Statut de Jérusalem et vote du Togo à l’Onu : L’heure des représailles !

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De New York à Jérusalem, de Djeddah à Lomé, l’onde de choc du vote surréaliste du Togo contre la résolution condamnant la reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël par Washington commence par faire ses effets. A Lomé, passé l’euphorie, l’heure est à la plus grande inquiétude. Membre de l’organisation de la Conférence islamique depuis plusieurs années, le Togo est sur le point de faire face à la colère des pays arabes. Et ces derniers ont décidé de frapper au porte-monnaie.

Statut de Jérusalem et vote du Togo à l’Onu : L’heure des représailles !

Selon des sources concordantes, la BID (Banque islamique de développement) dont le Togo est membre depuis 1998 a transmis un courrier aux autorités togolaises les informant de l’arrêt de tous les projets validés qui devraient démarrer en 2018. Dans les différents ministères concernés par ces projets, c’est la panique. Depuis 1998, date de son adhésion, le Togo a bénéficié de la BID de plus de 233, 7 millions de USD repartis en plusieurs projets, notamment en infrastructures, santé, éducation, etc. qui sont directement menacés par cette suspension. Il y a :

  • le Projet de réhabilitation de la route Avépozo-Aneho, d’un coût de 56, 7 milliards FCFA avec une composante consacrée à l’érosion côtière;
  • le Projet d’appui à l’enseignement supérieur en science et en ingénierie exécuté dans les deux universités publiques du Togo d’un coût de 9, 9 millions d’euros soit 5, 9 milliards de francs CFA validé en mai 2017;
  • un accord de financement de 194 millions USD ( 97 milliards francs cfa ) validé en octobre 2015 à Lima au Pérou destiné à financer des projets dans le secteur des routes, de l’éducation et de l’énergie. Une partie de ce fond permettra la rénovation de la route Katchamba-Sadori (60 km) sur la Nationale N°17 et le bitumage du tronçon Katchamba-Nali (30 km) ainsi que la réhabilitation de la RN 17 qui relie les régions des Savanes, Centrales et Kara.

La suspension des projets financés par la BID en représailles à la position du Togo sur le statut de Jérusalem pourrait faire des émules.

Selon des analystes, d’autres fonds arabes qui investissent dans notre pays, à savoir la BADEA (Banque arabe pour le développement économique en Afrique) , le Fonds Koweïtien et le Fonds Saoudien pourraient, à leur tour, suspendre leurs financements en instance d’exécution. Par exemple :

  • La BADEA a accordé au Togo un financement de 9 millions de USD pour l’aménagement de la plaine de l’Oti (Nord-Togo),
  • Le Fonds Koweïtien, 8 milliards F CFA pour le FNFI avec une composante dans l’agriculture,
  • Le Fonds Saoudien, 13 millions de dollars, soit 6, 5 milliards pour la réhabilitation du Tronçon Kpalimé-Atakpamé.

Voilà les énormes dégâts provoqués par la position incongrue du Togo sur la question du statut de Jérusalem. Un vote en faveur d’Israël, un État dont on peine à voir les réalisations au Togo, si ce n’est le pillage en silence des phosphates ou la sécurité personnelle de Faure Gnassingbé à travers la vente à notre pays de matériel militaire et d’écoute très onéreux.

Pour un pays sous perfusion internationale et dont l’économie est de plus en plus étouffée par la crise politique, l’annonce de la suspension des financements de la BID et probablement d’autres fonds arabes fait l’effet d’une panique générale. Plusieurs promesses de Faure Gnassingbé risquent de ne pas être réalisées et le choc pour l’économie du pays pourrait être catastrophique. Alors, sans honte aucune, ceux qui ont fait le choix de se mettre du côté des Israéliens sans imaginer un seul instant les conséquences de leur vote, s’apprêtent à rallier Djeddah en Arabie Saoudite pour supplier les pays arabes.

Une délégation de haut niveau est sur le point de s’envoler pour une tournée dans ces pays dans les heures qui suivent. Contacté par un confrère au sujet de la lettre de suspension des financements transmise au gouvernement togolais par la BID, le ministre des Infrastructures et des Transports Ninsao Gnofam, très embarrassé, a renvoyé son interlocuteur vers son collègue de l’Économie et des Finances qui est resté injoignable.

Le pilotage à vue du Togo par Faure Gnassingbé depuis 15 ans sur fond de corruption et de détournement dans tous les secteurs n’en finit pas de faire des dégâts. Il urge, au regard des dégâts en perspective, que la société civile et les élus du peuple interpellent les autorités sur les motivations qui ont conduit à ce vote scandaleux et catastrophique à l’ONU le 21 décembre 2017

Source : L’Alternative No.673 du 19 janvier 2018

27Avril.com