Start-up africaine de la semaine : Nappyme, la coiffure afro à domicile

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La coupe afro de son choix, faite à domicile par des coiffeuses travaillant à leur compte et dont les soins sont notés par les internautes, tel est le concept de l’application Nappyme, qui depuis six mois cherche à se faire une place au croisement du mouvement « pro cheveux naturels » et des données mobiles.

L’application, développée par trois associés depuis mi-2016, permet de croiser la coupe voulue — des tresses, des nattes,  des vanilles, des locks, des piqués-lâchés, des chignons — avec l’adresse et le jour souhaités.

Et les résultats de Nappyme — contraction de Natural and Happy — donnent raison au constat simplissime d’Ange Bouable, le fondateur. Pour le jeune codeur, la vingtaine, « à Paris, dans les quartiers de Château d’eau et de Château rouge, les femmes qui veulent se faire coiffer galèrent vraiment », dit-il. Hyperconcurrence entre les dizaines de salons, travail illégal, gérants de paille… La piètre réputation du quartier de la coupe afro dans le nord-est de la capitale française n’est plus à faire.

Ceci peut expliquer la forte demande que connaît Nappyme. En janvier 2016, une seule homepage sommaire et un contact avaient été mis en ligne pour tester l’appétit des internautes. Bonne pioche : elle est alors partagée 3 000 fois en un mois sur les réseaux sociaux. « Les trois premiers mois, nous avons reçu 5 000 mails nous disant ‘je veux être coiffeuse’ », raconte celui qui est passé par une école d’informatique en France après une jeunesse dans le quartier de Yopougon, à Abidjan.

150 000 usagers à Paris sont visés, avant éventuellement de s’étendre au-delà

Décision est alors prise de développer une plateforme à part entière en mai 2016. Depuis, le fondateur compte 27 000 inscrits et recense 4 000 coiffures réalisées.

« Je trouve le service très original et bénéfique des deux côtés. La cliente ne se déplace que si elle le souhaite car elle peut se faire bichonner à domicile, et la coiffeuse trouve des clientes assez facilement », témoigne l’une des coiffeuses qui opèrent via l’application. Cette dernière, qui a répondu à Jeune Afrique anonymement, explique réaliser entre 10 et 14 coupes par mois. Ce qui lui assure en moyenne un revenu de 700 euros bienvenu pour lui permettre de poursuivre ses études parallèlement.

L’équipe fondatrice se montre discrète sur ses coûts, de l’ordre de plusieurs dizaines de milliers d’euros jusqu’à présent. La jeune société a pu y faire face grâce à un mélange d’apports personnels et externes. Il en va de même de ses développements en cours, effectués depuis un incubateur parisien où plusieurs jeunes pousses de l’entrepreneuriat africain se sont regroupées (avec Afrostream ou Afrikrea par exemple). 150 000 usagers à Paris sont visés dans un premier temps, avant éventuellement de s’étendre au-delà.

Un objectif louable, mais encore faudra-t-il se démarquer de la concurrence, à l’instar de Ma Coiffeuse Afro qui offre des services similaires portés par la mode du Nappy dont « Instagram, Facebook et YouTube sont des miroirs » commente Ange Bouable.

Cela passe par le recrutement de nouveaux coiffeurs — ils sont une centaine, exclusivement des femmes pour l’heure. Elles sont toutes recrutées par l’équipe fondatrice, qui vérifie leurs compétences. Une fois en selle, une coiffure de plusieurs heures est en moyenne facturée 50 euros par les coiffeurs, dont Nappyme perçoit 10%

La société compte six actionnaires et ne veut pas s’arrêter en si bon chemin. Ange Bouable et ses deux cofondateurs, Teddy Evrard Batome, à l’origine de plusieurs applications mobiles telles que Movment App (facilitateur de création d’applications mobiles) ou encore Clubr (trouver des boîtes de nuit à proximité), et Angemond Raggi, consultant spécialiste du logiciel de gestion SAP, recherchent actuellement de nouveaux investisseurs.

Jeune Afrique