Spéculations après la mort violente d’un Togolais de la diaspora allemande à Lomé. Que s’est-il vraiment passé?

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Akakpo Konou Akouété Louis

Depuis une semaine au moins un enregistrement audio en mina, accompagné d’une photo d’un homme, circule sur la messagerie whatsapp. L’information véhiculée par l’audio fait froid dans le dos, car il s’agit de mort violente d’un citoyen togolais. Les circonstances qui auraient précédé le décès brutal et inattendu de notre compatriote de la diaspora allemande en séjour au pays, font peur et provoquent l’indignation; surtout quand on se rappelle du climat politique délétère qui prévaut au Togo depuis plusieurs décennies, et surtout de la persécution des opposants, particulièrement ceux de la diaspora, taxés de très hostiles au pouvoir en place.

Cependant, malgré la dictature que nous dénonçons, malgré les nombreuses violations des droits de l’homme à mettre à l’actif du régime Gnassingbé, faut-il pour autant verser dans l’amalgame, jusqu’à tordre le cou à la vérité, à l’information vraie? Faut-il poser des actes qui pourraient desservir les nobles causes de la vraie opposition togolaise? C’est donc pour éviter que des contre-vérités, suscitées par des passions inévitables dues à la situation politique de notre pays, ne prennent le dessus, que nous avons décidé d’enquêter ici en Allemagne, auprès des compatriotes qui ont connu de près notre frère aujourd’hui disparu, et qui seraient au courant de son déplacement vers le Togo et des vraies circonstances dans lesquelles il a trouvé la mort pendant son séjour.

La victime s’appelerait Akakpo Konou Akouété Louis et serait arrivée en Allemagne en 2003. Notre compatriote vivait dans la région de Düsseldorf dans la Rhénanie-du-nord-westphalie (Nordrhein-Westfalen), où il aurait travaillé à ses débuts dans une boîte de nuit dans la ville de Duisbourg comme agent de sécurité. En mourant, il laisse derrière sa famille au Togo et une compagne allemande avec laquelle il aurait un enfant. D’après toujours nos recherches auprès des amis, surtout auprès de ceux qui connaissaient Akakpo Konou et sa famille au pays, et vivaient dans la même région que lui, il serait très peu probable que la version circulant sur les réseaux sociaux soit la vraie.

En effet, l’information selon laquelle le malheureux, à sa descente d’avion à l’aéroport de Lomé, aurait proféré des propos hostiles au chef de l’état togolais Faure Gnassingbé, et aurait été suivi pour cela jusqu’à son domicile par des miliciens ou agents du pouvoir pour être battu à mort, n’a pas été confirmée au cours de notre enquête auprès des Togolais de la diaspora allemande qui ont connu la victime, et que nous avons interrogés. Toutefois, plusieurs témoignages venant de différentes sources que nous avons contactées sont unanimes pour reconnaître que feu Akakpo Konou serait mort suite à une violence disproportionnée exercée sur sa personne par des éléments des forces de l’ordre togolaises. Comment en est-on arrivé à ce drame?

Notre défunt compatriote de la diaspora allemande souffrirait de troubles mentaux qui surviennent de façon sporadique à des périodes inattendues. Et ce serait une de ces crises mentales qui influent négativement sur la raison, dont il aurait été victime dans l’appartement loué pendant son séjour à Lomé. Ne pouvant donc plus se contrôler, il aurait commencé à saccager mobiliers et autres biens autour de lui dans la villa. Les voisins et les riverains, ne pouvant pas le maîtriser, auraient fait appel, comme cela se passe dans tous les pays du monde, à la police; bref aux forces de l’ordre. Arrivées sur les lieux, celles-ci, confrontées à la résistance du surmené qui était d’un gabarit impressionnant, auraient à leur tour fait appel à du renfort. À quel corps les éléments appelés en renfort appartiennent-ils? À la gendarmerie? À l’armée? Nos contacts interrogés n’avaient pas pu répondre avec certitude à cette question. Toujours est-il que les forces de sécurité, face à la résistance de leur client du jour, et sans tenir compte de son état anormal, n’avaient pas fait dans la dentelle et l’auraient violemment frappé. Épuisé par la violence exercée sur sa personne, Akakpo Konou s’écroule et est tansporté à l’hôpital pour des soins. Quelques jours après il rend l’âme.

Voilà brièvement racontée la triste histoire d’un citoyen togolais de la diaspora européenne parti au pays pour visiter sa famille, et qui ne reviendra plus. Nos forces de sécurité au Togo sont le plus souvent accusées de confondre les méthodes utilisées pour le maintien d’ordre, pour maîtriser une personne, avec la répression violente. Et l’impunité dont jouissent les brebis galeuses au sein de la police ou de l’armée togolaise qui continuent à faire tant de victimes, que ce soit sur le plan des répressions politiques, du maintien d’ordre ou du comportement disproportionné face à tout citoyen en conflit avec la loi, laisse malheureusement la voie ouverte à la perpétuation de commissions de violations des droits du citoyen et de l’homme.

Que notre compatriote Akakpo Konou Akouété Louis repose en paix. Nos condoléances les plus attristées à sa famille et à tous ceux qui l’ont connu! Les autorités togolaises chargées de la sécurité ont le devoir de revenir sur l’intervention de la police et sur les circonstances qui ont conduit à sa mort. La vie humaine étant sacrée, il devrait être mis fin au Togo à cette mentalité, malheureusement répandue depuis plusieurs décennies, selon laquelle on a l’impression que le policier, le gendarme ou le militaire disposerait du droit de vie et de mort sur les autres citoyens.

Samari Tchadjobo
Allemagne

Source : 27Avril.com