voit les films qui sont primés, au-delà du talent et de la qualité artistique, il y a des financements énormes. Un film de 10 millions ne peut pas compétir avec un autre produit avec 200 à 500 millions, pour ne pas dire 1 milliard », a-t-il souligné.
Steven AF rappelle que le Togo est signataire de conventions internationales qui l’obligent à investir dans le cinéma à travers un fonds cinématographique.
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