Depuis bientôt un an, Diambars Mobile s’efforce de lutter contre les pénuries de sang dans les structures sanitaires du Sénégal via la plateforme digitale Hope.
« Lors d’une discussion avec un médecin travaillant au Centre national de transfusion sanguine de Dakar, celui-ci nous avait relaté la situation de pénurie alarmante à laquelle avait été, une fois, confronté le centre », raconte le Sénégalais Jean-Luc Semedo, l’un des co-créateurs de Hope avec la Camerounaise Évelyne Inès Ntonga. « Il avait alors fait appel à toute la population afin qu’elle vienne donner du sang et ainsi sauver de nombreuses vies humaines dans les hôpitaux ».
Voilà comment a germé dans la tête des deux fondateurs l’idée de créer en 2015 Hope, une plateforme digitale de don du sang portée par la start-up Diambars Mobile. Si Hope est en activité depuis mars 2016, le site web et l’application ont été effectivement lancés en septembre dernier.
Au Sénégal, les structures sanitaires sont régulièrement confrontées à des pénuries de sang. Les deux jeunes ingénieurs spécialisés en conception en informatique, formés à l’École supérieure multinationale des télécommunications (ESMT) de Dakar, se sont alors résolus à parier sur l’essor du mobile pour apporter leur contribution à la lutte contre cette situation.
« Vu notre formation, nous voulions mettre nos compétences au service du don du sang et ainsi aider à réduire le taux de mortalité maternelle et infantile lié au manque de sang, expliquent-ils. En effet, 65% des transfusions sanguines sont administrées à des enfants de moins de cinq ans dans les pays à faible revenu. Dans le monde, chaque minute, une femme meurt en donnant la vie. Les femmes et les enfants sont donc les principales cibles confrontées à un besoin de sang pour vivre ».
Autonomie en produits sanguins
Pour concrétiser Hope, les deux entrepreneurs installent directement leur plateforme dans les différentes structures de transfusion sanguine de la capitale sénégalaise. Tout est mis à profit : SMS, appels vocaux dans les principales langues nationales locales (wolof, pulaar, sérère, diola,…), applications mobiles, site internet, réseaux sociaux…
Après avoir effectué un don du sang, les volontaires reçoivent des messages de remerciement et des rappels, trois ou quatre mois plus tard. « En cas de besoin urgent d’un groupe sanguin spécifique et rare, des messages sont diffusés en direction des personnes du groupe sanguin en question afin d’optimiser et de maximiser les chances d’avoir des donneurs compatibles », expliquent les fondateurs.
Aujourd’hui, le réseau des donneurs de Hope compte, selon ses promoteurs, près de 30 000 personnes, tandis que la plateforme enregistre 90 000 abonnés sur Facebook et plus de 230 000 sur Twitter, « ce qui nous permet de passer outre les frontières et générer beaucoup plus d’impact », ajoute la co-fondatrice Évelyne Inès Ntonga.
L’équipe vise un objectif de 140 000 donneurs à enrôler dans les deux prochaines années. Avec ce nombre, le Sénégal atteindrait le minimum de donneurs requis pour que le pays puisse faire face à ses besoins en produits sanguins, rêvent les deux compères.
L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) fixe la norme à 10 dons pour un millier d’habitants pour assurer l’autonomie d’un pays en produits sanguins. Toutefois, les contraintes ne manquent pas, liées à la collaboration des autorités sanitaires, selon les créateurs de Hope.
« Noble projet »
En plus des trois personnes qui forment le noyau de l’équipe, Hope dispose d’un large réseau de 70 bénévoles à travers les sept régions du Sénégal.
Comment parvient-elle à financer ses activités de fonctionnement ? « Notre modèle économique repose principalement sur les redevances mensuelles qui nous sont reversées par les banques de sang et hôpitaux partenaires utilisant notre plateforme pour la gestion et la fidélisation des donneurs », détaille Évelyne Inès Ntonga.
La jeune start-up accompagne également les entreprises et organisations dans le déploiement de programmes de sensibilisation et l’organisation de campagnes de don du sang à travers tout le pays. Mais Hope peut également compter sur ses deux principaux partenaires financiers que sont Tigo, le deuxième opérateur de téléphonie mobile au Sénégal, et l’ONG suédoise Reach For Change.
« Ce sont des partenaires qui ont très tôt vu en Hope un projet à fort impact social », se réjouit Évelyne Inès Ntonga. De même, la marque de pâtisserie française La Marquise accompagne Hope dans toutes ses tournées de don du sang et de sensibilisation via, par exemple, la distribution de croissants aux participants.
Il n’empêche. Les promoteurs expliquent être à la recherche de nouveaux partenaires afin de pouvoir faire de ce « noble projet » une référence dans la lutte contre la mortalité maternelle et infantile au Sénégal et dans la sous-région. « Nous recevons régulièrement des messages d’encouragement et de soutien, provenant de plusieurs pays », racontent-ils.
Pour ce faire, il faudra, à l’évidence, davantage de moyens financiers et techniques et de ressources humaines. Raison pour laquelle la start-up envisage une levée de fonds à la fin de l’année.
Jeune Afrique