Mise en service en mars 2016, Doctix veut faire du calvaire des patients maliens en attente d’une simple consultation médicale, un vieux souvenir.
« Je me suis rendu compte que les patients passent énormément de temps au cabinet du médecin, souvent 4 à 5 heures pour une consultation de 15 à 20 minutes. En 2017 cela est inadmissible ! D’où l’idée de créer une plateforme via laquelle les patients peuvent prendre rendez-vous avec leurs médecins et gagner du temps », explique Tidiane Ball. Ce jeune médecin et entrepreneur malien a décidé de se lancer, en mars 2016, dans l’aventure Doctix, une start-up spécialisée dans la prise de rendez-vous médicaux en ligne, grâce à une subvention de 25 000 dollars américains provenant de son partenaire financier, le US African development foundation (USADF).
Le procédé est simple : grâce à son smartphone ou à son ordinateur, le patient se connecte à la plateforme www.doctix.net et clique sur le bouton » Prenez rendez-vous », pour consulter la liste des médecins partenaires de Doctix, et leurs spécialités. Puis, il sélectionne le spécialiste de son choix, avant d’être redirigé vers la page de celui-ci, où figurent son CV, ses horaires et tarifs de consultations, ainsi que les témoignages de ses patients.
Le rendez-vous confirmé au patient par SMS
Si le médecin lui convient, il prend rendez-vous en renseignant ses informations personnelles (nom, prénom, motif de la consultation….). Le médecin reçoit ensuite un sms lui indiquant que tel patient veut prendre un rendez-vous à telles date et heure. En retour, le patient reçoit un sms de confirmation.
«Les médecins ont du mal à organiser leur planning de consultation car ils n’ont pas de système de prise de rendez-vous. Doctix résout à la fois ces deux problèmes », indique le créateur de la plateforme. Pour se rémunérer, la start-up prélève 10% des frais de consultation du médecin.
Un succès auprès de la profession médicale
Trois mois seulement après son lancement, il y a un peu plus d’un an, cette offre de services a rencontré un certain succès auprès de la profession médicale. « Après trois mois d’activité, une soixantaine de médecins s’étaient déjà inscrits sur la plateforme ainsi que 30 cliniques partenaires », se souvient Tidiane Ball.
« C’est une très belle initiative, qui rapproche davantage les patients des services de santé », se réjouit pour sa part le Dr Abdoul Aziz Baby, qui utilise la plateforme. Du côté des usagers, on semble apprécier les bienfaits de ce service. « J’apprécie beaucoup Doctix pour avoir pris rendez-vous pour ma femme. On n’a pas fait la file d’attente habituelle. Le médecin nous a reçus immédiatement dès notre arrivée à la clinique » raconte Baba Diaby, un usager.
Un partenariat avec l’ordre des médecins du Mali
Mais les contraintes ne manquent pas, du fait de la nouveauté de l’offre. « Il faut assez de communication et du temps pour que cela rentre dans le quotidien de nos populations », estime le fondateur et unique actionnaire de la start-up, qui emploie quatre personnes à plein temps rémunérées entre 60 000 et 100 000 F CFA.
Outre son partenaire financier, l’USADF, Doctix développe aussi un partenariat institutionnel avec l’Ordre des médecins du Mali, et un partenariat commercial avec les cliniques privées du pays. Si la jeune pousse ne bénéficie pas encore de l’appui d’un mentor dédié, son initiateur se déclare toutefois « ouvert à toute personne qui pourra m’apporter quelque chose ».
À 31 ans, Tidiane Ball affiche déjà un riche pedigree en matière de créations de projets dans les nouvelles technologies. Et pour cause, il est titulaire d’un doctorat en médecine, avec une spécialisation en informatique médicale. Il fonde en 2009, le site web www.malisante.net, un portail d’informations médicales et annuaire des professionnels de la santé du Mali. Il a aussi co-fondé en janvier 2015 à Bamako, DoniLab, un espace de co-working et incubateur de start-up.
L’entrepreneur récompensé par un prix
Sa passion et son expertise ont fini par payer et être reconnues en 2015 par le prix Fund of Internet Research and Education (Fire) décerné par Afrinic, et plus récemment, en avril dernier à Montréal, par le Prix de la mobilité internationale. Cette récompense en terre québécoise « a permis à Doctix de s’étendre dans d’autres pays lors de la grande rencontre des entrepreneurs du monde francophone », explique celui qui a participé en 2016 au programme Mandela Washington Fellowship de l’ancien chef de l’État américain Barack Obama.
Aujourd’hui, la plateforme Doctix enregistre quotidiennement cinq prises de rendez-vous. L’objectif est d’arriver à 20 d’ici à la fin de l’année (soit un chiffre d’affaires de 10 millions de FCFA), et à 100 prises de rendez-vous la 3e année, (soit 36 millions de F CFA de chiffre d’affaires), escompte le promoteur. L’autre grande ambition dans le viseur de Tidiane Ball est de pouvoir s’étendre, d’ici cinq ans, dans cinq pays de la sous-région ouest-africaine : Côte d’Ivoire, Sénégal, Burkina, Ghana et Guinée.
Jeune Afrique